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Les insurgés libyens veulent avancer vers l'ouest

Les rebelles ont pris l'aéroport de Misrata, repoussant loin les pro-Kadhafi. [Zohra Bensemra]
Les rebelles ont pris l'aéroport de Misrata, repoussant loin les pro-Kadhafi. - [Zohra Bensemra]
Les rebelles libyens, dopés par leur succès à l'aéroport de Misrata (ouest), se préparaient jeudi à marcher sur Zliten, avec en ligne de mire la capitale Tripoli, à 200 km à l'ouest, régulièrement bombardée par l'OTAN.

Un Français a par ailleurs été tué "au cours d'un contrôle de police" à Benghazi, fief de la rébellion dans l'Est, selon le ministère français des Affaires étrangères, qui a précisé que quatre autres ressortissants français avaient été interpellés au cours du même contrôle.

Après plus de deux mois de combats dans Misrata puis autour de la ville assiégée, les rebelles ont pris mercredi l'aéroport, au sud de Misrata, repoussant les pro-Kadhafi suffisamment loin pour que la majeure partie de la ville se trouve hors de portée de leurs roquettes.

Selon Salah Badi, responsable de l'offensive rebelle dans la zone de l'aéroport, les forces gouvernementales se sont regroupées à Zliten, ville à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Misrata. Il a assuré que les insurgés, qui ont déjà progressé d'une petite vingtaine de kilomètres en direction de Zliten, allaient désormais concentrer leurs efforts sur ce front, le long de la route côtière qui mène à Tripoli, à environ 150 km à l'ouest de Zliten.

Complexe de Kadhafi à Tripoli touché

Dans l'Est, au moins trois roquettes sont tombées jeudi sur Ajdabiya, carrefour stratégique aux mains des rebelles à 160 km au sud-ouest de Benghazi, sans toutefois faire de victime. Dans cette zone un temps très disputée, des combats sporadiques se poursuivent et la ligne de front se déplace régulièrement entre Ajdabiya et le site pétrolier de Brega, tenu par les pro-Kadhafi 80 km plus à l'ouest.

Par ailleurs, "au cours d'un contrôle de police à Benghazi la nuit dernière, cinq ressortissants français ont été interpellés. L'un d'entre eux a été blessé par balle et est décédé dans la nuit à l'hôpital", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. Il n'a donné aucune indication quant aux identités et raisons de la présence de ces Français à Benghazi. Plusieurs anciens militaires français travaillent à Benghazi comme employés de sociétés privées de sécurité.

A Tripoli, des frappes aériennes ont touché jeudi matin le complexe résidentiel du colonel Kadhafi dans la zone de Bab al-Aziziya, faisant trois morts - deux journalistes et leur guide - et 27 blessés, selon un porte-parole du gouvernement.

Lors d'une visite guidée du site, un journaliste de l'AFP a pu voir un bâtiment endommagé et deux cratères formés par des frappes. L'OTAN s'est en revanche défendue d'avoir ciblé l'ambassade de Corée du Nord, qui pourrait avoir été touchée lors du raid ayant visé dans la nuit un centre de "commandement dans le centre de Tripoli, utilisé pour coordonner les attaques contre les populations civiles".

A la TV, le colonel a salué les chefs tribaux et s'est ensuite entretenu avec eux. [Reuters - � Reuters TV / Reuters]
A la TV, le colonel a salué les chefs tribaux et s'est ensuite entretenu avec eux. [Reuters - � Reuters TV / Reuters]

Mercredi soir, la télévision d'Etat libyenne a diffusé des images du colonel Kadhafi, les premières depuis une frappe de l'Otan, le 30 avril, qualifiée par le régime de tentative de l'assassiner. Un fils, Seïf al-Arab, et trois petits-enfants du dirigeant avaient péri dans ce raid.

L'OTAN répète qu'elle ne vise pas des personnes mais des cibles "militaires". Mais lors d'une visite à Londres, le président du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion à Benghazi, Moustapha Abdeljalil, a estimé que Kadhafi était "une cible légitime" pour l'Otan, car il "est le commandant en chef des forces armées".

La rébellion à la Maison Blanche

Lors de cette visite, le Premier ministre britannique David Cameron a invité le CNT à ouvrir à Londres son premier bureau de représentation en Europe et promis plusieurs millions de livres d'équipements pour la police de Benghazi, ainsi que du matériel de communication pour la rébellion.

Le CNT, qui a annoncé jeudi la nomination de nouveaux "ministres", notamment à l'Intérieur et à la Défense, a été reconnu comme seul interlocuteur légitime en Libye par la France, l'Italie, la Gambie et le Qatar. L'Allemagne a annoncé de son côté l'ouverture d'un bureau de liaison à Benghazi, suivant ainsi l'Union européenne.

Le chef de la diplomatie de la rébellion, Mahmoud Jibril, sera reçu pour sa part vendredi à la Maison Blanche par le conseiller du président Barack Obama pour la Sécurité nationale, Tom Donilon. Depuis le début de la révolte, les violences ont fait des milliers de morts selon le procureur de la Cour pénale internationale, et poussé près de 750.000 personnes à fuir, selon l'ONU.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a demandé jeudi un "cessez-le-feu immédiat" dans les montagnes de l'ouest de la Libye afin de pouvoir livrer l'aide humanitaire.

afp/olhor

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Mandat d'arrêt contre Khadafi?

Le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini a affirmé jeudi soir qu'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi est "probable" à "la fin de ce mois", selon l'agence de presse Ansa.

"Si je devais vous donner un paramètre de temps sur la fin de la mission (italienne, ndlr) en Libye, il y a un moment-clé, c'est-à-dire à la fin de ce mois, quand, selon toutes les probabilités, le procureur de la Cour pénale internationale émettra des mandats d'arrêt contre le colonel Kadhafi et certains membres de son régime, peut-être des membres de sa famille", a déclaré le chef de la diplomatie italienne.

Franco Frattini s'exprimait à Cagliari, en Sardaigne, dans le cadre d'une manifestation électorale pour les élections locales partielles de dimanche et lundi prochain.

Escarmouches entre navires

Des navires britannique, canadien et français patrouillant au large de la Libye ont répliqué à des tirs d'embarcations rapides des forces pro-Kadhafi quelques heures après la prise de l'aéroport de Misrata par les insurgés, a indiqué jeudi l'Otan.

La frégate canadienne Charlottetown et le destroyer britannique Liverpool, tous deux sous commandement de l'Otan, ainsi qu'un bâtiment français sous commandement national, ont essuyé des tirs de plusieurs embarcations rapides, au moment où les insurgés célébraient la prise de la ville portuaire, située à environ 200 km à l'ouest de Tripoli, selon un communiqué de l'Otan.

Les forces navales du régime du colonel Mouammar Kadhadfi ont couvert leur retraite en tirant "avec de l'artillerie et des batteries anti-aériennes en direction des bâtiments alliés", entraînant une brève riposte du Charlottetown et du Liverpool, ajoute le texte, précisant qu'aucun des navires alliés n'a été atteint.