Ratko Mladic, 69 ans, est arrivé vers 17H45 GMT à l'aéroport de Rotterdam (ouest des Pays-Bas) à bord d'un avion portant l'inscription "République de Serbie" qui a été garé à l'intérieur d'un hangar, à l'abri des regards, selon des images diffusées par la télévision publique néerlandaise. M. Mladic devait être pris en charge par des représentants du bureau du procureur et du greffe, puis conduit au quartier pénitentiaire du TPIY à La Haye, à une vingtaine de kilomètres de Rotterdam.
Ainsi s'achève la longue fuite de l'ancien militaire qui a échappé pendant des années à la justice internationale, jusqu'à son arrestation jeudi en Serbie, dans un petit village situé à une centaine de kilomètres de Belgrade.
La procédure judiciaire devant conduire à son transfèrement vers La Haye s'était brutalement accélérée mardi, avec le rejet de l'appel par la Haute Cour à Belgrade. On apprenait que l'ordre de transfèrement devait être signé quelques heures plus tard, dernière étape avant le départ de l'ancien militaire.
Préparatifs
Signe que son départ était imminent, Ratko Mladic avait été conduit à l'aube, mardi, comme il en avait exprimé le souhait dès son arrestation, devant la tombe de sa fille dans le cimetière de Topcider à Belgrade. Ana Mladic, étudiante en médecine, s'était suicidée en 1994 à l'âge de 23 ans. Selon les médias, elle ne supportait plus de voir son père accusé des atrocités commises durant la guerre de Bosnie (1992-1995). L'ancien militaire a vu aussi lundi ses petits-enfants pour la première fois depuis son arrestation.
L'avocat s'était inquiété de l'état de santé "alarmant" de son client, mais cela n'a pas empêché son départ pour La Haye, les autorités considérant qu'il était à même de supporter un tel voyage et de comparaître devant le TPIY. L'arrivée de sa femme Bosiljka avec une grande valise bleue chargée, et le départ à vive allure d'un convoi de véhicules du Tribunal serbe pour les crimes de guerre, aux alentours de 14H40 GMT, levaient les derniers doutes sur le départ de l'ancien militaire.
Prison à vie?
Ratko Mladic est inculpé par le TPIY de génocide pour l'exécution de 8000 Musulmans à Srebrenica (Bosnie orientale), en juillet 1995, le plus grave commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Il devra aussi répondre de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, en particulier pour le siège de Sarajevo qui fit environ 10'000 morts. L'ancien général encourt la prison à vie, les charges retenues contre lui étant les plus graves du droit international.
L'arrestation de Ratko Mladic a suscité essentiellement des réactions d'arrière-garde des ultra-nationalistes serbes, en Serbie et en Bosnie, avec notamment une manifestation de 10 à 15'000 personnes, dimanche soir à Belgrade. Les Serbes de Bosnie ont dénoncé durement la Serbie, mardi à Banja Luka, la capitale de leur entité en Bosnie, la Republika Srpska, fustigeant le président serbe Boris Tadic pour avoir ordonné l'arrestation de leur ancien chef militaire et qualifiant la Serbie de "marâtre".
afp/cab
Reprise du procès de Karadzic
L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic n'a pas mentionné mardi l'arrestation de Ratko Mladic lors de la reprise de son procès devant le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye.
Après deux mois de suspension, il a comparu devant le TPIY pour la première fois depuis l'arrestation de Mladic jeudi dernier en Serbie.
Le procès de Karadzic a été reporté à plusieurs reprises depuis son ouverture en octobre 2009. Le dernier en date était destiné à lui permettre d'étudier les quelque 14'000 pages de son dossier.
L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic pourrait être extradé dès mardi ou mercredi matin vers La Haye.