Seize manifestants ont été tués à Homs, troisième ville du pays située à 160 km au nord de Damas, quand les forces de sécurité ont tiré sur une manifestation alors que le défilé arrivait à Bab Dreib, dans le centre-ville, selon un militant des droits de l'Homme sur place
Selon lui, les forces de sécurité ont tiré sur l'une des manifestations qui ont eu lieu à Homs, lorsqu'elle est arrivée à Bab Dreib, dans le centre ville. Cette version et ce bilan ont été confirmés par deux autres militants des droits de l'homme de Homs.
Selon Najati Tayara, "des dizaines de personnes ont été arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi dans plusieurs quartiers". A Hama, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants, tuant six d'entre eux, a rapporté un militant des droits de l'homme.
Un manifestant a été tué à Lattaquié, premier port de Syrie, et trois ont été blessés, selon l'observatoire syrien des droits de l'Homme. A Jablah, à quelques dizaines de kilomètres plus au sud le long de la côte, deux autre personnes ont succombé à leurs blessures, selon des militants.
De leur côté, les autorités ont annoncé la mort de 10 soldats et policiers dans une attaque "terroriste" à Homs, importante cité industrielle à 160 km au nord de la capitale.
Interpellation d'une figure de l'opposition
A Damas, Riad Seif, grande figure de l'opposition syrienne, "a été interpellé après la prière du vendredi à proximité de la mosquée al-Hassan, dans le quartier Midane", a déclaré le président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahmane.
Une manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes avait eu lieu à la sortie de la mosquée. Plusieurs manifestations Riad Seif, 64 ans, a purgé une peine de deux ans et demi de prison entre janvier 2008 et juillet 2010 pour avoir appelé à la démocratie.
Il fait partie des 12 opposants qui avaient signé la "Déclaration de Damas", appelant à un changement démocratique en Syrie. En 2001, il avait déjà été condamné à cinq ans de prison sous l'accusation d'avoir voulu "changer la Constitution d'une manière illégale".
Dans le nord, des manifestations ont rassemblé au total 9000 personnes à Qamishli, Amouda et Derbasiyeé, trois localités à majorité kurde, selon un militant politique kurde, Hassan Berro. Par ailleurs, 2500 personnes ont manifesté à Banias, sur la côte méditerranéenne, et d'autres ont défilé à Kafar Noubol, Deir Ezzor et Al Bukamal, une localité frontalière avec l'Irak, selon un militant des droits de l'Homme.
Appel à manifester
A Saqba, près de Damas, des milliers de personnes ont également manifesté en réclamant la chute du régime et la libération des prisonniers politiques. Jeudi, 300 personnes avaient été arrêtées dans cette localité.
Un appel avait été lancé pour faire de ce vendredi une journée de mobilisation. Le ministère de l'Intérieur avait appelé les Syriens à "s'abstenir de participer à tout sit-in ou manifestation" à l'occasion de cette journée baptisée "Vendredi du défi" par les opposants.
"C'est un message à tous ceux qui sont conscients de la situation. Nous ne bougerons pas. Nous nous sacrifierons pour la liberté, la dignité et la fierté. Pour elles, nous défions le monde", affirme un texte posté sur la page Facebook "The Syrian Revolution 2011" créée par de jeunes militants.
A Bruxelles, les ambassadeurs des 27 Etats européens sont tombés d'accord vendredi pour sanctionner 14 membres du régime syrien, mais pas dans l'immédiat le président Bachar al-Assad, ont indiqué des sources diplomatiques.
agences/mre
L'armée se retire de Deraa
A 100 km au sud de Damas, l'armée poursuivait pendant ce temps son retrait de Deraa, épicentre de la contestation contre le régime. "Durant toute la nuit, elles se sont retirées de Deraa et cela se poursuit aujourd'hui.
Le départ des troupes se fait graduellement", a déclaré à l'AFP le général Riad Haddad, directeur du département politique de l'armée.
L'armée, qui a débuté jeudi matin son retrait, avait investi la ville le 25 avril pour mater la contestation. Le général a fait état de l'arrestation de quelque 600 personnes à Deraa depuis le 25 avril.
Depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars, au moins 8.000 personnes ont été interpellées en Syrie, selon l'organisation Insan.
Le CICR a pu se rendre à Deraa
Une équipe de 15 délégués du CICR, du Croissant Rouge arabe syrien et de la Fédération des sociétés de Croix-Rouge a pu se rendre jeudi à Deraa, a indiqué vendredi le CICR. Elle a apporté des secours pour la première fois à l'hôpital.
"Aider les gens à Deraa est une priorité pour nous, car c'est la ville la plus durement touchée par la violence qui secoue actuellement le pays", a expliqué Marianne Gasser, cheffe de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Damas.
"Notre principal objectif était de fournir une aide médicale et alimentaire d'urgence, mais aussi de nous faire une idée plus précise des besoins et de la situation humanitaire", a-t-elle dit.