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Cinq morts durant des funérailles de manifestants

Au moins 34 personnes ont perdu la vie dans des manifestations en Syrie. [Keystone - EPA]
Au moins 44 personnes ont perdu la vie dans les manifestations de vendredi. - [Keystone - EPA]
Les tirs des forces de sécurité syriennes ont fait au moins cinq morts à Homs, à la sortie des funérailles de manifestants anti-régime décédés vendredi lors de la répression. Des funérailles étaient organisées dans plusieurs villes, alors que la situation sur place suscite l'"inquiétude aiguë" des Etats-Unis. En Libye, le régime dénonce un "siège" maritime de l'OTAN.

Cinq personnes ont été tuées et des dizaines blessées samedi par les forces de sécurité syriennes. Celles-ci ont ont tiré sur une foule sortant d'un cimetière de la ville de Homs (centre) après l'enterrement de 13 manifestants morts la veille, a indiqué un militant des droits de l'Homme.

Selon ce militant, des dizaines de milliers de personnes avaient accompagné la procession funèbre. Celle-ci s'était rendue de la grande mosquée de la ville de Homs, un foyer de la contestation du régime, au cimetière de Tal alNasr.

Selon le chef de l'Organisation nationale des droits de l'Homme en Syrie, 26 personnes ont été tuées dans la province d'Idlib (ouest) et 13 à Homs (centre) vendredi. Deux autres ont péri dans la ville de Deir Ezzor (est), une à Daraya, banlieue de Damas, une à Lattaquié (ouest) et une autre à Hama (centre).

Plus de 850 morts

La répression du mouvement de contestation, lancé à la mi-mars, a fait plus de 850 morts et entraîné plus de 8000 arrestations, selon des organisations de défense des droits de l'Homme et l'ONU, et a poussé des milliers de Syriens à l'exode. Malgré la répression, des manifestations ont rassemblé vendredi, journée traditionnelle des protestations depuis la mi-mars, des milliers de personnes, en particulier à Homs, Hama, Deraa, Banias (nord-ouest), Qamichli (nord), Lattaquié et Maaret al-Naamane (ouest).

Des manifestations ont également touché des secteurs proches d'Alep (nord), deuxième ville du pays, et Damas, deux cités globalement épargnées par le mouvement de contestation, ainsi qu'à Douma, près de Damas, à Jableh (ouest), et Amouda et Derbassiyeh (nord-est).

A Banias, ville assiégée, les manifestants portaient des branches d'olivier et des hommes ont défilé torse nu pour montrer qu'ils n'étaient pas armés, le régime accusant, depuis le début de la contestation, "des gangs criminels armés" ou des "groupes terroristes" d'être derrière les violences. La télévision d'Etat a ainsi de nouveau accusé vendredi des "gangs armés" d'avoir ouvert le feu sur des "rassemblements" et sur la police à Idlib et dans la banlieue de Homs, en évoquant un nombre indéterminé de victimes.

Un appel d'Obama rejeté

Les restrictions imposées aux médias étrangers par le régime empêchaient toute vérification indépendante sur le terrain. Après avoir sommé son homologue syrien Bachar al-Assad de "diriger la transition" ou de partir, le président américain Barack Obama est revenu à la charge vendredi en estimant que la situation en Syrie représentait un motif "d'inquiétude aiguë" tant pour Israël, pays voisin, que pour les Etats-Unis.

"Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie. Le gouvernement doit cesser de tirer sur les manifestants et autoriser les protestations pacifiques", avait également dit jeudi Barack Obama, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines contre Bachar al-Assad. Mais Damas a rejeté cet appel en affirmant que Barack Obama n'avait pas à "dire à un pays souverain ce qu'il devait faire".

Au Liban, où au moins 5000 réfugiés syriens sont arrivés depuis fin avril pour fuir la répression, l'armée a annoncé vendredi avoir remis aux autorités syriennes trois soldats syriens qu'elle avait pris en charge en début de semaine. L'armée a remis "à la Syrie trois soldats et la dépouille d'un quatrième de l'unité des gardes-frontières, conformément à une décision de la justice qui a demandé leur transfert car leur présence sur le territoire libanais n'est conforme ni au statut de réfugié ni à celui de déserteur", selon le texte.

afp/mej

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Dans les autres pays arabes

Le régime libyen du colonel Kadhafi a dénoncé samedi un "siège" maritime de l'OTAN. La veille, les frappes de la coalition ont détruit huit navires dans plusieurs ports du pays. Pour l'Alliance atlantique, il s'agissait de navires de guerre, tandis que le commandant libyen Omran Al-Ferjani prétendait qu'il ne s'agissait que de bateaux des gardes-côtes. Par ailleurs, quatre Français, employés d'une société privée de sécurité, détenus depuis la mort de leur patron le 11 mai à Benghazi et soupçonnés d'espionnage pour le compte du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, ont été libérés par les rebelles et reconduits samedi en Egypte, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.

L'opposition au Yémen a signé samedi soir un accord pour mettre fin à la crise et le président contesté Ali Abdallah Saleh devait parapher dimanche ce plan qui prévoit son départ après quatre mois de contestation. Le président, au pouvoir depuis trois décennies, a jusqu'à présent refusé de signer ce plan défendu par les monarchies arabes du Golfe, qu'il a qualifié samedi de "complot". M. Saleh "signera dimanche le document à Sanaa", a cependant assuré le porte-parole du parti du président, le Congrès populaire général (CPG), Tarek Chami.

Environ 300 Tunisiens sont morts et 700 ont été blessés entre le 17 décembre, date du début de la révolte contre le pouvoir Ben Ali ,et le 14 janvier, jour de sa chute, selon le rapporteur spécial de l'ONU. La pratique de la torture, elle, n'a pas encore disparu dans le pays, même si elle n'est pas systématique, affirme-t-il.

Le président égyptien déchu Hosni Moubarak, en détention préventive dans un hôpital, est dépressif et a besoin d'être suivi par un psychologue, a indiqué samedi une source médicale citée par l'agence officielle Mena. L'ancien président, âgé de 83 ans, est hospitalisé à Charm el-Cheikh, au bord de la mer Rouge, depuis le mois dernier à la suite d'un accident cardiaque survenu durant un interrogatoire. Par ailleurs, le chef sortant de la Ligue arabe et candidat déclaré à la présidence de l'Egypte, Amr Moussa, s'est prononcé vendredi pour un report des législatives prévues en septembre, proposant de tenir d'abord la présidentielle ou de former une Assemblée constituante.