En annonçant l'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, le président serbe Boris Tadic s'est dit convaincu d'avoir ainsi "ouvert la porte vers le statut de candidat, les négociations et finalement l'adhésion à l'UE".
Plus personne dans le monde n'a de doute sur le fait que "la Serbie coopère pleinement avec le Tribunal de La Haye", a-t-il dit. Et de promettre que son pays ferait "tout pour finir ce travail en arrêtant Goran Hadzic", un ancien leader des Serbes de Croatie encore en cavale.
"Geste historique"
"C'est un grand jour, un grand moment, pas seulement pour la justice internationale mais aussi pour les victimes", s'est réjouie Carla Del Ponte sur les ondes de la Radio suisse romande (RSR) en réaction à l'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, après 16 ans de cavale (
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).
"L'acte d'accusation est prêt depuis 16 ans", a ajouté la Tessinoise, ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Selon elle, il n'y a donc plus besoin d'enquêter et le procès va pouvoir "commencer très vite".
Le commissaire européen chargé de l'Elargissement Stefan Füle a salué "un geste historique". Il "démontre que la Serbie a compris l'importance cruciale de la réconciliation régionale", qui "fait partie des critères politiques pour le processus d'adhésion à l'UE", a-t-il dit.
Belgrade a déposé sa candidature à l'UE fin 2009 et espère obtenir le statut de candidat au bloc des 27 d'ici décembre. L'UE insiste régulièrement, avant d'aller de l'avant, pour une "coopération pleine et entière" de la Serbie avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
Dans son tout dernier rapport, rédigé avant l'arrestation de Ratko Mladic et dont des extraits ont été divulgués jeudi, le procureur du TPIY, Serge Brammertz, jugeait encore que les efforts de Belgrade pour interpeller le fugitifs n'étaient "pas suffisants". Réagissant à l'interpellation, Serge Brammertz a toutefois estimé jeudi que la Serbie avait ainsi "rempli une de ses obligations internationales".
Elle marque "une étape de plus vers l'intégration de la Serbie à l'UE", a jugé le président français Nicolas Sarkozy. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, dont le pays est traditionnellement parmi les plus critiques à l'égard des pays de l'ex-Yougoslavie, a précisé que cela ne signifiait "pas automatiquement" une adhésion de la Serbie à l'UE.
Pays candidat dès fin 2011?
Mais il est toutefois peu probable que La Haye s'oppose au fait de lui octroyer le statut de candidat, pour peu que Serge Brammertz juge que le gouvernement serbe fait "tout son possible" pour arrêter Goran Hadzic, estime un diplomate européen. Stefan Füle, chargé d'évaluer la candidature serbe, doit remettre son rapport en octobre. Il pourrait ainsi recommander de lui octroyer le statut de pays candidat, une décision ensuite soumise à l'aval des chefs d'Etat et de gouvernement des 27, probablement en décembre. Obtenir ce statut ne signifie toutefois pas encore le début des négociations, qui n'est pas automatique.
Reconnue candidate en 2005, la Macédoine attend ainsi toujours l'ouverture de négociations, en particulier du fait de la controverse persistante avec la Grèce sur son nom. La réconciliation régionale souhaitée par Bruxelles passe aussi par un rapprochement avec le Kosovo, territoire qui a proclamé en 2008 son indépendance de la Serbie. Quelque 22 pays sur les 27 que compte l'UE ont reconnu le Kosovo.
Kosovars et Serbes ont commencé le 8 mars à briser la glace. Leurs représentants se sont retrouvés depuis plusieurs fois à Bruxelles pour des discussions visant à engager une coopération dans des domaines très pratiques, comme les registres d'état-civil ou les plaques d'immatriculation. A l'issue de la dernière rencontre, l'UE a estimé que les parties étaient "proches d'un accord" sur plusieurs points. Mais pour le moment, elles évitent soigneusement la question délicate du statut du Kosovo, dont Belgrade refuse l'indépendance.
afp/cab
Multiples réactions internationales
Les dirigeants européens ont salué l'arrestation de l'ancien commandant militaire bosno-serbe Ratko Mladic.
Le président français Nicolas Sarkozy a estimé que "c'est une très bonne nouvelle, c'est une très grande nouvelle, c'est une décision très courageuse du président serbe".
"La Serbie est un pays qui a beaucoup souffert mais le fait qu'elle livre celui qui est présumé criminel de guerre, c'est une très bonne nouvelle", a ajouté le président Sarkozy lors du sommet du G-8 à Deauville.
La cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton a souhaité que Mladic soit présenté "sans tarder" au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye pour le massacre de Srebrenica. Elle devait s'entretenir dans la soirée à Belgrade avec le président Boris Tadic.
Pour le ministre des Affaires étrangères suédois Carl Bildt, un "chapitre noir de l'histoire européenne peut se fermer".
Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a également salué cette "très bonne nouvelle pour la justice en Europe".
L'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, clôt un "chapitre très malheureux dans l'histoire" de la Serbie, a estimé jeudi le ministre britannique de la Défense, Liam Fox.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a parlé de "jour historique pour la justice internationale".
En ex-Yougoslavie, ensanglantée par le "boucher des Balkans", le Premier ministre slovène Borut Pahor a relevé que "justice a fini par être faite", et que l'arrestation "pourrait représenter un pas en avant vers la réconciliation".
Le Premier ministre croate, Jadranka Kosor, a salué "une bonne nouvelle pour nous tous, pour le monde entier (...) une bonne nouvelle pour la justice, (pour) rétablir la stabilité et la paix".