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Al-Qaïda confirme la mort de son chef Ben Laden

Le sang de Ben Laden "ne sera pas perdu", affirme aussi Al Qaïda en promettant des actes de vengeance. [Naseer Ahmed]
Le sang de Ben Laden "ne sera pas perdu", affirme aussi Al- Qaïda en promettant des actes de vengeance. - [Naseer Ahmed]
Al-Qaïda a confirmé pour la première fois la mort de son chef Oussama Ben Laden, dans une déclaration publiée vendredi sur des sites Internet islamistes. Le président Barack Obama a par ailleurs clôturé vendredi "une semaine historique" pour les Etats-Unis avec la décoration des commandos américains qui ont "décapité" Al-Qaïda.

Le sang de Ben Laden "ne sera pas perdu", affirme aussi Al Qaïda en ajoutant que le réseau terroriste continuerait de s'en prendre aux Etats-Unis et leurs alliés. Et de s'engager encore à poursuivre le jihad, la guerre sainte. Al-Qaïda diffusera par ailleurs un message enregistré une semaine avant la mort de son chef.

"Le cheikh combattant (...) Abou Abdallah, Oussama Ben Mohamed Ben Laden a été tué (...) par les balles de la trahison et de l'apostasie", écrit le réseau extrémiste dans son communiqué, signé du commandement général d'Al-Qaïda et daté de mardi, deux jours après la mort du fondateur de l'organisation.

"Si les Américains ont pu tuer Oussama, on n'a pas à avoir honte (...), mais est-ce que les Américains sauront par leurs médias, leurs agents, leurs équipements, leurs militaires, leurs services de renseignement et leurs services tuer ce à quoi cheikh Oussama a consacré sa vie?", ajoute le texte.

Dans son communiqué, le commandement s'engage à "poursuivre sur la voie du jihad, tracé par nos dirigeants et à leur tête cheikh Oussama, sans hésitation ou réticence". "Nous ne nous écarterons pas de cette voie (...) jusqu'à la victoire ou la mort", soulignent les auteurs du texte.

Oussama Ben Laden a été tué dans la nuit de samedi à dimanche par un commando des forces spéciales américaines dans sa résidence d'Abbottabad, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale pakistanaise Islamabad. (Lire Ben Laden était armé au moment de sa capture).

Parallèlement, le président Barack Obama a clôturé vendredi "une semaine historique" pour les Etats-Unis avec la décoration des membres du commando américain Navy Seal qui ont, en abattant Oussama Ben Laden il y a cinq jours au Pakistan, "décapité" Al-Qaïda

Manifestations en Egypte

Parallèlement, quelque 300 islamistes manifestaient vendredi au Caire pour dénoncer la mort du chef d'Al-Qaïda, selon un journaliste de l'AFP sur place. Ils portaient une banderole sur laquelle figure un portrait de Ben Laden avec l'inscription "Oussama Ben Laden est le symbole du jihad".

Les manifestants lançaient également des slogans comme "Obama, le terroriste, n'est pas Oussama" ou "Obama, le sang d'Oussama n'a pas coulé en vain", en allusion au président américain Barack Obama.

Ils scandaient également "nous sacrifierons notre sang et notre âme pour le cheikh", en référence à Ben Laden, et lançaient des slogans antisémites. Un homme portait sur ses vêtements l'inscription "Nous sommes tous Ben Laden". "La mort de Ben Laden ne va pas affecter Al-Qaïda, tout comme la mort du Prophète (Mahomet) n'a pas mis fin à l'islam", a affirmé ce manifestant, s'identifiant comme Abou Muawiya, 37 ans.

Les manifestants se sont rassemblés devant une mosquée fréquentée par les salafistes, un mouvement fondamentaliste. Une centaine de policiers anti-émeutes et de soldats de la police militaire étaient présents à proximité. Une partie d'entre eux a affirmé vouloir se rendre devant l'ambassade américaine, située à une heure environ de marche de la mosquée.

