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Yémen: les combats continuent à Sanaa

Les combats à Sanaa ont fait une dizaine de morts dans la nuit de vendredi à samedi.
Les combats à Sanaa ont fait une dizaine de morts dans la nuit de vendredi à samedi.
Les affrontements entre forces gouvernementales et combattants de la tribu Hachid se sont poursuivis samedi dans la capitale yéménite Sanaa, où le président Saleh a été blessé la veille par un tir de roquette sur sa résidence. Les pays européens, dont la Suisse, commencent à rapatrier leurs ressortissants.

C'est la première fois que les combattants de la tribu Hachid, la plus puissante du pays, menée par Cheikh Sadeq al-Ahmar, attaquaient le palais présidentiel en deux semaines de combats avec les forces loyales à Saleh.

Selon des médecins et responsables locaux, les combats ont fait 10 morts et 35 blessés dans les rangs tribaux au cours de la nuit dans le quartier de Hassaba, où se trouve le QG du cheikh. Les combats ont duré jusqu'à l'aube. La plupart des bâtiments et maisons voisines ont déjà été fortement endommagés par plusieurs jours de bombardements.

Le président Saleh invisible

Les forces pro-Saleh et rebelles ont échangé des tirs de roquettes, qui ont touché un poste de police. Un déluge d'artillerie s'est abattu dans les rues où se trouvent des bâtiments du gouvernement dont s'étaient emparés des combattants tribaux. Depuis le début des combats le 23 mai dans la capitale, les habitants se réfugient dans les caves et sous-sols.

Une capture d'écran de la TV yéménite lors de la diffusion du message audio du président. [Reuters - � Reuters TV / Reuters]
Une capture d'écran de la TV yéménite lors de la diffusion du message audio du président. [Reuters - � Reuters TV / Reuters]

Vendredi, selon l'agence de presse officielle yéménite, les tirs de la rébellion contre la mosquée du palais présidentiel ont fait 11 morts. Le président Saleh, selon le vice-ministre de l'Information Abdou al-Janadi, a été légèrement blessé et ne souffre que "d'égratignures au visage". Le chef de l'Etat a toutefois été admis dans un hôpital du ministère de la Défense, où il se trouvait encore samedi, selon un responsable de la présidence qui a requis l'anonymat.

Selon la BBC, qui a cité des "sources proches du président",  le président Saleh aurait un éclat de shrapnel (obus) long de 7,6 cm sous la région du coeur et serait brûlé au second degré au thorax et au visage. Mais la BBC n'a pu dire s'il devra être opéré.

Les autorités yéménites ont assuré que le président apparaîtrait bientôt en public, mais la télévision d'Etat n'a diffusé, vendredi soir, qu'un message audio d'Ali Abdallah Saleh, illustré d'une photo ancienne. "Si vous allez bien, je vais bien", explique Saleh dans son bref message, s'adressant au pays. Le président, dont l'élocution était difficile, a accusé du bombardement "un gang armé de hors-la-loi", allusion aux combattants tribaux. Il a appelé "tous les fils de l'armée dans tout le pays à les affronter".

De la contestation au conflit armé

Selon l'agence officielle yéménite, cinq hauts responsables de l'Etat blessés lors de l'attaque de vendredi ont été envoyés tôt samedi en Arabie saoudite pour traitement. Il s'agit du Premier ministre, d'un vice-Premier ministre, d'un conseiller de sécurité du président et des deux présidents du Parlement.

Samedi, un civil blessé lors d'affrontements avec l'armée est amené à la clinique universitaire de Sanaa. [REUTERS - Ammar Awad]
Samedi, un civil blessé lors d'affrontements avec l'armée est amené à la clinique universitaire de Sanaa. [REUTERS - Ammar Awad]

Au pouvoir depuis 33 ans, le président Saleh est la cible depuis février d'un mouvement de contestation sans précédent, inspiré par les soulèvements en Tunisie et en Egypte. Des manifestations pacifiques, violemment réprimées par le pouvoir yéménite, ont rassemblé des centaines de milliers d'habitants quotidiennement à Sanaa et plusieurs villes du pays, notamment Taez dans le sud.

La situation s'est aggravée, avec désormais un conflit acharné entre le clan Saleh et la confédération tribale des Hachid, la plus importante du pays qui a pris les armes après avoir rejoint le camp de l'opposition. Les tribus de la confédération des Hachid, basées dans le nord, comptent des centaines de milliers de membres et leurs chefs sont puissants. Le président Saleh peut lui compter sur la Garde républicaine, un des corps les mieux entraînés et équipés des forces yéménites, commandé par l'un des fils de Saleh. Elle reste pour le moment loyale au président, alors même que d'autres unités de l'armée ont rejoint les rangs de la contestation.

ap/cab

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La Suisse rapatrie ses ressortissants

Face à l'aggravation de la situation, la Suisse recommande à ses ressortissants de quitter le pays. Une trentaine de Suisses vivant au Yémen sont inscrits auprès de l'ambassade de Suisse à Ryad (Arabie saoudite), qui couvre le pays, a indiqué samedi à l'ATS le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

La plupart d'entre eux travaillent pour des organisations internationales, ONU, Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou ONG, qui ont leurs propres plans de sécurité et d'évacuation, a-t-il précisé.

Sur son site de conseils aux voyageurs, le département recommande de quitter momentanément le pays en utilisant les moyens de transport existants.

Départ des Européens: L'UE a pour sa part activé un mécanisme visant à aider et à coordonner l'évacuation de ses citoyens résidant au Yémen et désirant partir en raison des violences dans le pays. La cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton en a fait l'annonce vendredi.

Berlin a annoncé un peu plus tard la fermeture de son ambassade sur place. Dans le même temps, Paris a demandé aux Français encore sur place de quitter le Yémen sans délai. Et Londres a lancé un nouvel appel à ses ressortissants, leur demandant instamment de quitter le Yémen sans délai, au vu de "l'escalade de la violence" dans ce pays.