"Dominique Strauss-Kahn savait qu'il était lui-même son plus dangereux ennemi. DSK out, restent un champ de ruines et la primaire, plus que jamais nécessaire", écrit Libération, qui souligne un "immense gâchis", évoquant l'arrestation du patron du Fonds monétaire international (lire: Affaire Strauss-Kahn). La Nouvelle République du Centre Ouest décrit un "idéal scénario d'une très mauvaise série B" tandis que Le Maine Libre se demande si DSK est "tombé dans un piège, digne d'un improbable thriller hollywoodien".
"L'humiliation"
Pour le Figaro, il est évident que "Dominique Strauss-Kahn ne sera pas le prochain président de la République française". "La gauche voit disparaître le scénario annoncé par les instituts de sondage, qui prédisaient pour DSK une quasi-élection de maréchal au printemps 2012", selon le quotidien.
Le Monde s'interroge de son côté dans son éditorial sur "le temps médiatique et le temps juridique", soulignant que DSK est déjà condamné dans la presse alors même que pour l'heure, les faits ne sont pas avérés. Et de poursuivre: "Le temps juridique est un temps long. A l'issue du procès, M.Strauss-Kahn peut être totalement disculpé. (...) Le temps médiatique, on le sait, n'existe pas, ou plus. En ce domaine, règne une seule unité de compte: la nanoseconde. Par la grâce de Twitter et autres merveilles de la communication électronique instantanée, le récit est "en direct". Qu'on s'en félicite ou qu'on y voie les prémices de quelque chose de cauchemardesque, peu importe: c'est ainsi."
"A qui profite le scandale?", s'interroge Presse Océan. "Le principal bénéficiaire de l'élimination probable de DSK s'appelle Nicolas Sarkozy." Certains journaux, comme Les Dernières Nouvelles d'Alsace, estiment que l'"élimination (de DSK) n'est ni une mauvaise affaire pour le PS, ni une bonne pour Nicolas Sarkozy. "Il n'y a sans doute rien à regretter de voir DSK s'effacer d'un paysage qui n'a pas fini de se transformer. Cet homme brillant était assurément dangereux pour son camp".
La Croix, comme d'autres journaux, évoque aussi "l'humiliation". "Une humiliation pour DSK et pour les siens, s'il est innocent. Une humiliation pour la France, dans tous les cas et au-delà des clivages politiques, car l'image de notre pays s'en trouve d'ores et déjà altérée".
"Les histoires de trop"
Sur le net aussi, l'affaire, qui s'est ébruitée en France à partir du tweet d'un étudiant UMP en sciences politiques, rapporte Libération sur son site dans un article sur la théorie du complot, fait grand bruit. Rue89 évoque le passé de séducteur de Dominique Strauss-Kahn. Pour le site, "le problème de l'affaire Dominique Strauss-Kahn, c'est qu'elle vient s'ajouter à beaucoup trop de précédents". Et d'évoquer les affaires qui émaillent le parcours du patron du FMI.
Mediapart revient sur "le coup de tonnerre" qu'a provoqué l'arrestation à New York de Dominique Strauss-Kahn, parlant d'un Parti socialiste "sonné". Aux Etats-Unis également, l'arrestation du socialiste français Dominique Strauss-Kahn fait la Une des médias (lire: Strauss-Kahn inculpé). Quant à la presse européenne, elle s'inquiète des conséquences économiques de ce scandale, notamment pour la Grèce (lire ci-contre).
"Un incroyable désastre"
En Suisse aussi, l'affaire fait la Une des journaux (écouter la revue de presse de la RSR ci-jointe). Le Temps évoque un "incroyable désastre" et se demande "à qui profitera ce mauvais coup de théâtre?". Le Matin se demande si DSK est "malade", s'il est "assez fou pour commettre un viol sur une femme de chambre? Mettant ainsi en péril toute sa carrière et l'avenir même du "renouveau socialiste" en France?".
