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Révolte syrienne: 19 tués dans les manifestations

L'armée syrienne fait usage de blindés pour mater la rébellion.
L'armée syrienne fait usage de blindés pour mater la rébellion.
Les chars du régime de Bachar al-Assad ont bombardé mercredi des quartiers résidentiels de deux villes de Syrie. Le pays a vécu l'une de ses journées les plus meurtrières depuis le début du mouvement de contestation avec 19 morts recensés par des défenseurs des droits de l'homme.

Dix-neuf civils, dont un enfant de huit ans, ont été tués dans les régions de Deraa (sud) et de Homs (centre), où l'armée est intervenue mercredi pour mater la contestation, a déclaré à l'AFP le chef de l'organisation nationale des droits de l'Homme, Ammar Qourabi, interrogé par l'AFP au téléphone depuis Nicosie.

Tirs d’obus

Selon lui 13 civils, dont un enfant de 8 ans et un infirmier venu secourir les blessés, ont été tués par des tirs de francs-tireurs à Al-Harra, un village de la région de Deraa. Un 14e a péri dans la localité voisine de Jassem et cinq sont morts par des tirs d'obus de chars sur le secteur de Bab Amr à Homs. Une autre ONG a fait état de neuf morts à Homs.

Et les autorités syriennes ont annoncé la mort de deux soldats et de "plusieurs membres de groupes terroristes" à Homs et Deraa, alors qu'elles accusent des "groupes armés" instrumentalisés par l'étranger de vouloir semer le chaos en Syrie.

Des chars de l'armée avaient renforcé ces derniers jours leur emprise notamment à Homs et Banias (nord-ouest). Des quartiers à la périphérie de Homs ont été la cible de tirs d'obus alors que l'armée y menait "des opérations de ratissage à la recherche d'armes", a indiqué Najati Tayara, un militant des droits de l'Homme. "Les habitants sont terrifiés".

Arrestations

Les militaires avaient pénétré le 6 mai dans le centre-ville de Homs, puis dans les quartiers tenus par les opposants. Selon l'agence officielle Sana, "Des dizaines de personnes recherchées ont été arrêtées et une grande quantité d'armes et de munitions ont été saisies à Bab Amr et dans Deraa. Un certain nombre de terroristes ont été tués et blessés".

Dans Banias assiégée, l'armée continue de "rechercher des chefs de file des manifestations", a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Sur les quelque 450 personnes arrêtées, 270 ont été relâchées après avoir été "violemment frappées et insultées" et s'être engagées à ne plus manifester, a-t-il dit. Depuis l'intervention de l'armée le 7 mai, huit personnes y ont été tuées, selon lui.

A Mouadamiya, dans la banlieue proche de Damas, les forces de sécurité étaient toujours "déployés en grand nombre", selon un militant, tandis que le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, annonçait l'arrestation d'un "grand nombre de personnes recherchées".

Entre 600 et 700 morts

Parallèlement à ces nouvelles violences et dans une nouvelle tentative d'apaisement, le régime de Bachar al-Assad a annoncé mercredi la création d'une commission chargée de rédiger une nouvelle loi électorale "conforme aux critères internationaux", une exigence des opposants. Mais le 21 avril, il avait déjà abrogé l'état d'urgence sans cesser la répression.

Depuis le début de la contestation le 15 mars, entre 600 et 700 civils ont été tués et plus de 8000 personnes ont été arrêtées ou ont disparu, selon les ONG.

afp/bkel

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"Nous nous battrons jusqu’au bout"

Face à la répression en Syrie, l'UE a dit étudier une révision de ses sanctions afin d'exercer "le maximum de pression politique possible" sur Bachar al-Assad, alors que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté ce dernier à renoncer à l'usage de la force.

Expliquant l'absence de Bachar al-Assad dans la liste des responsables syriens sanctionnés par l'UE, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a assuré qu'il restait un mince espoir que le président mette en oeuvre les réformes promises.

Mais des divisions sont apparues au sein de la communauté internationale, la Russie refusant ainsi un débat au Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie en arguant que l'opposition syrienne était responsable des violences. Néanmoins, la Syrie a retiré sa candidature au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, jugée malvenue par une partie de la communauté internationale, et sa place a été prise par le Koweït.

"Nous nous battrons jusqu'au bout. Nous ne partirons pas", a déclaré dans une rare interview, publiée par le New York Times, un cousin du président Bachar al-Assad, le magnat Rami Makhlouf, qui figure parmi les 13 responsables syriens frappés mardi par des sanctions de l'Union européenne.