Le bilan des tirs des forces de sécurité syriennes pour disperser des dizaines de milliers de manifestants anti-régime vendredi à Hama s'élève désormais à au moins 34 morts et des dizaines de blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
En 1982, une répression terrible avait fait 20.000 morts à Hama, à 210 km au nord de Damas, lorsque les Frères musulmans s'étaient soulevés contre le régime de Hafez al-Assad, père du président actuel, Bachar al-Assad.
Nombreuses manifestations
Dans le nord, des dizaines de milliers de personnes venues des environs se sont rassemblées à Maaret al-Nouman, a déclaré un militant sur place. Plus de 5.500 personnes au total ont également manifesté à Qamichli, Amouda et Ras al-Aïn, a affirmé un militant kurde des droits de l'Homme, Hassan Berro.
Sur la côte ouest, 5000 personnes ont manifesté à Banias, selon un militant. Et dans le sud, les forces de sécurité ont tiré en l'air pour disperser une manifestation à Jassem, près de Deraa, le foyer de la contestation, selon un militant des droits de l'Homme.
Des milliers de manifestants étaient aussi réunis à Damas et dans des localités proches, a déclaré le chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, Abdel-Karim Rihaoui. L'agence officielle Sana a affirmé pour sa part que "des centaines de personnes" s'étaient rassemblées à Hama et évoqué des rassemblements dans la province d'Idleb, "sans qu'il y ait eu de contacts avec les forces de sécurité".
La télévision syrienne a fait état de "près de 10.000" manifestants dans la province de Hama.
Vendredi, jour de mobilisation
Depuis plusieurs semaines, le vendredi est un jour de mobilisation en Syrie. Cette semaine, les manifestants ont défilé en hommage aux "enfants de la liberté". Selon l'Unicef, au moins 30 enfants ont été tués par balles dans la répression depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars. (Lire: Contestation en Syrie)
C'est l'arrestation et la torture de 15 enfants et adolescents accusés d'avoir peint des graffitis anti-régime à Deraa qui avait d'ailleurs constitué l'étincelle de la révolte en mars. Et récemment, un garçon de 13 ans, Hamzeh al-Khatib, "torturé et tué" d'après les militants pro-démocratie, est devenu l'une des figures de la résistance à la brutalité du régime.
Le régime continue d'affirmer que les auteurs des tirs sont des membres de "groupes armés" cherchant à semer le trouble dans le pays. Un quotidien officiel a diffusé vendredi les "aveux" de personnes présentées comme des membres d'un "groupe criminel armé" qui ont affirmé avoir "tué des manifestants et des agents de sécurité" dans la ville de Homs.
afp/mre
Reprise d'Internet après 24h de coupure
Internet a repris samedi matin en Syrie après une coupure de plus de 24 heures, ont indiqué des habitants. Le réseau n'avait pas fonctionné vendredi dans la plupart des régions syriennes, notamment dans la capitale et à Lattaquié (nord-ouest), alors que des manifestations contre le régime étaient prévues durant la journée de vendredi.
Les deux tiers du réseau internet syrien ont été mis hors d'usage vendredi pendant une demie-heure, a indiqué vendredi le site américain Renesys spécialisé dans la surveillance du web. "Les réseaux qui ne sont pas accessibles sont essentiellement tous ceux dont les préfixes ont été réservés au réseau de téléphonie cellulaire SyriaTel, ainsi que ceux de plus petits fournisseurs d'accès à internet, comme Sawa, INET et Runnet", a-t-il indiqué.
Les réseaux qui fonctionnaient étaient apparemment ceux du gouvernement syrien, "même si bon nombre de sites appartenant au gouvernement sont lents à répondre ou ne fonctionnent pas", avait-il souligné.
Un site internet de Google, qui surveille la circulation des flux d'informations concernant ses principaux services dans le monde, avait indiqué vendredi qu'il avait noté une baisse du trafic internet en Syrie bien en-dessous de la normale.