24heures et la Tribune de Genève se demandent aussi "à qui profite le scandale?", affirmant, à l'instar de ses confrères, que "pour l'élection présidentielle de 2012, les cartes sont rebattues". Pour les quotidiens romands, c'est François Hollande qui "paraît l'un des principaux bénéficiaires" de cette affaire: "désormais, il devient la meilleure chance socialiste pour remporter l'élection de 2012", écrivent 24heures et la Tribune de Genève.
Dans un éditorial commun, La Liberté et Le Courrier écrivent que Dominique Strauss-Kahn peut "faire une croix sur ses ambitions présidentielles et nourrir des soucis quant à son avenir tout court". Le Quotidien Jurassien note que l'absence probable de DSK "du jeu élyséen de 2012 redistribuerait les cartes au-delà du PS", et que ce serait le centre qui en profiterait, peut-être notamment Jean-Louis Borloo.
L'Express, qui évoque le "Sofitelgate", note que "l'opinion ne tolère plus ce genre de gaudrioles désormais perçues comme des outrages aux moeurs et aux devoirs d'une charge" et estime que Dominique Strauss-Kahn "aura bien du mal à se relever d'un tel scandale qui risque de briser non seulement la carrière, mais l'homme".
Enfin, L'Agefi estime de son côté que le FMI, "en position plus que délicate", va pâtir de cette affaire, jugeant que le Fonds monétaire international "traversait déjà une des phases les plus critiques de son histoire avec la crise financière endurée par la zone euro".
hof, avec ats et afp
La presse européenne s'inquiète des conséquences économiques de l'affaire
Ailleurs en Europe, la presse s'inquiétait aussi des conséquences économiques, notamment pour la Grèce, de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn.
En Grèce, la presse estime que l'absence de DSK va compliquer les efforts du gouvernement pour obtenir un nouveau soutien de ses partenaires face à ses difficultés financières, et peser au détriment de l'influence européenne au sein du FMI.
En Allemagne, les journaux économiques Handelsblatt et Financial Times Deutschland soulignent que cette affaire arrive à un très mauvais moment, alors que les discussions sur la dette grecque battent leur plein.
En Espagne, El Mundo évoque un scandale qui "secoue le FMI en pleine crise" et El Pais écrit que "ni le socialisme français ni le FMI ne peuvent couvrir un Strauss-Kahn accusé de violence sexuelle".
En Italie, le Corriere della Sera souligne, lui, que l'arrestation d'un dirigeant de stature et responsabilité mondiale ternit l'image de la France, s'inquiétant de l'impact sur la crise de la dette européenne. Pour La Repubblica, "la crise économique perd son metteur en scène", parlant "d'immense vide au sommet du FMI, justement dans un moment crucial pour le sauvetage de la Grèce et la stabilité de la zone euro".
Aux Pays-Bas, le quotidien chrétien Trouw écrit également que quoiqu'il se soit exactement passé, DSK "va devoir abandonner son ambition de devenir président de la République française".
Au Portugal, le quotidien de référence Publico estime "qu'en tant que directeur du FMI, il était devenu un allié vital de l'Europe... et a été un défenseur du soutien aux économies les plus fragiles telles que le Portugal et la Grèce".
En Roumanie, pays qui sort tout juste d'un programme d'aide de deux ans sous l'égide du FMI et de l'UE la presse juge également qu'elle met fin "à la carrière politique du chef du FMI".
En Grande-Bretagne, le Times écrit que "le départ attendu de Dominique Strauss-Kahn ravive un cauchemar socialiste: leur élimination au premier tour (de la présidentielle) et une lutte au second tour entre le très impopulaire Nicolas Sarkozy et le leader de l'extrême-droite qui sème la discorde".
Même tonalité en Russie où, pour le journal officiel russe Rossiïskaïa Gazeta, "une femme de chambre new-yorkaise peut priver la France d'un candidat à la présidentielle".
Enfin en Belgique, La Libre Belgique titre "rideau sur une ambition" estimant que l'arrestation et l'inculpation de DSK "mettent aussi le FMI en difficulté".