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La répression fait au moins 20 victimes au Yémen

Des milliers de Yéménites protestaient lundi dans la ville d'Ibb, au sud-ouest du pays, contre la répression sanglante du gouvernement qui a fait 20 morts à Taëz.
Des milliers de Yéménites protestaient lundi dans la ville d'Ibb, au sud-ouest du pays, contre la répression sanglante du gouvernement qui a fait 20 morts à Taëz.
Au moins vingt manifestants ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi à Taëz, au sud de la capitale yéménite Sanaa. Ils sont morts lors de la dispersion, par les forces de l'ordre, d'un sit-in permanent hostile au président du Yémen Ali Abdallah Saleh. Près de Zinjibar, 6 soldats dont un colonel auraient par ailleurs été victimes d'une embuscade attribuée à Al-Qaïda.

Les forces de l'ordre ont démantelé par la force et au prix de 20 morts le sit-in de Taëz, grande ville du sud-ouest du Yémen et l'une des premières à s'être levée contre le président Ali Abdallah Saleh.

Dans le sud du pays, six soldats, dont un colonel, ont été tués depuis dimanche par des membres présumés d'Al-Qaïda autour la ville de Zinjibar, tenue, selon un responsable local, par des éléments du réseau extrémiste depuis 24 heures.

Par ailleurs, trois humanitaires français portés disparus à Seyoun (sud-est) sont activement recherchés, selon un haut responsable provincial. "Au moins 20 protestataires ont été tués dans les affrontements avec les forces de l'ordre qui ont duré de 18H00 (15H00 GMT) dimanche à 04H00 (01H00 GMT) lundi", a déclaré l'un des organisateurs du sit-in de Taëz.

Ce bilan inclut trois manifestants tués devant un poste de police proche du lieu du rassemblement, avant l'assaut donné par les forces de l'ordre à la "place de la Liberté" où se tenait le sit-in permanent, a précisé un autre organisateur.

Attaque nocturne

Dimanche soir, les forces de l'ordre de Taëz, dans le sud du pays, ont dispersé les manifestants à coup de canon à eau. Bilan provisoire: 20 morts et 90 blessés. [Khaled Abdullah]
Dimanche soir, les forces de l'ordre de Taëz, dans le sud du pays, ont dispersé les manifestants à coup de canon à eau. Bilan provisoire: 20 morts et 90 blessés. [Khaled Abdullah]

Selon les organisateurs, des blindés et des chars ont été déployés sur la place qui a été vidée de tout manifestant. Les chars et les blindés ont attaqué en pleine nuit la "Place de la Liberté" où des manifestants campent depuis janvier pour réclamer le départ du président Saleh. Les militaires ont mis le feu aux tentes des opposants et évacué la place, selon des témoins.

Des centaines de manifestants qui tentaient de fuir l'assaut ont été pourchassés dans les rues latérales et arrêtés, ont ajouté les témoins. Selon ces sources, 37 blessés -dont plusieurs dans un état grave- qui se trouvaient dans l'hôpital de campagne installé par les manifestants sur la place ont également été arrêtés.

Chefs militaires courtisés

"C'est un massacre. Les blessés ont été traînés de force dans les rues pour être arrêtés", a affirmé à l'AFP une activiste, Bouchra al-Maqtari. Selon l'agence officielle Saba, le président yéménite a réuni dans la nuit les chefs militaires qui lui restent fidèles, les appelant à "résister et à répondre fermement aux défis" posés selon lui par "les hors-la-loi et les corrompus", dans une référence à ses opposants.

Taëz, à 270 km au sud de Sanaa, est l'un des foyers de la contestation contre le régime. Elle a été la première ville du pays à organiser un sit-in permanent contre le président Saleh, avant Sanaa où le rassemblement sur la "Place du Changement" a commencé le 21 février. 

"Guerre civile"

Saleh a refusé la semaine dernière de signer un accord prévoyant son départ élaboré par les monarchies arabes du Golfe et mis en garde l'opposition contre une "guerre civile". L'opposition s'est indignée dans un communiqué de la violence excessive à Taëz, n'hésitant pas à qualifier l'attaque de "crime contre l'humanité" et appelé à des pressions internationales pour obtenir le départ du président.

Près de Zinjibar, "un convoi de renforts venant d'Aden est tombé dans une embuscade tendue, à l'entrée de la ville par des éléments d'Al-Qaïda. Quatre militaires, dont un colonel ont été tués et de nombreux autres ont été blessés", a déclaré un responsable des services de sécurité.

L'aviation est intervenue contre des positions proches de Zinjibar et deux soldats ont également été tués dans la ville par un tir de roquette attribué à des éléments d'Al-Qaïda.

Trois Français disparus

Par ailleurs, les services de sécurité recherchent activement les trois Français disparus dans le sud-est du pays, a affirmé lundi à l'AFP un responsable local, sans confirmer la thèse d'un enlèvement. "Tous les services de sécurité sont mobilisés et ratissent la région, dans les vallées et le désert", a déclaré Omair Moubarak Omair, numéro trois de la province du Hadramaout.

Les trois Français qui font partie de l'ONG française Triangle Génération Humanitaire travaillent avec une équipe de 17 Yéménites à Seyoun (600 km à l'est de Sanaa).

afp/cmen

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Navy Pillay dénonce la poursuite des répressions

La Haut Commissaire de l'ONU Navi Pillay a ouvert lundi à Genève une session du Conseil des droits de l'homme en dénonçant la brutalité de la répression en Libye, en Syrie, au Bahreïn et au Yémen. Le recours à la force excessive exacerbe les tensions, a-t-elle dit.

"La brutalité et l'ampleur des mesures prises par les gouvernements de la Libye, et maintenant de la Syrie, ont été particulièrement choquantes par leur profond mépris des droits humains. Une répression brutale des manifestations, incluant l'usage excessif de la force, se poursuit au Bahreïn et au Yémen", a déclaré la Haut Commissaire aux droits de l'homme.

"Alors que le printemps arabe se transforme en été, nous ressentons la chaleur des terribles événements dans certains pays de la région. Nous continuons d'être les témoins de revendications légitimes auxquelles répondent la répression et une violence extrême des forces de sécurité, déterminées à prolonger l'obscurité de l'hiver", a affirmé Navi Pillay.