Durant sa prise de parole, Barack Obama est revenu en détail sur les épisodes du printemps arabe, tirant la leçon que faute d'un changement d'approche, l'Amérique ferait face à une profonde rupture avec le monde arabe.
"Les Etats-Unis soutiennent un ensemble de droits universels" valables "que l'on vive à Bagdad ou à Damas, à Sanaa ou à Téhéran", a affirmé le président américain.
Le locataire de la Maison Blanche a dévoilé un plan d'aide économique de plusieurs milliards de dollars, initialement destiné à l'Egypte et à la Tunisie, avec l'objectif affiché de soutenir le processus de démocratisation.
Libye, Syrie, Bahreïn, Yémen
Déplorant la violence d'Etat qui s'est manifestée au fil des révoltes, Barack Obama a jugé que "l'exemple le plus extrême est la Libye, où Mouammar Kadhafi a engagé une guerre contre ses propre concitoyens, promettant de les chasser comme des rats". Sans l'intervention de l'OTAN, "des milliers auraient été tués" selon lui.
Le président syrien Bachar al-Assad, sanctionné personnellement mercredi par les Etats-Unis, était également visé par le président américain. "Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie", a lancé Barack Obama: "Le président Assad est maintenant face à un choix. Il peut diriger la transition ou s'écarter". L'élu démocrate a exigé la fin des violences contre les manifestants et la libération des prisonniers politiques. Il a par ailleurs accusé la Syrie de "suivre son allié iranien", qui l'aide selon lui à organiser la répression.
Barack Obama n'a pas non plus retenu ses coups pour évoquer la situation à Bahreïn, un allié précieux des Etats-Unis dans le Golfe persique. Il a réclamé un "vrai dialogue" entre le pouvoir et l'opposition. Il a enfin rappelé que le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, devait respecter ses engagements concernant la transition du pouvoir.
Un Etat palestinien selon les frontières de 1967
Le président américain, qui recevra vendredi le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu, a évoqué également le processus de paix israélo-palestinien. Il s'est élevé contre les efforts que pourraient engager les Palestiniens pour isoler Israël lors de la prochaine assemblée générale de l'ONU en septembre.
"Pour les Palestiniens, des efforts visant à priver Israël de sa légitimité tourneront à l'échec. Les actes symboliques destinés à isoler Israël aux Nations unies en septembre ne créeront pas un Etat indépendant", a-t-il dit, en réaffirmant le caractère inébranlable de l'engagement des Etats-Unis aux côtés d'Israël. Selon lui, tout accord créant un Etat de Palestine doit s'appuyer sur les lignes de 1967, moyennant des échanges de territoires.
Réactions contrastées au Proche-Orient
Le Premier ministre israélien a immédiatement réagi en écartant tout "retrait aux lignes de 1967". Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, qui a convoqué la direction palestinienne pour "une réunion d'urgence" après le discours du président américain, a appelé Israël à "donner au processus de paix la chance qu'il mérite".
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a lui appelé Barack Obama à "des actes concrets pour protéger les droits des Palestiniens et de la nation arabe" et à "ne pas ajouter des slogans". Il a en outre rejeté les appels du président américain à reprendre les négociations de paix et à reconnaître Israël.
ats/boi
Obama évoque aussi la mort de Ben Laden
Revenant aussi sur la mort d'Oussama Ben Laden sous les balles d'un commando américain, Barack Obama a souligné que le chef d'Al-Qaïda "rejetait la démocratie et les droits individuels pour les musulmans au profit d'un extrémisme violent".
Aujourd'hui, a-t-il insisté, les Arabes voient l'extrémisme d'Al-Qaïda comme "une impasse". Ben Laden est "un meurtrier de masse", et dès avant sa mort, son réseau "perdait sa lutte car l'immense majorité des gens ont vu que le massacre d'innocents ne répondait pas à leur quête d'une vie meilleure", a-t-il affirmé.