Modifié

Le président du Yémen blessé par des tirs d'obus

Le président Saleh a été blessé durant une attaque contre le palais présidentiel. [KEYSTONE - Khaled Fazaa]
Le président Saleh a été blessé durant une attaque contre le palais présidentiel. - [KEYSTONE - Khaled Fazaa]
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh et plusieurs hauts responsables ont été blessés vendredi à Sanaa dans le bombardement de la mosquée du palais présidentiel, ont indiqué des responsables. Cette attaque a fait sept morts, dont l'imam et trois gardes. Samedi, Berlin a décidé de fermer son ambassade.

"Je me porte bien, je suis en bonne santé", a affirmé le chef de l'Etat dans un bref message audio diffusé vendredi soir à la télévision officielle. Auparavant, le ministère de la Défense avait démenti une information de la chaîne de télévision yéménite Souheil, contrôlée par la puissante tribu des Hached, selon laquelle Ali Abdallah Saleh était mort, assurant qu'il était sain et sauf.

Selon un responsable du parti présidentiel, le Congrès général populaire (CGP), Ali Abdallah Saleh a été "légèrement blessé à la tête" dans l'attaque.

Dans son message, le président yéménite a imputé le bombardement à la fédération tribale des Hached, qui affronte les forces présidentielles dans Sanaa. Selon ses dires, l'attaque a tué sept personnes, dont l'imam de la mosquée et trois gardes.

Des responsables ont également été blessés, certains grièvement. Parmi eux figurent le Premier ministre Ali Mohamed Moujawar, a précisé le responsable du CPG.

D'après ce dernier, un obus a touché la mosquée du Palais au moment où les dirigeants yéménites étaient rassemblés pour la prière hebdomadaire du vendredi. De premières informations avaient fait état de deux obus.

La tribu des Hached pilonnée

Peu après l'attaque, le porte-parole du Congrès populaire général (CPG), Tarek Chami, a d'emblée accusé le chef de la tribu des Hached, cheikh Sadek al-Ahmar d'être responsable des tirs. "Les al-Ahmar ont franchi toutes les lignes rouges" et "se retrouvent désormais dans une situation difficile", a-t-il déclaré.

Les stigmates des violents combats opposants forces de sécurité et rebelles étaient visibles à Sanaa. [WADIA MOHAMMED]
Les stigmates des violents combats opposants forces de sécurité et rebelles étaient visibles à Sanaa. [WADIA MOHAMMED]

Les représailles ne se sont du reste pas fait attendre, l'armée pilonnant peu après la résidence du frère du dignitaire tribal, cheikh Hamid al-Ahmar, dans le sud de la capitale Sanaa. La Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, a également bombardé les maisons des deux autres frères de cheikh Sadek et celle du général dissident Ali Mohsen al-Abar, selon les témoins qui n'étaient pas en mesure de faire état de victime.

Cheikh Hamid al-Ahmar a rejeté les accusations du gouvernement, estimant que le président Saleh était l'instigateur du bombardement du Palais. "C'est une opération montée par le président" pour se présenter en victime alors qu'il était sous pression internationale pour céder le pouvoir, a-t-il assuré.

Des affrontements sanguinaires

Par ailleurs, l'armée a blessé sept personnes au moins vendredi en ouvrant le feu sur des manifestants à Sanaa, où les combats se poursuivaient entre soldats gouvernementaux et miliciens tribaux, ralliés à l'opposition, pour le contrôle des bâtiments publics.

Les affrontements, d'abord concentrés dans le nord de la capitale, s'étendent vers le sud de la ville. Ces affrontements ont relégué à l'arrière-plan le mouvement de contestation pacifique qui a débuté en janvier dernier dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

Plus de 350 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la révolte populaire contre le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans. Au moins 135 d'entre elles ont péri au cours des dix derniers jours dans les combats.

agences/mre

Publié Modifié

Six morts à Taëz

Quatre militaires et deux manifestants ont été tués vendredi dans des affrontements à Taëz, dans le sud du Yémen, ont indiqué des sources de sécurité.

Dans cette ville, la contestation contre le régime yéménite est particulièrement forte. Selon un photographe de l'AFP sur place, des heurts ont opposé les soldats à des manifestants qui tentaient de gagner la place de la Liberté, où un sit-in avait été lundi démantelé par la force au prix de plus de 50 morts.

Deux manifestants ont été tués vendredi et 30 blessés par des tirs des soldats, alors que quatre militaires ont été tués par balle et 24 blessés, selon une source de sécurité qui a affirmé que certains manifestations étaient armés.

Taëz, à 270 km au sud de Sanaa, est l'une des premières villes à s'être soulevée contre le président Ali Abdallah Saleh.

Berlin ferme son ambassade

L'Allemagne a décidé de fermer son ambassade dans la capitale du Yémen en raison des violences dans le pays, a annoncé samedi le ministère allemand des Affaires étrangères.

Le personnel restant sur place va quitte le pays "aussitôt que cela sera possible", a précisé le ministère dans un communiqué.

"Même si les combats dans la capitale ne sont pas dirigés directement contre les étrangers, la dangerosité de la situation actuelle a conduit le ministère des Affaires étrangères à prendre cette décision", a-t-il ajouté.

Berlin avait émis le 28 février un avertissement contre les voyages dans ce pays à destination de ses ressortissants et avait invité ceux déjà sur place à le quitter immédiatement.