Des sympathisants du Parti radical serbe (ultranationalistes) et d'autres organisations de même obédience ont été acheminés en autocar vers Belgrade de la province pour cette manifestation. "Nous sommes ici pour montrer à ces traîtres de quelle façon les vrais Serbes défendront un héros serbe", a déclaré un partisan de Ratko Mladic.
Des fidèles de Mladic ont demandé à ce que le président Boris Tadic et son gouvernement soient démis. "En répondant aux ordres de Bruxelles et de Washington, le régime de Boris Tadic a tué tous les espoirs de la Serbie et des Serbes. Nous disons: stop à la trahison", a déclaré le leader du Parti radical, Lidija Vukicevic.
Heurts avec la police
Des dizaines de manifestants ont lancé des pierres sur la police à la fin de la manifestation. Les policiers en tenue anti-émeutes ont réagi, provoquant le reflux des protestataires. Des groupes ont également dégradé du mobilier urbain et ont fait éclater des pétards et allumé des fumigènes, ont constaté des journalistes.
Plusieurs milliers de manifestants s'étaient également rassemblés dimanche à Kalinovik, une ville de l'est de la république où l'ancien général avait passé son enfance. Une banderole barrait la rue principale : "Bienvenue à Mladicevo!" (la Ville-Mladic). Son arrestation a été ressentie comme une "grande tragédie" par les anciens militaires serbes de Bosnie présents et rassemblés près du village natal de l'ancien chef.
"Un sauveur", disent ses partisans
"Le général Mladic est un saint. C'était un sauveur des Serbes. S'il n'avait pas été là, nous n'existerions pas aujourd'hui", a ajouté un ancien militaire. Le rassemblement s'est déroulé dans une atmosphère de profonde animosité à l'égard des représentants de la presse dont plusieurs ont été contraints de quitter les lieux. Dans les vitrines des magasins figuraient des portraits de Ratko Mladic. Son portrait ornait également les pare-brise de nombreuses voitures.
Darko Mladic, le fils de Ratko Mladic, a déclaré dimanche que son père, auquel il a pu rendre visite dans la journée, rejetait toute responsabilité dans le massacre de Srebrenica en juillet 1995. "Quoi que l'on ait fait à Srebrenica, il n'a rien à voir avec ça. Il a sauvé tant de femmes, d'enfants et de soldats; ses ordres étaient d'évacuer en premier lieu les blessés, puis les femmes et les enfants, et les soldats capturés", a-t-il dit à la presse.
Une source judiciaire a indiqué que le tribunal serbe chargé des crimes de guerre pourrait accorder à Ratko Mladic le droit de se rendre sur la tombe de sa fille. Cette source a toutefois indiqué que l'autorisation pourrait être refusée par les services de sécurité. Ana Mladic s'est suicidée en 1994 avec l'arme de service de son père. Elle a été inhumée dans un faubourg de Belgrade.
Dimanche, l'avocat du détenu, Me Milos Saljic, a insisté sur la fragilité mentale de son client. Il a également indiqué que Ratko Mladic avait exprimé l'intention de se rendre à pied à la Haye, où siège le TPIY, si on l'empêchait de se rendre sur la tombe de sa fille.
Transféré lundi ou mardi
La justice serbe a estimé vendredi, sur la base d'un rapport médical, que Ratko Mladic pouvait être transféré. Selon Bosiljka Mladic, l'épouse de Ratko Mladic, l'ancien général aurait pourtant eu trois attaques cérébrales. Depuis 2008, "il ne sent pas la partie droite de son corps", a-t-elle affirmé.
Son avocat a d'ailleurs annoncé qu'il allait faire appel lundi et une décision définitive est attendue dans le courant de la semaine. Mais selon une autre source, il pourrait déjà être transféré à La Haye en début de semaine. "Mladic pourrait arriver lundi ou mardi", a déclaré le juge Mehmet Guney, adjoint du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI) à La Haye.
Cité dimanche par l'agence turque Anatolie, Mehmet Guney a ajouté que Ratko Mladic serait transféré après les démarches médicales, administratives et financières liées à son transfèrement.
Le groupe de magistrats qui doit le juger est déjà formé et inclut trois juges, un Allemand, un Sud-Africain et un Néerlandais. "Le procès devrait durer un an et demi à deux ans", a ajouté le magistrat turc, en précisant que l'échéance dépendrait de possibles retards dans la transmission de documents et des preuves que les parties présenteront.
ats/vkiss/mej
Mladic s'excuse auprès de sa famille
L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic s'est en outre excusé auprès de sa famille pour ce qu'il leur a fait vivre, a indiqué sa femme au quotidien serbe Vecernje Novosti, dans une de ses rares déclarations publiques.
A un moment donné, il s'est excusé auprès de nous pour tout ce que nous avons vécu à cause de lui. Il s'est excusé plusieurs fois. Hier et avant-hier.
Ratko Mladic, 69 ans, souvent surnommé "le boucher des Balkans" durant les guerres en ex-Yougoslavie, a été arrêté jeudi matin après seize ans de cavale.