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Les forces de sécurité syriennes matent l'opposition

Protestations et répressions se sont succédé ce week-end en Syrie.
Protestations et répressions se sont succédé ce week-end en Syrie.
Les autorités syriennes affichaient dimanche leur détermination à faire taire par la force la contestation sans précédent contre le président Bachar al-Assad, en ordonnant à l'armée d'intervenir tour à tour à Homs et à Banias, où un leader du mouvement a été arrêté avec 250 autres personnes.

Les militaires, qui avaient pris position depuis vendredi avec des chars dans le centre de Homs, à 160 km au nord de Damas, ont pénétré samedi soir et dimanche à l'aube dans plusieurs quartiers tenus par les opposants au régime comme Bab Sebaa et Baba Amr, selon un militant des droits de l'Homme.

Un enfant de 12 ans a été tué dimanche par des tirs, a indiqué le militant sans pouvoir préciser les circonstances de ces tirs.

Des tirs de mitrailleuses lourdes ont résonné dans ces deux quartiers, où l'électricité et les communications téléphoniques étaient coupées, a ajouté ce militant. Une vidéo publiée sur YouTube montre une vingtaine de camions remplis de militaires se diriger dans la nuit vers Bab Sebaa.

Le pouvoir accuse "des terroristes"

De son côté, l'agence de presse officielle syrienne Sana a indiqué que seize personnes, dont six militaires, avaient été tuées "par des tirs de groupes terroristes" dimanche en Syrie,

"Six militaires, dont trois officiers, ont été tués dans les heurts et d'autres ont été blessés" par des tirs des groupes terroristes, a indiqué le porte-parole militaire, cité par l'agence, sans préciser dans quelles villes les victimes ont été tuées.

L'agence a également rapporté "la mort de dix citoyens syriens dimanche", tués "à l'aube par des tirs d'un groupe terroriste armé". "Ils étaient à bord d'un minibus lorsqu'ils sont tombés dans une embuscade tendue par ce groupe armé près de Homs.

Depuis le début de la contestation, Homs, troisième ville du pays avec un million d'habitants, est le théâtre de manifestations quasi-quotidiennes. D'après l'organisation des droits de l'Homme Insan, 16 manifestants avaient été tués vendredi à Homs quand les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur une manifestation qui arrivait à Bab Dreib, dans le centre-ville.

Arrestation d'un leader

A Banias, ville de 50'000 habitants sur la côte méditerranéenne, les communications téléphoniques, l'électricité et l'eau ont été coupées, selon Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. "La ville est coupée du monde et dans les quartiers sud, place forte des contestataires, il y a des tireurs embusqués sur les toits", a-t-il ajouté.

26 manifestants et 10 soldats et policiers ont été tués vendredi en Syrie. [Sana Handout-Keystone]
26 manifestants et 10 soldats et policiers ont été tués vendredi en Syrie. [Sana Handout-Keystone]

Samedi, il y a eu des perquisitions et des arrestations de blessés dans les quartiers sud, où vivent 20'000 personnes, selon Rami Abdel Rahmane qui redoutait "une catastrophe humanitaire". Son organisation a précisé que plus de 250 personnes, dont un enfant de 10 ans, avaient été arrêtées entre samedi soir et dimanche matin à Banias. Parmi eux, figurent cheikh Anas al-Ayrout, considéré comme le leader du mouvement, et Bassam Sahiouni

Selon al-Watan, un journal privé proche du pouvoir, l'armée syrienne livre depuis vendredi soir "une bataille féroce contre des groupes qui utilisent des armes lourdes, des roquettes anti-chars et des mitrailleuses" à Banias et dans ses environs. Au moins six personnes ont péri samedi à Banias: quatre femmes qui manifestaient pour la libération de détenus ont succombé à des tirs des forces de sécurité, selon un militant, puis deux personnes ont été tuées en fin de journée, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui n'était pas en mesure de préciser l'origine des tirs.

Manifester est un crime

L'armée intervient à Homs et à Banias après dix jours de siège de Deraa (sud), épicentre de la contestation. Entrée le 25 avril dans la ville, l'armée a arrêté plusieurs milliers de personnes, selon des militants des droits de l'Homme. Toujours selon le journal al-Watan, Bachar el-Assad a rencontré samedi une délégation de jeunes Syriens qui "ont évoqué les pratiques violentes de certains agents de sécurité". "Le président Assad n'a pas démenti ces pratiques et a affirmé qu'il s'agissait de comportements individuels et que le gouvernement oeuvrait pour contenir la crise et éloigner la violence", ajoute le journal.

