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Yémen: la médiation du Golfe suspendue

Selon les estimations, 1,5 million de personnes ont participé aux manifestations à Sanaa. [REUTERS - Khaled Abdullah]
Selon les estimations, 1,5 million de personnes ont participé aux manifestations à Sanaa. - [REUTERS - Khaled Abdullah]
Les monarchies du Golfe ont annoncé dimanche "la suspension" de leur médiation dans la crise au Yémen, après le refus du président Ali Abdallah Saleh de signer leur plan de sortie de crise. Plus d'un million d'opposants ont manifesté sur la place du Changement.

Dans un communiqué publié à Ryad au terme d'une réunion consacrée au Yémen, les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe ont annoncé avoir "décidé de suspendre leur initiative en l'absence des conditions propices" pour la réussite de leur médiation.

Cette mesure survient alors que le président Saleh a refusé dimanche de signer un accord sur une transition du pouvoir au Yémen, paraphé la veille par l'opposition en présence du secrétaire général du CCG, Abdellatif Zayani.

Le président Saleh a mis en garde l'opposition contre une "guerre civile", multipliant les conditions pour signer l'accord de sortie de crise élaboré par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et prévoyant son départ dans un mois.

L'ambassade encerclée

Le médiateur avait auparavant été évacué par hélicoptère, avec l'ambassadeur des Etats-Unis à Sanaa Gerald Michael Feierstein, de l'ambassade des Emirats arabes unis où ils avaient été encerclés par des centaines de partisans armés du régime yéménite.

Des partisans armés du régime yéménite ont encerclé l'ambassade des Emirats arabes unis à Sanaa. [KEYSTONE - EPA]
Des partisans armés du régime yéménite ont encerclé l'ambassade des Emirats arabes unis à Sanaa. [KEYSTONE - EPA]

Les deux hommes avaient assisté au palais présidentiel à la signature par des responsables du parti au pouvoir et de ses alliés -n'engageant pas le président Saleh- de l'accord sur la transition. L'ambassadeur américain a ensuite regagné, par hélicoptère, l'ambassade des Emirats avec ses homologues de Grande-Bretagne, de l'Union européenne et de pays du Golfe.

Le chef de la diplomatie émiratie, cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahayane, avait demandé instamment à Sanaa d'assurer la sécurité de l'ambassade et des diplomates qui s'y trouvent.

1,5 million d'opposants à Sanaa

Les opposants à Saleh ont organisé sur la place du "Changement" la plus grande manifestation qu'ait connue la capitale depuis janvier pour réclamer le départ immédiat du président, selon le correspondant de l'AFP. Quelque 1,5 million de personnes ont pris part à ce rassemblement, selon des estimations concordantes dans les milieux de l'opposition.

05 22 yemen manifs reu [Khaled Abdullah]
05 22 yemen manifs reu [Khaled Abdullah]

Les manifestants ont maintenu leur sit-in en soirée, protégés par les hommes du général Ali Mohsen al-Ahmar, qui a fait défection en mars et s'est rallié aux contestataires.

Un manifestant a été tué et un autre blessé sur la route de l'aéroport par des tirs de partisans du président Saleh, qui se sont déployés par centaines dans la capitale, bloquant les principales artères de la ville et faisant craindre le pire aux habitants.

L'opposition, qui avait signé samedi soir l'accord sur la transition en présence de Abdellatif Zayani et de diplomates occidentaux, a averti Saleh qu'il serait "chassé du pouvoir" sous la pression de la rue s'il ne signait pas l'accord.

Le plan de sortie de crise, élaboré avec l'aide des Etats-Unis et de l'UE, prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard de Ali Abdallah Saleh en échange d'une immunité pour lui-même et pour ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours.

afp/vkiss

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Dans les autres pays arabes

En Libye, l'OTAN a mené une frappe aérienne dans la nuit de samedi à dimanche près du complexe résidentiel de Mouammar Kadhafi à Tripoli. Les forces libyennes ont, elles, bombardé des quartiers résidentiels de Misrata, à l'ouest du pays, mais sans faire de blessés. L'OTAN affirme que ses frappes militaires ont permis aux rebelles de consolider leur position à Misrata, seule ville de l'ouest qu'ils contrôlent. En outre, la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton est arrivée dimanche à Benghazi, "capitale" de la rébellion libyenne, pour y inaugurer une représentation européenne. Elle a déclaré que l'Union européenne soutiendrait la rébellion libyenne "aussi longtemps que celle-ci le souhaitera". Le dirigeant Mouammar "Kadhafi doit partir et il doit y avoir un avenir pour la Libye qui appartienne au peuple de Libye", a-t-elle encore déclaré.

Une nouvelle journée de funérailles a eu lieu dimanche en Syrie après la mort en deux jours de quelque 50 personnes tuées par les forces de sécurité pendant des manifestations anti-régime, dont cinq à Homs (centre) samedi lors d'obsèques de victimes de la veille. A Homs, troisième ville du pays désormais en pointe de la contestation, ces obsèques ont été l'occasion d'une nouvelle mobilisation: des centaines de protestataires sont descendus dans la rue, scandant "A bas le régime", selon un militant des droits de l'Homme.

La police marocaine a de nouveau dispersé dimanche, à Casablanca et Rabat, plusieurs centaines de jeunes du Mouvement du 20 février qui revendiquent des réformes politiques profondes au Maroc, a constaté un journaliste de l'AFP.