Des survivants ont confirmé le naufrage en fin de semaine dernière d'un navire transportant des réfugiés près des côtes libyennes, a annoncé lundi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Entre 500 et 600 personnes se trouvaient à bord de l'embarcation.
"On a un faisceau d'informations qui indiquent qu'un navire a chaviré à proximité immédiate des côtes libyennes en fin de semaine dernière en raison semble-t-il du trop grand nombre de personnes qu'il transportait", a précisé un porte-parole de l'OIM, JeanPhilippe Chauzy.
"Certains naufragés ont réussi à rejoindre la côte apparemment à la nage", a-t-il ajouté sans pouvoir donner de bilan sur le nombre des morts. "Les témoins ont fait état de cadavres qui ont échoué sur les côtes", a indiqué M. Chauzy.
Migrations forcées
"Ce qui est très inquiétant", a poursuivi le porte-parole, "c'est que parmi ces survivants, il y en a qui ont été forcés par des hommes en armes pro-Kadhafi à remonter dans une autre embarcation qui, elle, est arrivée à bon port ce week-end à Lampedusa", l'île italienne au nord de la Tunisie.
L'OIM a pu interroger "une demi douzaine de personnes" sur l'île italienne. Une Somalienne, qui était sur le bateau ayant coulé, a notamment raconté en état de choc qu'elle avait perdu son enfant dans le naufrage et avait pour sa part réussi à nager jusqu'à la terre ferme.
"Tous les témoignages convergent sur le fait que des personnes ont été forcées à embarquer sur un navire et quitter le territoire libyen, ce qui est totalement nouveau à notre connaissance", a insisté le porte-parole. D'autres réfugiés "n'ont pas payé cette traversée, mais ont été dépouillés de tous leurs biens par des soldats du colonel Kadhafi", a-t-il encore indiqué.
Plus de 2000 immigrants durant le week-end
Des milliers d'immigrants tunisiens, à la recherche d'un travail en Europe, et de réfugiés, fuyant la guerre en Libye, ont afflué ces derniers mois sur la petite île de Lampedusa, située à mi-chemin entre la Sicile et la Tunisie.
Dans la nuit de samedi à dimanche, un bateau s'est échoué près du port, mais les 528 passagers, parmi lesquels de nombreux femmes et enfants, ont pu être sauvés. Un autre bateau transportant environ 800 migrants est également arrivé dimanche.
Samedi, d'autres réfugiés avaient déjà débarqué sur l'île: 655 étaient à bord d'un premier bateau et 187 à bord du second, un bateau de pêche rouillé et surchargé. Ces réfugiés sont évacués au fur et à mesure vers des centres d'accueil dans différentes régions d'Italie.
Il n'existe pas de chiffres officiels sur les victimes lors des traversées depuis l'Afrique, mais l'association caritative italienne Fortress estime qu'au moins 3616 personnes sont mortes en Méditerranée entre 2006 et 2008 en tentant de rejoindre les côtes européennes.
Encore un mois de vivres à Misrata
Sur le terrain des affrontements en Libye, où Misrata est assiégée depuis deux mois: "La ville a des provisions en aliments de base et en eau pour un mois encore", a déclaré Saddoun el Misurati. Des navires transportant des aliments, de l'eau et du matériel médical arrivaient entre deux et cinq fois par semaine.
Mais depuis deux semaines, ils ne viennent plus qu'une fois par semaine, en raison du pillonnage du port, rapportent les rebelles. "Si ces attaques contre le port se poursuivent sans que rien ne soit fait pour éliminer cette menace, nous arriverons à une situation extrêmement mauvaise", poursuit-il, ajoutant que les problèmes d'approvisionnement en carburant et en eau sont particulièrement critiques.
Les affrontements se sont poursuivis dimanche
Des affrontements acharnés ont encore repris de plus belle dimanche à Misrata, avec d'intenses combats sur trois fronts: Shintan à l'est, l'académie militaire et la route de l'aéroport au sud et Bourgueya à l'ouest, selon un correspondant de l'AFP.
La ville a été pour la première fois en une semaine la cible de bombardements intenses aux obus de mortier et de roquettes Grad en réplique aux attaques des rebelles. Ces derniers ont indiqué avoir renforcé leur contrôle à Bourgueya et la bataille se concentrait dans le secteur de l'aéroport.
Les rebelles disent également avoir réussi à écarter la menace des tireurs embusqués dans la ville. Les frappes de l'OTAN n'ont toutefois pas arrêté les bombardements de l'artillerie lourde kadhafiste, positionnée dans les faubourgs de Misrata, qui ciblent notamment le port. La rébellion a encore appelé l'OTAN à faire tout son possible pour tenter de mettre fin à ces bombardements.
agences/jzim/cmen