Les forces de sécurité et l'armée ont été déployées dans les principaux foyers de contestation vendredi après un appel à la mobilisation lancé sur la page Facebook, "The Syrian Revolution 2011".
Le ministre syrien de l'Information Adnane Mahmoud a annoncé devant la presse qu'un "dialogue national global va commencer dans les prochains jours dans tous les gouvernorats". Cette promesse intervient alors que le président Bachar el-Assad est aux prises avec une révolte sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 2000 qui a fait, selon des organisations des droits de l'homme, au moins 700 morts.
L'écrivain et opposant syrien Louaï Hussein a jugé "inutile" le dialogue proposé par le ministre. "Il n'y aura pas de dialogue sans la libération de tous les détenus politiques, l'autorisation de réunions et de manifestations pacifiques", a affirmé Louaï Hussein. Selon l'opposition, des milliers de personnes ont été arrêtées depuis le début des troubles en Syrie le 15 mars.
Le président de l'organisation nationale des droits de l'Homme, Ammar Qorabi, a confirmé les deux décès à Homs, et indiqué qu'un troisième protestataire avait péri, à Damas. "Un manifestant a été tué vendredi par les tirs des agents de sécurité dans le quartier de Qaboun à Damas, lors de la dispersion d'une manifestation", a déclaré ce militant à l'AFP.
Poursuite des manifestations
D'autres manifestations ont réuni des milliers de personnes à Deraa (sud), Qamichli, Derbassyié et Amouda (nord-est), à Saqba, près de Damas et à Hama à 210 km au nord de la capitale. "Les forces de sécurité tirent en l'air à l'arme automatique à Deraa pour disperser des milliers de manifestants", a déclaré à l'AFP un militant de cette ville du sud, où le mouvement de contestation est né à la mi-mars.
Selon Louaï Hussein, le président Assad avait pourtant donné instruction aux forces de l'ordre de ne pas ouvrir le feu sur les manifestants. Une conseillère du président, "Bouthaïna Chaabane, m'a affirmé lors d'une conversation téléphonique que des ordres présidentiels stricts avaient été donnés de ne pas ouvrir le feu sur les manifestants", a annoncé Louaï Hussein sur sa page Facebook.
A Qamichli, à majorité kurde, près de 3000 personnes ont manifesté après la prière, selon un autre militant. "Par notre âme et par notre sang, nous nous sacrifierons pour Deraa", ont scandé les manifestants, selon une vidéo diffusée sur Youtube. Les manifestants portaient également un immense drapeau syrien sur lequel était écrit +Azadi+ ("liberté", en kurde), selon la vidéo.
Forces de sécurité répressives
En outre, des centaines de personnes ont manifesté à Jdaidet-Artouz, à 11 km au sud de Damas, "appelant à la chute du régime", a déclaré un autre militant. Un millier de manifestants ont également défilé à Saqba, près de la capitale, où "d'importants renforts sont entrés", selon des militants.
Dans la ville de Hama, la police a dispersé plusieurs manifestations à coups de bâton, gaz lacrymogène et canon à eau. L'une des manifestations a eu lieu devant le siège de la mairie, où les manifestants ont déchiré le portrait du président Bachar al-Assad avant d'être dispersés par les forces syriennes, selon un militant.
Dans tous les foyers de la contestation, "il y a un important déploiement des agents des forces de sécurité", a affirmé à l'AFP un militant. Selon un des militants, les arrestations se poursuivaient également à travers le pays, de Deir Ezzor (est) à Lattaquié (nord-ouest) et de Qamichli à Deraa.
afp/olhor
700 à 850 morts selon des estimations d'ONG
Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme s'est dit "extrêmement préoccupé" par les informations d'ONG faisant état de 700 à 850 morts parmi les manifestants et a appelé Damas à cesser d'essayer de "faire taire les opposants".
Le ministère britannique des Affaires étrangères a annoncé qu'il avait convoqué l'ambassadeur de Syrie, menaçant le régime de "nouvelles sanctions". Et l'Australie a dit qu'elle allait durcir ses sanctions financières contre Damas.