Evoquant la mort d'Oussama Ben Laden, le président américain a toutefois signifié que "cela ne signifie pas que nous allons vaincre le terrorisme". Dans un entretien à la chaîne de télévision CBS (voir ci-dessous), Barack Obama a indiqué que des informations contenues dans des ordinateurs saisis au domicile de Ben Laden étaient en cours d'exploitation.
L'interview de Barack Obama à CBS news
Il faudra "un certain temps" pour exploiter les données
Le président américain, qui avait suivi le raid des forces américaines contre la maison d'Oussama Ben Laden depuis la Maison Blanche, a expliqué qu'il faudrait "un certain temps" pour exploiter les renseignements obtenus lors de l'opération.
Ces informations "peuvent nous mener à d'autres terroristes que nous recherchons depuis longtemps", a-t-il estimé. "Nous avons maintenant l'opportunité (...) de vraiment vaincre Al-Qaïda dans au moins cette région frontalière entre le Pakistan et l'Afghanistan", a-t-il pronostiqué.
Obama prie Islamabad d'enquêter
Barack Obama a également demandé à Islamabad de diligenter une enquête sur le "réseau de soutiens" dont aurait bénéficié Ben Laden au Pakistan.
"Nous leur en avons déjà parlé et ils ont assuré qu'ils souhaitaient trouver de quels types de soutiens Ben Laden aurait pu bénéficier", a-t-il poursuivi, parlant des autorités pakistanaises.
L'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis, Hussain Haqqani, a promis que des têtes allaient tomber parmi les hauts responsables pakistanais.
Invité des débats dominicaux sur les principales chaînes américaines, le conseiller d'Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon, a également demandé à Islamabad d'ouvrir une enquête. Cependant, il a cherché à calmer le jeu entre Washington et Islamabad - la mort de Ben Laden a gravement affecté les relations entre les deux alliés - en affirmant que rien ne permettait d'accuser les dirigeants pakistanais d'avoir protégé Ben Laden.
"Nous n'avons aucune preuve que le gouvernement d'Islamabad était au courant" du lieu où se cachait Ben Laden, tué le 2 mai par un commando américain dans sa villa d'Abbottabad, une ville de garnison proche d'Islamabad, a-t-il dit., Tom Donilon a demandé en outre à Islamabad de transmettre aux Etats-Unis les renseignements trouvés par les autorités pakistanaises dans la résidence et de leur donner accès aux trois femmes du chef d'Al-Qaïda désormais en détention, afin de les interroger.
agences/hof
"LES 40 MINUTES LES PLUS LONGUES DE MA VIE"
Le président américain Barack Obama, qui a vécu en direct depuis la Maison Blanche l'opération commando au cours de laquelle Oussama Ben Laden - nom de code "Geronimo" - a été tué, a décrit dimanche ce moment comme "les 40 minutes les plus longues de sa vie".
"Cela a été les 40 minutes les plus longues de ma vie, à l'exception peut-être de la méningite de Sasha quand elle avait trois mois et que j'attendais que le docteur me dise qu'elle allait bien", a déclaré Barack Obama, en référence à sa fille, dans un entretien à la chaîne de télévision CBS (voir la vidéo ci-dessus).
Relevant qu'un échec d'une telle opération menée dans un pays allié sans en avoir informé ses autorités aurait pu avoir des "conséquences significatives", le président a reconnu avoir pensé à deux fiascos des forces américaines: en Iran en 1980 lorsque le président Jimmy Carter avait lancé une opération pour libérer les otages retenus dans l'ambassade américaine, et en Somalie en 1993 lorsque deux hélicoptères américains Black Hawk avaient été abattus à Mogadiscio et les cadavres de soldats américains traînés dans les rues devant les caméras.
"Oui, absolument. La veille (de l'opération), je pensais à cela", a-t-il indiqué. D'autant qu'à ce moment il n'y avait aucune preuve directe de la présence d'Oussama Ben Laden dans la villa où il a été tué. "A la fin de la journée c'était toujours du 55-45. Nous ne pouvions pas dire avec certitude que Ben Laden était là-bas".
Le président a dit avoir pris sa décision finale le jeudi, le raid ayant été mené dimanche, heure des Etats-Unis. Entretemps, il a poursuivi ses activités habituelles, gardant le plus grand secret sur les préparatifs du raid.
"Très peu de gens à la Maison Blanche savaient. La grande majorité de mes principaux conseillers ne le savaient pas", a-t-il affirmé, assurant que cela "pesait" sur lui. Il a finalement suivi les 40 minutes de l'opération en direct, avant d'entendre le nom "Geronimo". "Ils ont dit Geronimo a été tué. Et Geronimo était le nom de code pour Ben Laden".
Barack Obama a par ailleurs expliqué dimanche ne pas regretter de ne pas avoir capturé vivant Oussama ben Laden. Au sujet de l'opération, "la seule chose qui ne m'a pas empêché de dormir a été l'éventualité de descendre Ben Laden", a déclaré le président américain à CBS news.
"Justice a été faite. Et je pense que toute personne qui s'interroge sur le fait que l'instigateur d'un crime de masse perpétré sur le sol américain n'a pas eu ce qu'il méritait a besoin de se faire examiner", a dit Barack Obama, en hausse dans les sondages depuis la mort de l'homme le plus recherché de la planète.
L'ex-vice-président Dick Cheney prône un retour aux interrogatoires musclés
L'ancien vice-président américain Dick Cheney a plaidé dimanche, après l'élimination d'Oussama Ben Laden par un commando américain, pour un retour aux techniques d'interrogatoires musclées. Celles-ci avaient été instaurées par l'administration Bush pour lutter contre le terrorisme.
Interrogé sur la chaîne de télévision Fox News, Dick Cheney a rappelé que plusieurs responsables du renseignement avaient assuré que "certains des premiers indices" qui ont finalement conduit jusqu'à la cache du chef d'Al-Qaïda au Pakistan provenaient d'informations obtenues notamment de suspects soumis à la simulation de noyade, considérée par beaucoup comme une forme de torture.
"Ils ont tous dit d'une manière ou d'une autre que le programme d'interrogatoires poussés avait joué un rôle", a déclaré Dick Cheney au cours de l'émission "Fox News Sunday". "Mon sentiment est que cela y a probablement contribué, de même que d'autres facteurs", a-t-il dit.
Interrogé sur l'opportunité de rétablir ce programme interdit par Barack Obama au lendemain de son entrée à la Maison Blanche si les Etats-Unis venaient à capturer un important suspect dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il a répondu: "Oui, je plaiderai pour qu'il soit rétabli".
Dick Cheney a ainsi pris la suite de nombre d'anciens responsables de l'administration Bush qui n'hésitent pas depuis une semaine à réclamer qu'on attribue le crédit de la mort de Ben Laden à cette administration. Pour lui, la simulation de noyade n'est pas une technique de torture. "Dire que c'est de la torture est faux", a-t-il affirmé, ajoutant que la simulation de noyade et d'autres méthodes coercitives "sont utilisées dans le cadre de l'entraînement de nos troupes depuis des années".
Donald Rumsfeld a soutenu une position similaire à celle de Dick Cheney au cours de l'émission "Face the Nation" de la chaîne CBS. Selon trois anciens directeurs de la CIA, a relevé l'ancien secrétaire à la Défense, des suspects soumis à la simulation de noyade par les interrogateurs de la CIA ont fourni "une part importante de nos connaissances sur Al-Qaïda". "Je pense qu'il est clair que ces techniques que la CIA a employées ont marché. Et les avoir supprimées et interdites est sans doute, à mon avis, une erreur", a-t-il dit.