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L'UE se décide à sanctionner 13 responsables syriens

Protestations et répressions se sont succédé ce week-end en Syrie.
Protestations et répressions se sont succédé ce week-end en Syrie.
Des sanctions contre treize responsables syriens, dont le frère cadet de Bachar al-Assad ont été formellement adoptées par l'Union européenne. Par ailleurs, des centaines de femmes sont descendues dans la rue lundi à Banias, au nord-ouest de la Syrie, pour réclamer la libération de leurs proches arrêtés ces derniers jours.

Des sanctions de l'Union européenne contre treize responsables syriens et un "embargo sur les exportations vers la Syrie d'armes et de matériel pouvant être utilisé pour la répression contre la population" entreront en vigueur dès mardi, a annoncé Bruxelles. Ces mesures entreront en vigueur dès mardi.

Le frère cadet du président syrien Bachar al-Assad figure en tête de liste. Maher al-Assad est le chef de la Garde républicaine et est considéré comme la deuxième personnalité la plus influente de Syrie.

C'est également lui qui commande la quatrième division mécanisée, qui a été déployée à Deraa, berceau de la contestation syrienne. Cet homme de 43 ans est présenté comme "le principal maître d'oeuvre de la répression contre les manifestants", selon le "Journal Officiel" de l'UE publié mardi.

Il précède sur la liste des personnalités sanctionnées le chef des renseignements généraux Ali Mamlouk, 65 ans, et le nouveau ministre de l'Intérieur Mohammad Ibrahim al-Chaar, nommé le 28 avril, également sanctionnés pour leur "implication" dans la répression des manifestations.

 La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a souligné que ces mesures répondaient à "l'escalade des autorités syriennes" dans la répression.

Répression toujours

Le frère cadet du président syrien Bachar al-Assad, ici à gauche, est considéré comme la deuxième personnalité la plus influente de Syrie. [KEYSTONE]
Le frère cadet du président syrien Bachar al-Assad, ici à gauche, est considéré comme la deuxième personnalité la plus influente de Syrie. [KEYSTONE]

Depuis bientôt deux mois, des manifestations quasi quotidiennes sont organisées contre le régime du président Bachar al-Assad, donnant lieu à une répression sanglante, notamment à Banias (nord-ouest), dans la province de Deraa (sud) et à Homs (centre).

Mouadamiya, une localité à l'ouest de Damas, est "encerclée par les forces armées et de sécurité". Des tirs ont été entendus lundi matin, alors que les communications téléphoniques ont été coupées, a affirmé un militant des droits de l'homme.

Dans la ville côtière de Banias, qui compte 50'000 habitants, "les perquisitions dans les maisons se sont poursuivies dans la nuit et lundi", selon Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé à Londres.

Meneurs arrêtés

Une manifestation de femmes réclamant la libération de leurs proches s'est poursuivie lundi dans l'après-midi. Bravant les agents de sécurité et l'armée, elles ont foncé sur des points de contrôle dressés dans les quartiers sud de Banias où samedi six personnes avaient péri.

Des chars s'étaient déployés dimanche sur la corniche et dans les quartiers sud et s'y trouvaient toujours. "L'eau, l'électricité et les communications téléphoniques y sont toujours coupées", a ajouté M. Abdel Rahmane.

Les chefs de file de la contestation, dont cheikh Anas al-Ayrout, considéré comme le leader du mouvement, et Bassam Sahiouni, avaient été arrêtés dimanche soir par les forces de sécurité à Banias. Les propriétaires des magasins d'informatique vendant du matériel de connexion à internet ont été également arrêtés à Banias "isolée du monde extérieur", selon lui.

Mardi de solidarité

En dépit de la répression, la page "Syrian Revolution 2011" a prévenu sur Facebook que "les manifestations se poursuivront tous les jours", appelant à un "mardi de solidarité avec les détenus de conscience dans les prisons du régime syrien criminel". "

Al-Watan", un journal proche du pouvoir, a affirmé pour sa part que "le calme était revenu à Banias, alors que les divisions de l'armée contrôlaient (la ville) après des batailles féroces livrées contre des éléments armés qui s'étaient déployés notamment dans les quartiers sud".

Réformes annoncées

L'armée était entrée dimanche également à Tafas, dans la province de Deraa où est née la contestation le 15 mars, selon un militant des droits de l'homme. Selon "Al-Watan", le président Assad a affirmé dimanche en recevant une délégation d'habitants de Lattaquié (nord-ouest), que "la crise va s'arrêter et les réformes administratives, politiques et des médias vont avancer".

Les autorités avaient promis des réformes démocratiques, notamment l'abolition de l'état d'urgence, une loi sur le pluralisme et la libéralisation des médias, mais elles ont poursuivi la répression sanglante des manifestations.

Damas accuse des fauteurs de troubles d'être instrumentalisés par l'étranger pour semer le chaos. Depuis le début du mouvement de contestation, entre 600 et 700 personnes ont été tuées, et au moins 8000 personnes ont été interpellées en Syrie, selon des ONG.

agences/cmen/mre

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Mission humanitaire bloquée à l'entrée de Deraa

Une mission humanitaire d'évaluation de l'ONU a été empêchée de rendre à Deraa, en Syrie, où 300 personnes auraient péri sous les balles de l'armée syrienne, a annoncé lundi un porte-parole des Nations unies.

"Nous essayons de clarifier pourquoi l'accès leur a été refusé. Nous essayons d'avoir un accès à d'autres endroits en Syrie", a dit le porte-parole adjoint Farhan Haq. Les Nations unies avaient annoncé jeudi qu'elles avaient obtenu le feu vert pour envoyer dans les prochains jours une équipe humanitaire d'évaluation à Deraa.

Mercredi, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait demandé, lors d'un entretien téléphonique avec le président syrien Bachar al-Assad, un accès "immédiat" pour l'ONU, "de manière à évaluer les besoins humanitaires des populations civiles affectées". Il avait dit "apprécier la volonté du président Assad d'envisager une telle évaluation à Deraa".

Selon des organisations de défense des droits de l'homme, depuis le début du mouvement de contestation, entre 600 et 700 personnes ont été tuées, et au moins 8.000 personnes ont été interpellées en Syrie.