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Possible résolution à l'ONU pour épingler la Syrie

Mercredi, des Syriens attendaient sur une aire agricole de pouvoir passer la frontière turque pour fuir une vaste opération de répression redoutée par la population. [REUTERS - Ismihan Ozguven]
Mercredi, des Syriens attendaient sur une aire agricole de pouvoir passer la frontière turque pour fuir une vaste opération de répression redoutée par la population. - [REUTERS - Ismihan Ozguven]
Des chars et des milliers de soldats convergeaient mercredi vers la province d'Idlib, dans le nord de la Syrie, où l'armée aurait perdu le contrôle de vastes secteurs. Ce déploiement militaire laisse craindre un nouveau bain de sang, à l'heure où la France et la Grande-Bretagne devaient présenter mercredi un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie.

Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, la sanglante répression toujours en cours en Syrie a déjà fait plus de 1300 morts. Depuis plusieurs jours, Paris pousse pour que Damas fasse l'objet d'une condamnation aux Nations unies.

Selon David Cameron, une version révisée du projet circulant depuis le 26 mai devait être présentée mercredi par Londres et Paris. A New York, des diplomates ont expliqué que le texte devrait être discuté à huis clos dans l'après-midi (heure locale), et les négociations se poursuivre quelques jours avant que le projet soit mis au vote.

Un diplomate d'un pays membre du Conseil a dit espérer avoir une résolution "d'ici la fin de la semaine". Une fois formellement déposé devant les 15 membres du Conseil de sécurité, un texte est ensuite soumis au vote au moins 24 heures plus tard.

Vote de "conscience"

Le projet originel, porté, outre Paris et Londres, par l'Allemagne et le Portugal, avait selon les diplomates déjà recueilli les neuf voix requises au Conseil de sécurité pour l'adoption, mais risquait de subir un veto russe. Avec la nouvelle version, les diplomates espèrent pouvoir rassembler d'autres soutiens, au moins l'Afrique du Sud et le Brésil, et lever la menace du "niet" russe.

Un haut responsable russe à Paris a cependant déclaré mercredi que son pays demeurait circonspect. "Notre position est la même. Nous serons très prudents" avant d'approuver un projet de résolution sur la Syrie, a-t-il dit sous couvert d'anonymat.

En revanche, les Etats-Unis ont apporté leur soutien au projet franco-britannique. "Nous soutenons la recherche d'une résolution du Conseil de sécurité à propos de la crise en Syrie, et nous essayons de convaincre d'autres membres du Conseil d'en faire autant", a déclaré le département d'Etat.

Paris et Londres souhaitent une résolution condamnant la répression, exigeant que Damas réponde de ses actes et réclamant une action humanitaire, a précisé le chef du gouvernement britannique devant la Chambre des Communes. "Si quiconque vote contre cette résolution ou tente d'opposer son veto, il l'aura sur la conscience", a estimé David Cameron.

Avancée de l'armée

Sur le terrain, des milliers d'hommes, dont nombre de soldats d'élite, commandés par Maher el-Assad, frère cadet du président syrien -également à la tête de la Garde républicaine- ainsi que des chars se dirigeaient vers la province d'Idlib, selon plusieurs témoins, cités par Moustapha Osso, militant syrien des droits de l'Homme.

Maher est considéré comme le chef d'orchestre de la répression en cours. Reconnaissant, fait exceptionnel, une faille dans le dispositif mis en place par le régime face à la révolte en cours depuis 11 semaines, le quotidien pro-gouvernemental "Al Watan" a admis mercredi que les forces syriennes avaient perdu le contrôle de vastes secteurs dans cette province, où se trouve Jisr al-Choughour, et où selon le gouvernement, 120 membres des forces de sécurité ont été tués par des "groupes armés".

"Attaque imminente"

Un habitant de la ville, se présentant sous le surnom d'Abou Nader, par crainte de représailles, a rapporté que des villages proches avaient ouvert leurs mosquées, églises et écoles aux personnes fuyant les violences. Il a dit craindre une attaque imminente.

D'après "Al Watan", l'armée syrienne a lancé une opération "très délicate", destinée à éviter des victimes à Jisr al-Choughour. Le quotidien pro-gouvernemental a affirmé que certaines personnes étaient retenues par des groupes armés contrôlant certains secteurs de Jisr al-Choughour et une vaste zone dans la province d'Idlib.

Les militants des droits de l'homme font eux état d'affrontements entre militaires loyalistes et soldats ayant fait défection car ne voulant plus participer à la répression contre les civils. Ces informations ne pouvaient été vérifiées de sources indépendantes, le régime censurant sévèrement les médias locaux et ayant expulsé les journalistes étrangers.

Frontière turque ouverte

De son côté, la Turquie a officiellement fait savoir qu'il était hors de question de fermer sa frontière et qu'elle continuerait d'accueillir les Syriens fuyant les combats. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a fait part de sa "grande inquiétude" et de sa "tristesse" face à la situation, exhortant Damas à choisir la voie des réformes et à cesser de réprimer sa population.

Selon les autorités turques, environ 500 réfugiés syriens ont franchi la frontière, femmes et enfants pour la plupart, en majorité en provenance de Jisr al-Choughour, à une vingtaine de kilomètres de la frontière, longue de 850km, séparant les deux pays. Rien que mercredi, selon l'agence de presse Anatolie, 122 personnes sont entrées en Turquie.

ap/afp/cmen

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