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Concombres toxiques: la bactérie se propage

Un concombre est analysé au laboratoire du bureau pour l'agriculture et la sécurité alimentaire à Rostock, en Allemagne. [Bernd Wuetneck]
Un concombre est analysé au laboratoire du bureau pour l'agriculture et la sécurité alimentaire à Rostock, en Allemagne. - [Bernd Wuetneck]
Des hôpitaux du nord de l'Allemagne étaient submergés lundi par les malades contaminés par la bactérie E. coli entérohémorragique (Eceh), apparemment ingérée lors de la consommation de légumes crus. Le bilan s'élevait lundi à 14 morts en Allemagne, après deux nouveaux décès annoncés dans l'après-midi.

L'Institut Robert Koch, chargé de la veille sanitaire, a déjà confirmé trois décès directement imputables à l'Eceh mais "au total une dizaine de personnes environ sont mortes selon les informations des Länder" (autorités régionales), a déclaré devant la presse le directeur de l'Institut, Reinhard Burger. Et "de nouveaux décès (futurs) sont probables", a-t-il prévenu.

"Il n'y a aucune raison de lever l'alerte", a-t-il dit : 352 cas de patients infectés ayant contracté les troubles rénaux sévères, appelés syndrome hémolytique et urémique (SHU), potentiellement mortels, ont été recensés, "mais le nombre réel est probablement nettement plus élevé".

Confrontées à la pire vague de contaminations à l'Eceh jamais observée en Allemagne et l'une des pires au monde, les autorités allemandes craignent que le pic de contamination reste à venir, en raison d'un décalage entre l'incubation et la déclaration des cas. "Une telle propagation est du jamais vu (...) D'habitude, on enregistre environ 1000 cas par an, mais là nous avons 1200 cas en 10 jours", a dit le Pr Jan Galle, directeur de la clinique de néphrologie de Lüdenscheid (ouest).

Hôpitaux saturés

Certains hôpitaux du nord de l'Allemagne peinent à faire face. [KEYSTONE - EPA/MARCUS BRANDT]
Certains hôpitaux du nord de l'Allemagne peinent à faire face. [KEYSTONE - EPA/MARCUS BRANDT]

Dans le nord de l'Allemagne, principal foyer d'infection, plusieurs hôpitaux saturent. "Nous avons 61 adultes hospitalisés dont 21 en soins intensifs, et 18 enfants dont 4 en soins intensifs", a dit lundi à l'AFP une porte-parole de la clinique universitaire d'Eppendorf à Hambourg (nord). La clinique a lancé un appel urgent aux dons de sang. "Nous utilisons entre 500 et 700 poches de plasma par jour en ce moment, contre 60 en temps normal. Nous épuisons nos réserves".

Confrontées à la pire vague de contaminations à l'Eceh jamais observée en Allemagne et l'une des pires au monde, les autorités allemandes craignent que le pic de contamination reste à venir. "Une telle propagation est du jamais vu (...) D'habitude, on enregistre environ 1000 cas par an, mais là nous avons 1200 cas en 10 jours ", a dit le Pr Jan Galle, directeur de la clinique de néphrologie de Lüdenscheid (ouest). "Il y a une période de latence entre l'infection à l'Eceh et l'apparition des symptômes du SHU. Nous n'avons probablement toujours pas atteint le pic d'infection à l'Eceh", a-t-il dit.

Souche très virulente

La souche rare d'Eceh qui frappe l'Allemagne est "particulièrement virulente", selon le Pr Galle. Elle s'est révélée résistante au traitement habituel par dialyse, amenant les médecins à donner un nouveau traitement, un médicament de la famille des anticorps monoclonaux. Mais l'efficacité du traitement reste à prouver.

Des cas avérés ou suspects ont été signalés en Suède, Danemark, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Autriche, France et Suisse, mais tous venaient apparemment d'Allemagne. Les soupçons se portent sur des concombres issus de cultures sous serres en Andalousie (sud de l'Espagne). Mais une contamination le long de la chaîne de distribution n'est pas exclue.

Frédéric Vincent, porte-parole de l'Union européenne, a précisé dimanche que deux exploitations sous serre en Espagne avaient été identifiées comme la source des concombres contaminés et qu'elles avaient cessé toute activité. Des prélèvements d'eau et de terre ont été envoyés à un laboratoire pour déterminer si les deux sites sont à l'origine du problème, les résultats étant attendus mardi ou mercredi, selon Frédéric Vincent.

En attendant, la Belgique a interdit lundi les importations de concombres espagnols. La Russie a pris la même mesure envers les légumes espagnols et allemands et prévenu qu'elle pourrait étendre cette mesure à toute l'UE.

agences/cab

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L'Union européenne s'inquiète; l'Espagne s'insurge

Les ministres allemands de l'Agriculture et de la Consommation, Ilse Aigner, et de la Santé, Daniel Bahr, devaient réunir à Berlin des scientifiques et des responsables politiques régionaux pour faire le point. Les ministres européens de l'Agriculture devaient eux discuter du sujet à Debrecen (Hongrie).

A Bruxelles, le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires européennes Diego Lopez Garrido, a affirmé qu'on ne pouvait en l'état "attribuer l'origine" de la contamination à l'Espagne. "Il n'y a pas de preuve, c'est pourquoi nous allons demander des comptes à ceux qui ont mis en cause l'Espagne sur cette question", a-t-il prévenu.

De son côté, la ministre espagnole de la Santé, Leire Pajin, a demandé à Berlin d'accélérer son enquête sur les causes de l'épidémie, soulignant qu'aucun cas n'avait été identifié en Espagne. Les allégations de l'Allemagne "créent l'inquiétude et affectent les producteurs d'un pays sans preuve", a-t-elle déclaré.