Le juge du tribunal pénal de Manhattan a accepté jeudi à New York de remettre en liberté Dominique Strauss-Kahn contre une caution d'un million de dollars et une garantie de cinq millions, qui sera saisie par la justice en cas de violation des conditions de libération.
Bracelet électronique
Concrètement, Dominique Strauss-Kahn va passer la nuit de jeudi à vendredi dans la prison de Rikers Island et la libération sous caution sera signée vendredi. Il sera ensuite assigné à résidence 24 heures sur 24 dans l'appartement loué par son épouse Anne Sinclair à New York. Le juge a décidé que le Français sera équipé d'un bracelet électronique et qu'il devait avoir en permanence, et à ses frais, un gardien armé auprès de lui.
La prochaine audience a été fixée au 6 juin. Si DSK, qui a toujours clamé son innocence, plaide non coupable, un procès sera organisé. S'il plaide coupable, il éviterait un procès et pourrait négocier une peine avec la justice américaine.
Un "homme respectable"
Durant l'audience, la défense a plaidé pour que le tribunal accorde la liberté sous caution à Dominique Strauss-Kahn, estimant qu'il est un "homme respectable" et qu'il ne tentera pas de prendre la fuite. Le procureur a en vain rétorqué que DSK dispose "de moyens personnels, politiques et financiers pour fuir".
DSK a déjà remis son passeport français à la justice américaine et s'est engagé à remettre aussi tous ses documents de voyage de l'ONU aux autorités afin de prouver qu'il ne quittera pas le territoire américain pendant la durée de la procédure judiciaire.
Surtout, il a dit "renoncer volontairement à toute procédure d'extradition de toute sorte", dans une déclaration au tribunal sous serment. Il devait passer une nouvelle nuit en prison avant le paiement de la caution vendredi.
Inculpation par le grand jury
Le tribunal avait auparavant signifié au socialiste français que la chambre d'accusation (ou grand jury) avait décidé de l'inculper à la suite des accusations de viol et agressions sexuelles portées contre lui par une femme de chambre d'hôtel. Cela signifie que DSK, qui avait annoncé sa démission de ses fonctions de directeur général du Fonds monétaire international en matinée (lire: Affaire DSK), passera en procès à moins qu'il ne plaide coupable.
La décision a été prise en secret par le grand jury, instance qui réunit des citoyens en secret et en dehors de la présence d'un juge. Il avait entendu mercredi la victime présumée, une immigrée guinéenne de 32 ans et avait jusqu'à vendredi au plus tard pour la communiquer.
Les chefs d'accusation sont au nombre de sept et comprennent notamment l'acte sexuel criminel au premier degré, la tentative de viol au premier degré, l'agression sexuelle au premier degré, l'emprisonnement illégal au second degré et les attouchements non-consentis.
Anne Sinclair présente
A son arrivée à la salle d'audience, sans menottes, DSK a adressé un sourire et un petit signe de la main à sa femme Anne Sinclair, présente dans la salle. Celle-ci était arrivée peu avant, accompagnée de la fille de DSK.
Toutes les deux étaient assises dans la salle d'audience, devant une centaine de journalistes, Anne Sinclair tenant la main de sa belle-fille.
Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, a été incarcéré lundi dans une cellule individuelle de la prison de Rikers Island, à New York, l'un des plus grands complexes pénitentiaires des Etats-Unis. S'il devait être condamné pour l'ensemble des chefs d'accusation dont il fait l'objet, le Français risquerait jusqu'à 74 ans de prison.
agences/boi
Deux autres affaires examinées
Selon des sources proches de l'enquête, la police américaine examine actuellement au moins deux affaires antérieures concernant Dominique Strauss-Kahn.
On a indiqué jeudi que les enquêteurs se penchent sur l'affaire Piroska Nagy, une économiste du FMI avec laquelle DSK avait eu une relation extra-conjugale en 2008.
La police examine également sur les informations selon lesquelles l'ex-patron du FMI aurait eu au moins une fois par le passé un "comportement similaire" à celui dont il est accusé à New York, a déclaré cette semaine un procureur de Manhattan, sans donner alors de précisions.
Il semble que l'on faisait allusion à l'affaire Tristane Banon, jeune journaliste et écrivaine française qui a affirmé en 2007 que Dominique Strauss-Kahn l'avait agressée sexuellement en 2002.
Tristane Banon n'a pas déposé plainte contre Strauss-Kahn après l'incident présumé, mais son avocat a indiqué lundi qu'elle pourrait le faire désormais.