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L'armée syrienne tire sur la foule: 34 morts

Depuis 2 mois, les Syriens sont très nombreux dans les rues. [youtube]
Depuis 2 mois, les Syriens sont très nombreux dans les rues. - [youtube]
Les forces de sécurité syriennes ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants vendredi, causant la mort d'au moins 34 personnes, dont un enfant. Le pouvoir continue d'ignorer les appels internationaux appelant à arrêter la répression, dont celui de Barack Obama jeudi.

A l'appel de l'opposition pour un "Vendredi de la liberté" et de l'unité nationale, des milliers de personnes ont manifesté, en particulier à Homs (centre), Deraa (sud), Banias (nord-ouest) et Qamichli (nord). Des manifestations ont aussi eu lieu près d'Alep, deuxième ville du pays, et à Damas, des cités jusqu'à présent globalement épargnées par les protestations.

Bain de sang à Homs

Onze personnes, dont un enfant, ont été tuées par les forces de sécurité qui ont tiré sur les manifestants à Homs, l'un des foyers de la contestation assiégé depuis une dizaine de jours par l'armée, a déclaré un militant.

"Le peuple veut la chute du régime", ont scandé les manifestants, en grande majorité des hommes, à Homs avant que le bruit de tirs ne retentisse et la foule ne se disperse, selon une vidéo diffusée par des militants sur internet. On y voit en arrière-plan deux véhicules de police garés en travers de la rue.

Les forces de sécurité ont également tiré sur la foule à Banias, où hommes, femmes et enfants avaient scandé des slogans hostiles au régime et en faveur des libertés, selon d'autres militants, mais aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat. Certains protestataires portaient des branches d'olivier et des hommes ont défilé torse nu pour montrer qu'ils n'étaient pas armés, contrairement aux accusations du régime.

Manifs dans tout le pays

Dix civils sont morts dans la localité de Maaret al-Naamane près de la ville d'Idlib (ouest), également théâtre de manifestations, deux dans la région de Deraa (sud), berceau de la contestation, un à Daraya, une banlieue de Damas, et trois autres à Lattaquié (nord-ouest), le principal port du pays. Des manifestations ont eu lieu également à Douma, près de Damas, à Jableh (ouest), Amouda et Derbassiyeh (nord-est).

A Hama (centre), des forces anti-émeutes portant casques et boucliers, de même que d'autres membres des forces de sécurité en tenue militaire, ont tiré sur les manifestants, selon les images d'une autre vidéo mise en ligne par les militants.

Dans la localité kurde de Aïn Arab, près d'Alep, des centaines d'opposants ont scandé "Non à la violence, Oui au dialogue", "Nous voulons la liberté", a dit une organisation kurde, alors que dans une banlieue de Damas, Saqba, des centaines de manifestants ont crié "Bye-bye Bachar".

Washington hausse le ton en vain

Alors que depuis le début du soulèvement, le régime attribue les troubles à "des gangs criminels armés" ou à des "groupes terroristes", la télévision d'Etat a montré des images de plusieurs manifestations, en affirmant qu'elles étaient pacifiques et en minimisant leur portée. Elle n'a pas parlé de victimes. Les restrictions imposées aux médias étrangers par le régime empêchaient toute vérification indépendante sur le terrain.

La répression du mouvement d'opposition a fait depuis le 15 mars au moins 850 morts et entraîné plus de 8000 arrestations, selon des ONG et l'ONU. Elle a poussé des milliers de Syriens à prendre le chemin de l'exode, notamment les habitants de la ville frontalière avec le Liban, Tall Kalakh.

D'abord prudents, les Etats-Unis ont haussé le ton. "Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie. Le gouvernement doit cesser de tirer sur les manifestants et autoriser les protestations pacifiques", a dit Barack Obama, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines contre Bachar al-Assad. Mais les autorités syriennes ont rejeté cet appel en affirmant qu'Obama n'avait pas à "dire à un pays souverain ce qu'il devait faire".

afp/boi

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