"Le temps est venu de renouer avec les valeurs profondes de notre belle Côte d'Ivoire et de rassembler les Ivoiriens", a dit Alassane Ouattara dans son discours (lire encadré). Il venait d'être solennellement investi devant une vingtaine de chefs d'Etat africains, ainsi que le président français Nicolas Sarkozy et le chef de l'ONU Ban Ki-moon.
Plusieurs milliers de personnes chantaient et dansaient dans une ambiance très festive aux abords du site de la Fondation Félix Houphouët-Boigny. La cérémonie était placée sous haute surveillance des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FCRI) et des Casques bleus de l'Onuci.
Après six mois de crise
Alassane Ouattara, 69 ans, a été investi près de six mois après l'élection présidentielle du 28 novembre, perdue par son rival Laurent Gbagbo. Celui-ci avait refusé de quitter le pouvoir, plongeant le pays dans une grave crise et des violences qui ont fait près de 3000 morts, selon le nouveau pouvoir.
Le 3 décembre 2010, le Conseil constitutionnel avait proclamé Laurent Gbagbo élu avec 51,45% des suffrages. Il invalidait les résultats de la commission électorale, certifiés par l'ONU et reconnus par la communauté internationale, qui donnaient Alassane Ouattara vainqueur avec 54,1%.
Laurent Gbagbo a été arrêté le 11 avril à l'issue de 15 jours de guerre, surtout dans la capitale économique Abidjan, entre ses troupes et celles de Ouattara, appuyées de façon décisive par la force française Licorne et celle de l'ONU.
Les soldats français resteront
Le président français a d'ailleurs annoncé samedi que la France maintiendrait des forces en Côte d'Ivoire, mais pas "pour assurer la stabilité de quelque gouvernement que ce soit", même ami.
"Mais ici nous avons des milliers de compatriotes, leur sécurité doit être assurée et donc il y aura des soldats pour cela en accord avec les autorités de la Côte d'Ivoire", a-t-il dit lors d'un discours devant la communauté française d'Abidjan.
Marqué par les exactions
Depuis le 11 avril, la Côte d'Ivoire se relève peu peu: les fonctionnaires ont repris le travail, les écoles ont rouvert et l'activité économique, touchée de plein fouet, sort de sa paralysie. Mais le pays reste marqué par les exactions, violences et pillages des dernières mois. Les déplacés et réfugiés sont encore nombreux.
La situation sécuritaire s'améliore mais demeure fragile, notamment dans l'ouest. Des mercenaires libériens pro-Gbagbo en fuite y sont accusés d'avoir tué plus de 200 personnes début mai. Policiers et gendarmes tardent à reprendre le travail à Abidjan, toujours contrôlée par les FRCI.
Le nouveau président a promis la réconciliation, en créant notamment une Commission ad hoc. Il a aussi affirmé qu'aucun crime commis depuis le 28 novembre ne resterait impuni, quels qu'en soient les auteurs. Il a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d'enquêter sur les crimes les plus graves.
ats/vkiss
Investi, Ouattara veut "rassembler"
Dans son premier discours de président investi, Alassane Ouattara a affirmé que le temps est venu de "renouer avec les valeurs profondes de notre belle Côte d'Ivoire et de rassembler les Ivoiriens", a-t-il dit. "Célébrons la paix sans laquelle aucun développement n'est possible", a poursuivi Alassanne Ouattara, lançant un appel "solennel à la réconciliation" pour qu'émerge "un Ivoirien nouveau".
"Ce jour est pour nous un moment historique", a-t-il assuré, se félicitant que la crise se soit "achevée par la victoire de la démocratie". "C'est un succès pour la Côte d'Ivoire et pour l'Afrique toute entière". Le président ivoirien a salué "tout particulièrement la France avec laquelle la Côte d'Ivoire a des liens historiques et une vision commune de l'avenir", malgré des années de tensions sous la décennie Gbagbo. "Monsieur le président Sarkozy, le peuple ivoirien vous dit un grand merci", a-t-il déclaré sous des applaudissements nourris, avant de rendre hommage notamment à "l'engagement de l'ONU".
Le nouveau chef de l'Etat a enfin confirmé qu'il formerait bientôt un "gouvernement d'union" avec toutes les composantes de la classe politique et de la société civile, et promis des législatives "avant la fin de cette année".