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Ratko Mladic est transférable au TPIY de La Haye

Ratko Mladic, qui est apparu affaibli et amaigri, a été de nouveau présenté à la justice vendredi. [Politika Newspaper]
Ratko Mladic, qui est apparu affaibli et amaigri, a été de nouveau présenté à la justice vendredi. - [Politika Newspaper]
Ratko Mladic est transférable au Tribunal pénal international, a fait savoir le Tribunal de Belgrade après une nouvelle audition de l'ex-chef militaire serbe. Son fils avait auparavant déclaré qu'il n'était pas possible de l'extrader vers La Haye à cause de son état de santé fragile.

Après une première nuit en prison, Ratko Mladic, qui est apparu affaibli et amaigri, a été de nouveau présenté à la justice vendredi. Il avait déjà été entendu jeudi soir par la justice, mais son audition n'a pas pu se poursuivre à cause de sa santé fragile, selon son avocat. Selon le Tribunal de Belgrade, le général, âgé de 69 ans, est en "assez mauvaise condition" physique.

"Le juge n'a pas même réussi à obtenir des informations élémentaires" sur lui et avoir une conversation suivie avec lui. "Vous lui demandez une chose, il répond une autre", a expliqué l'avocat de Mladic. Toutefois, selon le porte-parole du Tribunal serbe pour les crimes de guerre, Ratko Mladic s'est identifié formellement devant le juge et était parfaitement en mesure de communiquer. "Il ne ressemble pas à l'homme que nous connaissions dans les années 1990", a-t-il cependant admis.

Sa famille auprès de lui

Bosiljka Mladic, l'épouse de Ratko Mladic, et son fils Darko se sont rendus au tribunal dans la matinée. [REUTERS - Stoyan Nenov]
Bosiljka Mladic, l'épouse de Ratko Mladic, et son fils Darko se sont rendus au tribunal dans la matinée. [REUTERS - Stoyan Nenov]

L'épouse de Ratko Mladic, Bosiljka, et son fils Darko se sont rendus vendredi au tribunal où est détenu Mladic. Ils sont arrivés vers 9h20 accompagnés de l'avocat de la famille et sont restés environ une demi-heure dans le bâtiment.

"Sa position est qu'il n'est pas coupable de ce dont on l'accuse", a déclaré Darko Mladic devant le bâtiment du tribunal. Répondant à une question sur l'aptitude de Mladic à être transféré au Tribunal pénal international, son fils a répondu: "Je ne suis pas médecin, mais je pense qu'en ce moment, il n'est pas transférable". "Nous estimons que son état de santé est inquiétant", a-t-il dit.

Jeudi, quelque 500 manifestants ultra-nationalistes ont défilé à Novi Sad (nord), pour protester contre l'arrestation du chef militaire des Serbes de Bosnie. Au moins deux personnes ont été blessées dans une échauffourée avec la police anti-émeutes, alors que certains protestataires tentaient de pénétrer dans le bâtiment du Parti démocratique du président Boris Tadic.

Processus d'extradition en cours

Ratko Mladic à son arrivée à Belgrade, peu après son arrestation à Lazarevo. [REUTERS - � Ho New / Reuters]
Ratko Mladic à son arrivée à Belgrade, peu après son arrestation à Lazarevo. [REUTERS - � Ho New / Reuters]

Ratko Mladic, qui était recherché par le Tribunal pénal international pour des crimes de guerre commis durant le conflit en Bosnie-Herzégovine, a été arrêté jeudi matin en Serbie.

"Le processus d'extradition est en cours", a déclaré le président serbe Boris Tadic. Il pourrait prendre au moins une semaine, selon des sources judiciaires.

Cette arrestation représente "le résultat d'une pleine coopération de la Serbie avec le tribunal de la Haye. Aujourd'hui, nous fermons un chapitre de l'histoire de notre région qui nous mènera vers une pleine réconciliation" régionale, a-t-il ajouté.

Inculpé pour le massacre de Srebrenica

Mladic [Oleg Stjepanovic]
Mladic [Oleg Stjepanovic]

L'arrestation de Ratko Mladic est un "soulagement" pour les familles de victimes du massacre de Srebrenica, en Bosnie, où quelque 8000 musulmans ont été tués en juillet 1995, a dit la présidente d'une association locale.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie réclame depuis des années l'arrestation de Ratko Mladic pour son rôle pendant la guerre inter-communautaire en Bosnie (1992-1995). Il est inculpé notamment pour génocide pour son rôle dans le massacre de Srebrenica et pour le siège de Sarajevo.

L'arrestation de Ratko Mladic intervient un peu moins de trois ans après celle de Radovan Karadic, qui fut le chef politique des Serbes de Bosnie, en juillet 2008 à Belgrade.

Ratko Mladic est la principale personnalité encore recherchée par le TPI. Un autre fugitif, Goran Hadzic, un ancien dirigeant des Serbes de Croatie, est également en cavale. Le procureur du TPI, Serge Brammertz, avait estimé début mai, lors d'une visite à Belgrade, que la Serbie "pouvait et devait faire plus" pour arrêter Ratko Mladic.

agences/boi


LES PRESSES BOSNIAQUE ET SERBE REAGISSENT LARGEMENT

La presse serbe consacre des dizaines de pages à l'arrestation de Mladic. [AFP - Alexia Stankovic]
La presse serbe consacre des dizaines de pages à l'arrestation de Mladic. [AFP - Alexia Stankovic]

En Bosnie, la presse salue "la chute du sanguinaire", selon le titre en Une du quotidien Dnevni Avaz. "La Serbie arrête Mladic, 16 ans après le génocide", souligne ce journal qui paraît à Sarajevo, en référence au massacre de Srebrenica.

"Enfin!", s'exclame Oslobodjenje, un autre quotidien de la capitale dont les habitants ont vécu un siège de 44 mois des forces de Ratko Mladic. En page intérieure, ce journal publie une photo de Mladic, entouré de plusieurs militaires, marchant le 11 juillet 1995 dans les rues de Srebrenica. Mladic est aussi qualifié de "général de la vengeance, du sang et des larmes".

"Pour les victimes de Mladic, son arrestation représente sans aucun doute une satisfaction, mais bien tardive. Quant à la Serbie, son image sera bien meilleure aux yeux du monde. Toutefois, le temps montrera si la Serbie s'améliorera de fait", écrit Oslobodjenje dans son éditorial.

"Par moment arrogant"

Du côté serbe, la presse publie aussi de larges portraits de Ratko Mladic, qui apparaît vieilli et amaigri, les tempes blanchies sous une casquette de base-ball bleue.

Le quotidien Vecernje Novosti consacre une édition spéciale de huit pages à l'arrestation, alors que Blic cite une source proche du tribunal qui assure que Mladic est "apte à communiquer" et même "par moment arrogant".

Plusieurs journaux écrivent aussi que Ratko Mladic se cachait sous le nom de Milorad Komadic, une version des faits démentie jeudi soir par le ministre serbe de l'Intérieur. Ce dernier a indiqué que l'ancien militaire disposait de documents d'identité à son nom, dont l'un était périmé.

"Mladic n'a pas résisté lors de son arrestation en dépit du fait qu'il avait deux pistolets sur lui", écrit encore Blic. "Mladic a du mal à parler, une de ses mains tremble et c'est un voisin qui l'a aidé à s'habiller", ajoute le quotidien Kurir. "Le pas lourd et lent, Mladic s'est présenté devant le juge au tribunal pour les crimes de guerre, vieilli, méconnaissable", conclut Danas.

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