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Moscou décide de lâcher Kadhafi. Un tournant?

Mardi à l'aube, Tripoli est illuminée par des explosions pendant une offensive de l'OTAN, la plus lourde depuis le début de la campagne aérienne contre Muammar Kadhafi. [Darko Bandic]
L'Otan a intensifié ses raids sur Tripoli, comme le montre cette photo prise mardi. - [Darko Bandic]
Le conflit en Libye a connu vendredi un développement politique majeur avec la décision de la Russie de lâcher Mouammar Kadhafi, et pourrait entrer dans "une nouvelle phase" militaire avec le déploiement d'hélicoptères d'attaque britanniques aux côtés des français.

Maintenant la même attitude de défi, le régime libyen a répondu qu'il n'était "pas concerné" par les décisions annoncées au sommet du G8 en France et rejeté la médiation proposée par Moscou pour sortir le pays d'un conflit qui a fait en plus de trois mois des milliers de morts et risque de s'enliser.

Sur le terrain, l'Otan a accusé les forces pro-Kadhafi d'avoir posé "un champ de mines" autour de la ville stratégique de Misrata. Leur objectif est "d'empêcher la population de circuler" et de "reprendre la ville" aux rebelles, a déclaré le commandant en chef de l'opération de l'Otan, Charles Bouchard. Selon des sources hospitalières, ces troupes continuent de bombarder cette ville située à 200 km à l'est de Tripoli et à faire des victimes civiles.

Développement politique majeur?

Mais vendredi, c'est loin du front que le sort du dirigeant libyen contesté a été débattu et que le conflit a peut-être pris un nouveau tournant. A Deauville, où s'est tenu le sommet du G8 (lire: G8 à Deauville), Mouammar Kadhafi a perdu un allié de poids, la Russie de Dmitri Medvedev qui s'est alignée sur la position des Occidentaux pour réclamer son départ.

"Le monde ne le considère plus comme le leader libyen", a dit Dmitri Medvedev dont le pays refusait jusqu'alors de soutenir les appels américain et français à son départ et s'était abstenu lors du vote à l'ONU de la résolution 1973 autorisant des frappes internationales contre Tripoli.

Moscou propose une médiation

Après la signature par Moscou de la déclaration finale du G8 affirmant que Mouammar Kadhafi avait "perdu toute légitimité", le président russe a offert à ses partenaires du G8 sa "médiation" dans le conflit et annoncé l'envoi immédiat d'un émissaire à Benghazi, fief de la rébellion libyenne dans l'Est.

Mais à Tripoli, la portée de ce changement de cap russe a été minimisée par le vice-ministre aux Affaires étrangères, Khaled Kaaim. "Le G8 est un sommet économique. Nous ne sommes pas concernés par ses décisions", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, soulignant avoir appris le changement de la position russe dans la presse.

"Nous n'avons pas été informés officiellement. Nous sommes en train de contacter le gouvernement russe pour vérifier les informations rapportées par la presse". Il a rejeté dans le même temps une éventuelle médiation de Moscou, affirmant que Tripoli n'"acceptera aucune médiation qui marginalise le plan de paix de l'Union africaine (...) Toute initiative en dehors du cadre de l'UA sera rejetée".

L'Otan intensifie ses raids sur Tripoli

A Deauville également, le président américain Barack Obama, qui a appelé une nouvelle fois au départ du leader libyen, a averti que la coalition internationale allait "finir le travail" en Libye. L'Otan a intensifié depuis quelques jours ses raids aériens sur la capitale libyenne Tripoli, où cinq puissantes explosions ont de nouveau secoué jeudi soir le secteur de la résidence de Mouammar Kadhafi. igne d'une volonté d'accélérer les opérations militaires en se rapprochant du sol, Paris et Londres vont dépêcher des hélicoptères de combat capables de cibler plus précisément les pro-Kadhafi en milieu urbain.

Les opérations de l'Otan en Libye entrent dans "une nouvelle phase", a dit le Premier ministre britannique David Cameron, alors que le président français Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il comptait se rendre avec David Cameron, "le moment venu", à Benghazi.

Le régime Kadhafi, en proie à une révolte sans précédent depuis le 15 février, est sous le feu depuis le 19 mars des raids d'une coalition internationale intervenue pour assurer la protection des civils. La révolte a contraint près de 750'000 personnes à fuir, selon l'ONU, et fait des milliers de morts selon le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, qui veut poursuivre Mouammar Kadhafi pour crimes contre l'humanité.

Mais, acculé au départ depuis des semaines, frappé par des sanctions et affaibli par des défections, celui qui règne sur la Libye depuis près de 42 ans reste inébranlable. "Connaissant l'homme, je ne crois pas qu'il va partir", a déclaré à Deauville le patron sortant de la Ligue arabe, Amr Moussa.

afp/hof

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