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Un séisme politique à un an de la présidentielle

Des USA à la Chine, toute la presse dominicale fait ses gros titres avec "l'affaire DSK". [Emmanuel Dunand]
Des USA à la Chine, toute la presse dominicale fait ses gros titres avec "l'affaire DSK". - [Emmanuel Dunand]
Moins d'un an avant la présidentielle, l'inculpation de Dominique Strauss-Kahn, qui faisait figure de grand favori, est un séisme dans la vie politique française. L'avenir politique du patron du FMI est très compromis et, de l'avis général dans les médias, la donne est de toute manière complètement modifiée.

"Quelle que soit l'issue de l'affaire de samedi, elle risque fort de bouleverser le monde politique français et de mettre le parti socialiste dans l'embarras", juge le New York Times dans son édition de dimanche. L'inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle aux Etats-Unis (lire la page Affaire Strauss-Kahn), qui fait les gros titres de toute la presse américaine, rebat en effet complètement les cartes de l'élection présidentielle de 2012, pour laquelle il partait favori.

"Cette nuit, en quelques instants, DSK risque d’avoir tout perdu: le FMI, sa réputation, l’élection présidentielle, l’honneur des siens", note de son côté Libération, qui titre "Immense gâchis" sur son site internet et qui parle d'une "sortie de route" qui dynamite toute la campagne.

Le Figaro va dans le même sens, estimant que "sa carrière va s'arrêter beaucoup plus tôt que prévu", que le PS ne prendra jamais le risque de prendre Dominique Strauss-Kahn comme candidat quelle que soit la réalité des faits qui lui sont reprochés. Et de juger que cette affaire va jeter le discrédit sur toute la classe politique française.

"C'est fini pour Strauss-Kahn"

Interrogé par reuters, Jean-Thomas Lesueur, de l'institut Thomas More, club de réflexion basé à Bruxelles et Paris, juge que "c'est fini, incontestablement trop tard" pour Dominique Strauss-Kahn. "Sa non campagne est terminée", a-t-il ajouté. "C'est un bouleversement complet du plan de campagne, ça change la donne pour tout le monde".

Dominique Strauss-Kahn, le 2 septembre 2010 à Washington
Dominique Strauss-Kahn, le 2 septembre 2010 à Washington

Pour le journaliste Philippe Martinat, auteur de "DSK-Sarkozy, le duel" interrogé par ap, il est possible que cette affaire signifie la fin de sa carrière politique. "Il traîne derrière lui d'autres affaires qui ont été plus ou moins étouffées, et donc je vois mal comment aujourd'hui il peut remonter la pente: hélas pour lui si c'est une machination et tant pis pour lui si, effectivement, il s'est livré à ces faits-là. Je crois que sa carrière politique est finie", a-t-il estimé.

"Il y a une secousse considérable, mais on a du mal à être certain de l'étendue des dégâts", analyse le politologue Jean-Daniel Lévy, aussi interrogé par reuters. "A ma connaissance, c'est la première fois qu'un responsable politique de haut plan, indépendamment du jugement, est inculpé pour des affaires qui apparaissent comme relativement graves", a-t-il commenté.

Coup de tonnerre au Parti socialiste

Si la carrière de Dominique Strauss-Kahn va assurément être freiné, ce cyclone sans précédent dans la vie politique française est aussi un coup de massue pour le Parti socialiste, même si la dirigeante du parti Martine Aubry à appeler ses troupes à rester unies. Beaucoup plaçaient en effet tous leurs espoirs dans l'ancien ministre de l'Economie pour reconquérir le pouvoir face au président sortant Nicolas Sarkozy, dont la candidature ne fait guère de doute.

Le Parti socialiste dirigé par Martine Aubry est le grand vainqueur de ce second tour. [REUTERS - � Stringer France / Reuters]
Le Parti socialiste dirigé par Martine Aubry est le grand vainqueur de ce second tour. [REUTERS - � Stringer France / Reuters]

De l'avis du politologue Stéphane Rozès, interrogé par Le Nouvel Observateur, "la personnalité qui profiterait le plus de cette situation en termes de regard, et pas forcément en termes de popularité, c'est plutôt François Hollande". "Martine Aubry va devoir elle garder la maison en cette période agitée, c'est-à-dire rester à la tête du Parti socialiste. Elle va intervenir comme dirigeante", a-t-il jugé.

Si la question d'une candidature se pose néanmoins plus que jamais pour Martine Aubry, "l'affaire DSK" pourrait pousser de nouveaux prétendants à se déclarer, comme le député Pierre Moscovici, un proche du directeur général du FMI, ou le porte-parole du PS Benoît Hamon.

Une élite qui vit dans un autre monde

Pour Stéphane Rozès, la classe politique véhicule, depuis les années 90 "une image d'élite, des politiques qui vivent dans un autre monde où les intérêts financiers, politiques et personnels se croisent et où le sentiment de toute-puissance" domine.

A droite, on se refuse à tirer des conclusions électorales en invoquant la présomption d'innocence. Mais s'il est avéré que "DSK" est "hors jeu, c'est sur le court terme un candidat sérieux qui se retire pour Nicolas Sarkozy", selon Jean-Daniel Lévy.

"Mais ça ne change pas un des enjeux qui repose sur les épaules de Nicolas Sarkozy: apparaître comme étant un homme d'Etat qui rassemble les Français et qui noue des perspectives à caractère politique", ajoute-t-il.

boi avec ats

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