L'audience de comparution initiale, fixée à 10h00, sera présidée par le juge néerlandais Alphons Orie. Il avait déjà mené celle de Radovan Karadzic, l'alter ego politique de Ratko Mladic, le 31 juillet 2008.
Transféré sous haute sécurité
Le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a annoncé mercredi avoir présenté une nouvelle version de l'acte d'accusation, clarifiée, contre l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, désormais visé par 11 chefs d'accusation au lieu de 15.
"Nous avons finalisé et transmis ce matin un acte d'accusation modifié qui prend en considération le développement de la jurisprudence et des nouveaux faits", a déclaré le procureur Serge Brammertz, lors d'une conférence de presse à La Haye, où siège le TPIY.
Ratko Mladic, 69 ans, devra désormais répondre de deux génocides ainsi que de persécutions, extermination, meurtre, déportation, actes inhumains, actes de violences, attaques illégales et prise d'otages, constitutifs de cinq crimes contre l'humanité et de quatre crimes de guerre.
Initialement accusé de génocide et de complicité de génocide, Ratko Mladic est désormais accusé de deux génocides, commis lors du massacre de Srebrenica et dans des municipalités au début de la guerre de Bosnie, entre 1992 et 1995, un conflit qui avait fait 100'000 morts et 2,2 millions de déplacés. Radovan Karadzic est accusé des deux mêmes génocides.
Le magistrat belge a souligné qu'il était "trop tôt" pour prendre une décision quant à une éventuelle jonction des procès de Ratko Mladic et de Radovan Karadzic: "Aucune décision n'a été prise à cet égard".
Recherché depuis près de 16 ans par le TPIY pour le massacre de Srebrenica notamment, Ratko Mladic, arrêté le 26 mai en Serbie, est arrivé aux Pays-Bas mardi soir à bord d'un avion du gouvernement serbe. Après avoir atterri à l'aéroport de Rotterdam, il a été conduit au quartier pénitentiaire du TPIY à La Haye, dans un convoi sous haute sécurité. Deux hélicoptères et quatre voitures ont quitté en même temps l'aéroport de Rotterdam en direction de la prison.
"Il a toutes ses facultés"
Ratko Mladic jouit de toutes ses facultés et s'est montré "extrêmement coopératif" à son arrivée à la prison, a assuré le greffier du TPIY John Hocking, lors d'une conférence de presse: "Nous n'avons rencontré aucun problème pour nous comprendre". "Il n'a pas commenté les charges pesant contre lui. Il a posé beaucoup de questions de procédures", a indiqué John Hocking. "Il était vraiment attentif et écoutait toutes les informations qu'on lui donnait", a-t-il poursuivi.
"Nous lui avons expliqué le règlement en vigueur ici" à propos notamment des visites et des appels téléphoniques, a encore dit le greffier australien. Il a précisé que Ratko Mladic était examiné mercredi par le médecin du quartier pénitentiaire, comme c'est le cas pour tout nouvel arrivant. Il s'est refusé à tout commentaire sur l'état de santé de l'ancien général, affirmant que cela relevait de la vie privée. "Je peux dire catégoriquement qu'il n'est pas sous surveillance antisuicide", a seulement révélé le greffier.
En Serbie, la défense de Ratko Mladic avait argué de son mauvais état de santé pour tenter de retarder son transfèrement vers La Haye. L'ambassadeur de Bosnie aux Pays-Bas, Miranda Sidran-Kamisalic, a de son côté expliqué que Mladic était "très, très bavard" à son arrivée. "Il a eu un peu de mal à descendre les marches. Mais après, quand il a commencé à parler, il a vraiment donné l'impression d'un homme âgé en assez bonne santé, complètement préparé à cette procédure", a-t-elle dit.
Ratko Mladic est accusé notamment du massacre de Srebrenica, au cours duquel près de 8000 Musulmans avaient été exécutés en juillet 1995. Lors de l'audience de vendredi, il pourra, s'il le souhaite, demander à bénéficier d'un délai de 30 jours avant que la question du plaider coupable ne lui soit à nouveau posée.
ats/mej
"La justice triomphera"
"Je suis heureux pour tous les survivants de ce que la justice va triompher", a déclaré Thom Karremans, l'ancien commandant des Casques bleus néerlandais qui étaient déployés à Srebrenica au moment du massacre, dans un entretien mercredi au quotidien AD.
Le fait que Ratko Mladic soit jugé par le TPIY "est un signe fort de la puissance croissante du droit international".
"C'est aussi une satisfaction pour les victimes, même si elle vient tardivement", a dit de son côté le ministre des Affaires étrangères allemand Guido Westerwelle, cité dans un communiqué de son ministère.