Rassemblement en Turquie

Environ 200 personnes ont manifesté vendredi à Istanbul contre les Etats-Unis et pour dénoncer la mort du chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden. Les manifestants, réunis devant la mosquée Fatih à la fin de la prière du vendredi, portaient une banderole sur laquelle on pouvait lire: "Etats-Unis terroristes, Oussama mujahid" (combattant). Réunis à l'appel du journal islamiste Milli Gazete, ils ont brandi des portraits de Ben Laden et des photos montrant notamment des soldats américains fouillant des femmes, en Irak. Aucun incident n'avait été constaté lors de ce rassemblement, en début d'après-midi.

Protestations et morts au Pakistan

Des drones de la CIA ont tué vendredi huit insurgés islamistes dans le nord-ouest du Pakistan, mais les manifestations contre Washington n'ont pas rassemblé les grandes foules.

L'attaque de ces avions sans pilote s'est produite à Datta Khel, dans le district tribal du Waziristan du Nord, bastion des talibans pakistanais et où la CIA vise régulièrement Al-Qaïda et les talibans afghans.

"Un bâtiment et un véhicule ont été visés par des drones américains et huit insurgés ont été tués", a déclaré par téléphone à l'AFP un haut responsable militaire pakistanais, sous couvert de l'anonymat. "Huit missiles ont été tirés", a-t-il précisé.

A Abbottabad, la ville-garnison d'un million d'habitants où le commando américain a éliminé dans la nuit de dimanche à lundi le chef d'Al-Qaïda, un millier d'hommes ont davantage vitupéré contre les Etats-Unis que célébré Ben Laden. "Mort à l'Amérique !" scandaient les manifestants au centre ville, loin du quartier périphérique où le chef d'Al-Qaïda avait élu domicile.

Dans toutes les grandes villes du pays, divers partis fondamentalistes, dont le principal, le Jamaat-e-Islami (JI), avaient appelé à manifester, essentiellement pour condamner l'"agression" américaine et la violation de la souveraineté du Pakistan.

Déclaration des talibans

La mort d'Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda tué dimanche par un commando américain au Pakistan, donnera un "nouvel élan" au combat contre les "envahisseurs" en Afghanistan, ont affirmé les insurgés talibans afghans dans une déclaration publiée vendredi.

Il s'agit de la première réaction des talibans afghans admettant le fait que Ben Laden est mort.Auparavant, les talibans afghans avaient jugé mardi "prématuré" de réagir à l'annonce de la mort de Ben Laden, dans la mesure où son organisation Al-Qaïda ne l'avait pas elle-même confirmée, ce qui a été fait vendredi.

Dans leur message, les talibans afghans recommandent aux pays occidentaux de "ne pas se complaire dans l'optimisme" déclenché par la disparition de Ben Laden.

agences/olhor


L'ONU DEMANDE LA DIVULGATION DES FAITS

Les Etats-Unis "doivent divulguer les faits" autour de la mort d'Oussama Ben Laden pour permettre "leur évaluation selon les critères de la législation internationale en matière de droits de l'Homme" et en raison du "précédent" qu'ils pourraient constituer, indiquent vendredi deux experts de l'ONU.

Dans un communiqué, le Rapporteur de l'ONU sur les exécutions arbitraires et sommaires, Christof Heyns, et le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, Martin Scheinin, estiment qu'il "sera particulièrement important de savoir" si le plan de l'opération américaine dans laquelle a été tué le chef d'Al-Qaïda "envisageait la tentative" de sa capture.

"Les actes de terrorisme sont l'antithèse des droits de l'Homme en particulier le droit à la vie" dit le communiqué. "Dans certains cas exceptionnels en accord avec les critères de droit international, l'usage de la force létale peut être autorisé en dernier recours pour protéger la vie, y compris dans des opérations contre des terroristes" notent les experts.

Mais, ajoutent-ils, "la norme devrait être que les terroristes soient traités comme des criminels à travers un processus légal". "Les actions menées par les Etats dans la lutte contre le terrorisme, spécialement dans des cas notoires, établissent un précédent sur la manière dans laquelle le droit à la vie sera traité dans des circonstances ultérieures", relève le communiqué.

"Il est possible, concluent-ils, que les questions soulevées par l'opération seront éclaircies, mais il est important que cela soit fait ouvertement".

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