Madrid a haussé le ton contre l'Allemagne, accusée d'avoir prématurément mis en cause des concombres bio espagnols comme vecteurs probables de la bactérie E.coli enterohémorragique (Eceh) - une hypothèse infirmée pour le moment par les premiers résultats partiels d'analyses à Hambourg.
Le bilan a continué de s'alourdir avec deux nouveaux décès, une octogénaire dans l'ouest de l'Allemagne, et une femme d'une cinquantaine d'années en Suède, qui avait été contaminée lors d'un séjour en Allemagne.
Aide aux producteurs
La Commission européenne a promis mardi d'étudier les moyens de venir en aide aux producteurs de légumes, confrontés à une crise de confiance de grande ampleur suite à cette épidémie de diarrhées mortelles, une vague sans précédent en Allemagne et l'une des pires au monde.
Après la Suède, le Danemark, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l'Autriche, la France et la Suisse, qui ont signalé des cas suspects ou avérés, l'Espagne a recensé son premier patient présentant les symptômes du syndrome hémolytique et urémique (SHU), des troubles rénaux sévères potentiellement mortels, causés par l'Eceh. Ces malades ont toutefois tous séjourné récemment en Allemagne, laissant penser que la source de contamination s'y trouve.
L'enquête piétine
La traque menée par les autorités sanitaires allemandes pour débusquer la source de contamination a connu un revers mardi. Les premières analyses menées à Hambourg (nord de l'Allemagne) sur deux concombres espagnols suspects ont révélé la présence d'une souche de la bactérie E.coli enterohémorragique différente de celle, très virulente, qui a envoyé plus d'un millier de malades à l'hôpital. Les résultats de tests sur deux autres concombres ne sont pas encore connus.
Hambourg avait été la première jeudi à porter le soupçon sur des concombres espagnols importés, alors que l'Espagne avait vigoureusement rejeté ces accusations, rappelant que la contamination pouvait avoir lieu à n'importe quel moment entre la production et la vente.
La ministre espagnole de l'Agriculture Rosa Aguilar est passée à l'offensive accusant l'Allemagne d'avoir fait "des déclarations très malvenues" en accusant les concombres espagnols "sans avoir des données fiables" pour le faire, lors d'une réunion avec ses homologues européens à Debrecen (Hongrie). Elle a chiffré les pertes des maraîchers espagnols de primeurs à 200 millions d'euros semaine, demandant comme le font les Pays-Bas, des compensations pour les producteurs.
Les résultats d'analyses en cours en Espagne sur des concombres issus de culture sous serre en Andalousie ne seront pas connus avant mercredi.
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afp/cab
Un test de dépistage en Allemagne
Des chercheurs de l'université allemande de Münster (Allemagne) ont annoncé avoir mis au point un test rapide pour détecter chez les malades la présence ou non de la dangereuse bactérie qui a déjà fait 14 morts en Allemagne.
"Grâce à une procédure de biologie moléculaire, il est possible d'identifier en quelques heures les caractéristiques particulières de l'agent pathogène à partir de très petites quantités" de la bactérie E.coli entero-hémorragique (Eceh)", indique l'université de Münster dans un communiqué.
Craintes d'un pic de contamination
Les autorités allemandes craignent que le pic de contamination reste à venir, en raison d'une incubation qui peut durer une semaine. Le bilan s'élève déjà à 14 morts. Ces décès sont consécutifs à des hémorragies provoquées par la bactérie, selon les autorités régionales.
L'épidémie a atteint une ampleur sans précédent. "Une telle propagation est du jamais vu (...) D'habitude, on enregistre environ 1000 cas par an, mais là nous avons 1200 cas en 10 jours", a dit le Pr Jan Galle, directeur de la clinique de néphrologie de Lüdenscheid (ouest).
L'institut Robert Koch, chargé de la veille sanitaire, a prévenu que "de nouveaux décès" étaient "probables". 352 cas de patients infectés ont contracté des troubles rénaux sévères, appelés syndrome hémolytique et urémique (SHU), potentiellement mortels.