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L'italie va fournir des armes aux rebelles libyens

Les rebelles libyens vont recevoir des armes "d'auto-défense" de l'Italie. [Rodrigo Abd]
Les rebelles libyens vont recevoir des armes "d'auto-défense" de l'Italie afin de faire face aux attaques du régime. - [Rodrigo Abd]
L'Italie va fournir "très bientôt" des armes aux insurgés libyens pour les aider à se défendre face aux forces fidèles à Mouammar Kadhafi, qui ont infligé samedi de lourdes pertes à la rébellion. Le CNT a accusé les pro-Kadhafi d'avoir utilisé des hélicoptères marqués de l'emblème de la Croix-Rouge pour larguer des mines à Misrata.

Les Italiens "vont nous fournir des armes et nous allons les recevoir très bientôt", a déclaré à des journalistes Abdel Hafiz Ghoga, le vice-président du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion.

A Rome, des sources au ministère des Affaires étrangères ont précisé que l'Italie allait fournir "du matériel d'auto-défense" aux rebelles, dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU.

L'Italie ne fournira pas d'armes d'assaut, ont ajouté ces sources, sans plus de précision. Les rebelles réclament régulièrement des armes pour faire face aux forces gouvernementales, qu'ils combattent depuis la mi-février.

3000 combattants rebelles

Tout comme la France et le Royaume-Uni, l'Italie a déjà envoyé une poignée de conseillers militaires à Benghazi, siège du CNT, pour aider les rebelles à s'organiser. Selon Abdel Hafiz Ghoga, le nombre de combattants rebelles engagés à travers le pays ne dépasse cependant pas 3000 personnes.

Le vice-président du CNT a aussi assuré que les attaques des pro-Kadhafi s'intensifiaient, signe selon lui que la pression internationale porte ses fruits. "Il semble que plus Kadhafi est désespéré, plus il se déchaîne contre son peuple", a-t-il dit.

Les insurgés ont perdu au moins neuf de leurs combattants samedi lors de violents combats près de Zenten, dans les montagnes berbère au sud-ouest de Tripoli. Une cinquantaine d'autres ont été blessés, dont plusieurs très grièvement, selon un correspondant de l'AFP et des sources médicales.

Violents combats à Zenten

Dans la matinée, des centaines de rebelles sont partis avec quelques chars, en pick-up ou à pied pour repousser les pro-Kadhafi, qui s'étaient approchés jusqu'à une quinzaine de kilomètres à l'est de Zenten, principale ville de cette région proche de la Tunisie.

Après de violents combats qui ont duré toute la journée dans une localité vidée de ses habitants à une trentaine de kilomètres à l'est de Zenten, les forces fidèles à Kadhafi ont finalement dû reculer, abandonnant des véhicules et quelques prisonniers.

Toujours dans l'Ouest, les pro-Kadhafi ont bombardé le port de Misrata, la grande ville côtière rebelle à 200 km à l'est de Tripoli assiégée depuis plus de deux mois, et touché plusieurs dépôts de carburant, selon Ahmed Omar Bani, porte-parole militaire du CNT. "Ils veulent priver la révolution de carburant", a-t-il dénoncé.

Selon Souleiman Fortiya, un représentant de Misrata au CNT, les troupes gouvernementales sont en train de se masser à Zliten, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Misrata. Kadhafi "est en grands préparatifs pour marcher sur Misrata", a-t-il assuré vendredi soir.

Détournement de l'emblème de la Croix-Rouge

L'usage abusif de l'emblème de la Croix-Rouge par les forces pro-Kadhafi constituerait une infraction au droit international. [KEYSTONE - CHRISTIAN BRUN]
L'usage abusif de l'emblème de la Croix-Rouge par les forces pro-Kadhafi constituerait une infraction au droit international. [KEYSTONE - CHRISTIAN BRUN]

Samedi, les rebelles ont accusé les forces gouvernementales d'avoir utilisé des hélicoptères marqués de l'emblème de la Croix-Rouge pour larguer des mines jeudi et vendredi dans les eaux du port de Misrata, seul lien avec le reste du monde pour la ville assiégée.

L'Otan a simplement confirmé que des hélicoptères avaient survolé Misrata jeudi, en violation de la zone d'exclusion aérienne. D'après Abdel Hafiz Ghoga, les pro-Kadhafi ont aussi continué leur attaques éclairs contre des villes-oasis du sud du pays.

Le conflit libyen a déjà fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, qui compte demander trois mandats d'arrêt pour des crimes contre l'humanité. Pour tenter d'apaiser les rebelles, le ministère libyen de la Justice prépare un projet de loi d'amnistie réclamé vendredi soir par les centaines de chefs tribaux réunis à Tripoli, a annoncé le Premier ministre, Baghdadi Mahmoudi.

Selon ce dernier, les chefs tribaux "sont désormais responsables du dialogue national". Mais cette médiation semble mal partie dans la mesure où le communiqué final des chefs tribaux qualifie les insurgés de "traîtres".

afp/mre

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Le CNT non grata en Arabie Saoudite

Le ministre des Affaires étrangères du Conseil national de transition libyen a annulé une visite au Qatar, allié stratégique de la rébellion: l'Arabie saoudite ne l'a pas autorisé à emprunter son espace aérien.

D'après des responsables de l'aéroport du Caire qui ont souhaité rester anonymes, Ali al-Issaoui et trois autres représentants du Conseil national de transition ont attendu pendant 20 heures à l'aéroport avant de regagner samedi par avion l'est de la Libye.

Ils ont expliqué qu'ils ne connaissaient pas le motif du refus saoudien. L'opposition au régime de Mouammar Kadhafi a été reconnue sur le plan diplomatique par le Qatar, qui a mobilisé des avions pour se joindre à l'opération militaire de l'OTAN dans le pays.

Le Qatar a également aidé les rebelles contrôlant les installations pétrolières à vendre le brut.

Obus sur sol tunisien

Au poste-frontière de Dehiba, un peu plus à l'ouest, au moins six obus libyens sont tombés samedi sur le sol tunisien sans faire ni victime ni dégât, portant à 24 le nombre de projectiles tombés côté tunisien depuis une semaine.

Le gouvernement tunisien a haussé le ton, annonçant qu'il prendrait les dispositions "nécessaires" pour "préserver l'intégrité de son territoire", selon l'agence TAP.

Depuis un mois, plus de 50.000 personnes, essentiellement des habitants de la région, ont franchi la frontière à Dehiba pour échapper aux combats.