"Des unités de l'armée et des forces de sécurité ont poursuivi aujourd'hui des membres des groupes terroristes à Banias et aux alentours de Deraa afin de rétablir la sécurité et la stabilité", a affirmé samedi une source militaire dans un communiqué.
Elles ont "arrêté des personnes recherchées et mis la main sur une quantité d'armes que ces groupes ont utilisées pour agresser l'armée et les citoyens et effrayer les habitants", ajoute l'armée. Depuis le début de la contestation, le régime accuse des groupes "criminels" ou "terroristes" d'être responsables des violences.
Boucliers humains
Selon des militants des droits de l'Homme joints au téléphone, les chars sont entrés à l'aube à Banias où les communications et le courant ont été coupés. Ils tentaient de se diriger vers le sud de la ville, bastion des manifestants, mais des habitants ont "formé des boucliers humains" pour empêcher leur avancée, ont-ils affirmé.
"Les quartiers sunnites et mixtes sont désormais totalement assiégés", alors que les chars ne sont pas entrés dans les quartiers alaouites, minorité et branche du chiisme dont est issu le chef de l'Etat, a précisé un militant.
Dans l'après-midi, des soldats ont pénétré dans le quartier de Ras al-Ein. Des appels au jihad ont été lancés des minarets des mosquées et les gens sont descendus dans la rue, ont indiqué des témoins.
Deux personnes ont été tuées en fin de journée par des tirs d'origine indéterminée, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Dans l'après-midi, quatre femmes avaient été tuées par des membres des forces de sécurité qui ont ouvert le feu pour disperser une manifestation de 150 femmes réclamant la libération de détenus. Vendredi, la répression avait déjà fait plus de 25 morts à travers le pays.
Centre de la contestation
Situé au bord de la Méditerranée, Banias est l'un des principaux foyers de contestation du régime. Les autorités syriennes la qualifient de "centre du terrorisme salafiste" et affirment que des groupes armés ont tué des militaires près de cette ville.
Des personnalités de Banias ont démenti dans un communiqué ces accusations et affirmé que les autorités tentaient d'instiller la peur au sein des Alaouites qui occupent les plus hauts postes au sein de l'armée et de l'appareil de sécurité.
Selon les militants, des chars encerclaient également le village voisin de Bayda.
Plan de sortie de crise
Faute de parvenir à faire chuter le régime, des opposants syriens ont proposé samedi un plan de sortie de crise sur la page du groupe "Syrian revolution 2011" sur Facebook.
"La solution est simple: arrêtez de tirer sur les manifestants, laissez se dérouler les manifestations pacifiques, détachez toutes vos photos et celles de votre père, libérez tous les détenus politiques, instaurez un dialogue national, autorisez le pluralisme politique et organisez des élections libres et démocratiques dans six mois", affirme ce texte.
C'est la première fois que des détracteurs du régime détaillent leurs propositions pour mettre fin à une contestation qui s'est soldée par la mort de plus de 800 personnes depuis le 15 mars, selon l'organisation de défense des droits de l'homme Saouassiah.
ats/mre
Manifestation pro-régime à Berne
Plusieurs dizaines de partisans du président syrien Bachar al-Assad ont manifesté samedi après-midi à Berne.
Les manifestants ont dénoncé ce qu'ils appellent l'"ingérence étrangère dans les affaires syriennes" et qualifié l'opposition "d'éléments subversifs".
Les manifestants - au nombre d'environ 80 - ont scandé le nom du président, tout en agitant des pancartes et des banderoles à son effigie.
Ils étaient là pour montrer leur soutien à leur patrie, a indiqué une jeune femme, qui s'adressait à la foule dans un porte-voix.
Quant à la répression par le régime du mouvement réclamant la démocratie et le départ du président, elle constitue une "réaction légitime" du gouvernement, ont assuré les manifestants.
Les autorités syriennes combattent "des éléments subversifs et non contrôlés", qui a infiltré les manifestations de l'opposition, selon un communiqué distribué à la fin de la manifestation, qui s'est déroulée de façon disciplinée sur la place Helvetia, sous l'oeil de la police cantonale.