L'accusation réclame par ailleurs 30 mois de prison dont un an ferme et
45'000 euros d'amende contre l'ancien vice-président du groupe aéronautique
EADS Jean-Louis Gergorin, ainsi que 30 mois de prison dont quinze fermes,
contre l'informaticien Imad Lahoud. Tous deux sont poursuivis pour
"dénonciation calomnieuse".
La main de Sarkozy
La défense plaidera mercredi. L'arrêt sera mis en délibéré jusqu'à
l'automne. Blanchi en première instance en 2010, Dominique de Villepin, 57 ans,
a répliqué qu'il voyait dans ces réquisitions la main de Nicolas Sarkozy, qui a
retiré sa constitution de partie civile après le premier procès.
"Après six années d'un lynchage politique, médiatique et judiciaire,
après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public
persiste et signe", a-t-il déclaré. "Tout ceci serait
incompréhensible si on oubliait que le ministère public est représentant du
garde des Sceaux placé lui-même sous l'autorité du président de la
République", a-t-il ajouté.
Cette intrigue qui dure depuis 2006 met aux prises ces deux figures de la
droite, susceptibles de s'affronter sur le terrain politique lors de l'élection
présidentielle de 2012.
"Complice par abstention"
L'accusation a pendant près de six heures tenté de démontrer que si la
manipulation devait être imputée au duo Gergorin-Lahoud, Dominique de Villepin
en était "complice par abstention" - notion juridique contestée qui
suppose que c'est en s'abstenant de mettre fin aux agissements de Jean-Louis
Gergorin, et non par un acte positif, que Dominique de Villepin en est devenu
complice.
"La justice est là pour faire en sorte que la démocratie ne soit pas
perturbée par des coups tordus", a dit l'avocat général Jean-Louis Pérol.
Selon lui, la cible première de cette entreprise n'était pas Nicolas Sarkozy,
mais les adversaires et rivaux industriels de Jean-Louis Gergorin, dont les
noms figuraient aussi sur les listings.
Cependant Dominique de Villepin a selon le magistrat ensuite utilisé cette
manoeuvre pour ses propres menées contre Nicolas Sarkozy. Utilisant contre
l'ex-premier ministre son célèbre discours de l'ONU de 2003 où il s'élevait
contre la guerre en Irak, l'avocat général a balayé les objections de Dominique
de Villepin, qui assure avoir lui-même été trompé.
"Comment la cour pourrait-elle un instant penser que celui qui a
prononcé ce discours (...) celui qui a démonté avec brio la manipulation des
armes de destruction massive, que cette intelligence a été manipulée"
?", a-t-il dit.
ats/vkiss