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Crash du vol Rio-Paris: les boîtes noires sont lisibles

Une des boîtes noires de l'A330 d'Air France repêchée dimanche 01.05.2011. [AP/Keystone - Johann Peschel]
Une des boîtes noires - qui sont en réalité rouges - repêchées 23 mois après le crash du vol Rio-Paris. - [AP/Keystone - Johann Peschel]
Les enquêteurs français ont franchi une étape majeure pour lever le mystère de la catastrophe du vol Rio-Paris, en parvenant à récolter toutes les données renfermées par les boîtes noires de l'Airbus A330 d'Air France, dont la chute a fait 228 morts il y a près de deux ans.

Après 23 mois au fond de l'Atlantique, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a annoncé avoir réussi ce week-end à extraire l'intégralité des données contenues dans les enregistreurs de vol, dans un communiqué publié lundi.

L'analyse durera plusieurs semaines

L'analyse de ces données devrait "durer plusieurs semaines" et un premier rapport sera publié cet été, a précisé le BEA, chargé de l'enquête technique. Pour les familles, "c'est une bonne nouvelle, surtout après ces deux années éprouvantes", a expliqué Jean-Baptiste Audousset, président de l'association "Entraide et Solidarité AF447".

Les boîtes noires, élément clé pour comprendre un accident aérien, ont été repêchées début mai et sont arrivées en France jeudi. Après un séjour record de 23 mois à 3900 mètres de profondeur, la crainte qu'elles ne soient pas exploitables hantait les esprits.

"Maintenant, on entre dans une nouvelle étape. Nous n'avons pas de position de vengeance (...) mais ce que nous voulons surtout, c'est pouvoir en tirer les conséquences, le but final de notre action étant d'améliorer la sécurité aérienne" a précisé Jean-Baptiste Audousset.

Jusqu'ici, les enquêteurs ont déterminé que le dysfonctionnement (givrage à haute altitude) des sondes de vitesse de l'appareil, dites sondes Pitot, du fabricant Thales, était une des défaillances établies de la catastrophe. Mais ils considèrent que leur dysfonctionnement ne peut expliquer à lui seul l'accident.

Pour en savoir beaucoup plus

Les données des deux enregistreurs vont permettre d'en savoir beaucoup plus. Le FDR (Flight Data Recorder) a enregistré tous les paramètres de vol de l'avion (vitesse, altitude, trajectoire, etc.). Le CVR (Cockpit Voice Recorder) comprend les conversations des pilotes, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage.

Ces enregistrements permettront de vérifier des hypothèses qui ne sont pas vérifiables autrement, explique Pierre Sparaco, membre de l'Académie de l'air et de l'espace. Par exemple, de "vérifier qu'il y a bien deux pilotes dans le cockpit. S'il y a un silence absolu, c'est peut-être parce qu'il n'y a qu'un seul pilote. C'est un équipage à trois, a priori ils sont toujours deux dans le cockpit", selon Pierre Sparaco.

Autant d'éléments qui pourront aussi faire avancer l'enquête judiciaire, chargée de déterminer les causes et les responsabilités dans cet accident, survenu le 1er juin 2009. Dans ce volet, Airbus et Air France ont été récemment mis en examen pour homicides involontaires. Pour Airbus, "la lecture des boîtes reste l'unique moyen de faire la lumière sur l'enchaînement des causes qui ont précédé ce drame", a déclaré un porte-parole de l'avionneur européen.

Un coût record

La ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet et le ministre des Transports Thierry Mariani se sont de leur côté réjouis de cet avancement. "Cette campagne de recherche en mer, près de deux ans après cette tragédie, est un succès opérationnel, inédit techniquement. Cela prouve que nous avions raison de consentir tant d'efforts pour faire la lumière sur cet accident", écrit la ministre de l'Ecologie dans un communiqué.

Les recherches effectuées pour retrouver les boîtes noires ont coûté plus de 35 millions d'euros, un montant record pour la France, réparti entre l'Etat, Airbus et Air France.

afp/hof

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