A Tripoli, Riad Seif, grande figure de l'opposition, "a été déféré devant la justice qui l'a inculpé du crime de manifester", a déclaré l'avocat Khalil Maatouk, président du Centre syrien de défense des prisonniers de conscience. Riad Seif a affirmé au juge avoir été "frappé à la tête par les agents de sécurité" avant d'être arrêté vendredi après la prière près d'une mosquée dans le centre de Damas.

Une manifestation contre le régime avait rassemblé plusieurs centaines de personnes vendredi à la sortie de cette mosquée. Agé de 64 ans, Riad Seif a purgé une peine de deux ans et demi (janvier 2008-juillet 2010) pour avoir appelé à la démocratie dans son pays. Il avait aussi été condamné en 2001 à cinq ans de prison pour avoir voulu "changer la Constitution d'une manière illégale".

Des centaines de manifestants se sont rassemblés samedi devant l'ambassade de Syrie à Londres, déchirant des photos du président Assad en signe de protestation contre la répression qui a fait plus de 600 morts à travers le pays selon les organisations de défense des droits de l'Homme.

afp/olhor/mre

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Bahreïn: les opposants risquent la peine de mort

Des chefs de l'opposition bahreïnie ont comparu dimanche devant un tribunal d'exception sous l'accusation d'avoir formé une organisation terroriste et d'avoir tenté de renverser la monarchie, a rapporté l'agence officielle Bna.

Au total, 21 accusés doivent être jugés devant ce tribunal, dont sept par contumace, a ajouté l'agence. Seuls les avocats et deux membres de la famille de chaque accusé étaient autorisés à assister au procès, dont la prochaine audience a été fixée à jeudi, a déclaré à l'AFP Nabil Rajab, chef du Centre de Bahreïn pour les droits de l'Homme.

Selon lui, les accusés risquent la peine de mort au regard des charges retenues contre eux. Leurs avocats ne sont pas autorisés à parler à la presse, a-t-il ajouté.

Parmi les accusés se trouve Ibrahim Chérif, le chef sunnite du groupe Waed, une formation de la gauche laïque, qui avait joué un rôle de premier plan dans le mouvement de protestation maté à la mi-mars par les autorités, selon l'agence.

Hassan Mashaimaa, le chef du mouvement de l'opposition chiite Haq, Abdelwahab Hussein, chef du mouvement islamique chiite Wafa, et le militant chiite des droits de l'Homme Abdelhadi al-Khawaja, font partie également du groupe.

Les accusés sont poursuivis pour avoir "formé et dirigé un groupe terroriste visant à changer la Constitution et le régime monarchique", selon l'acte d'accusation cité par Bna.

Ils sont également accusés "d'avoir été en contact avec un groupe terroriste à l'étranger, qui agit dans l'intérêt d'un pays étranger en procédant à des actes hostiles contre le royaume de Bahreïn" et d'avoir procédé à une "collecte de fonds pour ce groupe".

Nouveaux heurts en Tunisie

Le coeur de Tunis a été le théâtre dimanche pour le quatrième jour consécutif d'un face à face tendu entre manifestants et forces de police au lendemain de l'imposition d'un couvre-feu, a constaté un journaliste sur place.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Réunis sur les marches du théâtre municipal et sur les deux artères de l'avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, les manifestants qui étaient environ 200 ont entonné à plusieurs reprises l'hymne national.

Ils ont ensuite scandé des slogans hostiles à la police et les forces de l'ordre ont demandé au mégaphone aux manifestants "de rentrer chez eux" et "de s'éloigner de la voie publique" mais les manifestants ont de nouveau scandé "gouvernement dégage", "flics, bande de lâches".

Les forces de l'ordre ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes et les manifestants se sont dispersés dans les rues et ruelles adjacentes avant de revenir par petits groupes sur l'avenue.

Un couvre-feu nocturne a été décrété samedi à Tunis et dans sa banlieue pour après plusieurs jours de manifestations antigouvernementales.