Des milliers de manifestants, 10'000 selon la police, ont battu le pavé mercredi à Athènes contre les sacrifices imposés au pays, à l'appel des centrales syndicales - GSEE pour le privé, Adedy pour les fonctionnaires ainsi que le front syndical communiste Pame.
Accrochages
Quelques incidents ont eu lieu lors de l'arrivée du cortège, avec feux de mobiliers urbains, jets de pierre, suivis de lancements de grenades assourdissantes et de grenades lacrymogènes par la police sur des groupes de jeunes manifestants, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Mais aucune violence du même type que celles de l'an passé lorsque trois employés de banque étaient morts le 5 mai 2010 en marge d'une telle manifestation, asphyxiés dans l'incendie provoqué par un jet de cocktail molotov.
Un manifestant a toutefois été hospitalisé après avoir été grièvement blessé à la tête. L'homme, un militant de gauche âgé d'une trentaine d'années, selon les premières informations, a été opéré d'urgence en raison d'un "hématome derrière la tête, et placé dans l'unité des soins intensifs", a dit à l'AFP un responsable du ministère. "Son état de santé est critique", mais "stable", a-t-il ajouté.
La grève générale, la deuxième depuis le début de l'année et la 9e depuis le début de la crise grecque l'hiver dernier, a interrompu le trafic aérien une partie de la journée. Les deux compagnies grecques, Olympic Air et Aegean, ont annulé des vols. Les ferries vers les îles sont restés à quai, et les trains en gare.
Les syndicats protestent contre un durcissement de la cure d'austérité, assorti d'une intensification des privatisations (50 milliards d'euros d'ici 2015), un plan qui est actuellement évalué et discuté avec les représentants des bailleurs de fonds du pays (zone euro et FMI), présents à Athènes.
"Non au bradage"
"Après un an (d'aide internationale), nous sommes hélas dans une situation pire, le chômage a explosé, les salaires sont au plus bas niveau et le pire c'est qu'il n'y a aucune perspective d'issue", a déclaré Stathis Anestis, secrétaire général adjoint de la GSEE. "On veut nous supprimer des acquis sociaux de plusieurs siècles", a renchéri Vangelis Papadoyannis, 46 ans, employé d'Intracom, une société de nouvelles technologies.
"Non au bradage", indiquaient certaines banderoles critiquant le programme de privatisations. Celui-ci prévoit d'ouvrir le capital des grands groupes publics (électricité, eau...) afin de réduire la dette qui a explosé au-dessus de 340 milliards d'euros et doit atteindre 152% du PIB d'ici la fin de l'année.
"Si c'était au profit de l'Etat, on serait prêt à des concessions, mais ils ne nous bradent que pour rembourser nos créanciers", a regretté Tassoula Carabina, 48 ans, employée du groupe d'électricité DEI-PPC.
Le train de mesures pris l'an dernier en contrepartie du sauvetage du pays via le déblocage d'un prêt de 110 milliards d'euros par l'UE et le FMI a aussi pour l'instant échoué à rétablir l'accès du pays aux marchés. "Le programme de réformes a échoué", a analysé mercredi Platon Monokroussos, économiste pour Eurobank, selon lequel le gouvernement est en train de négocier "un nouvel accord".
Le cas grec préoccupe l’UE
Les Européens planchent sur les moyens d'empêcher un défaut grec au cas où les taux d'intérêt imposés au pays, actuellement prohibitifs à plus de 15%, continueraient de l'empêcher de se refinancer sur les marchés en 2012. (lire: Dette de la Grèce)
ats/bkel