Modifié

Pression des "indignés" sur le parlement espagnol

Bravant l'interdiction de manifester, des milliers d'Espagnols continuaient de camper sur la place Puerta del Sol à Madrid. [REUTERS - Paul Hanna]
Des milliers d'Espagnols campaient sur la place Puerta del Sol à Madrid depuis la mi-mai. - [REUTERS - Paul Hanna]
Environ un millier de manifestants du mouvement des "indignés" se sont rassemblés mercredi soir près du parlement espagnol à Madrid, faisant face à des dizaines de policiers anti-émeutes, pour protester contre une réforme des négociations collectives.

Les manifestants qui depuis la mi-mai campent dans le village alternatif planté sur la Puerta del Sol, à quelques centaines de mètres de là, étaient venus aussi crier leur colère contre la classe politique en général, hurlant "les coupes budgétaires pour les députés !", "cette réforme nous allons la gagner", "cette crise, ne la payons pas".

Arrêtés à l'entrée de la rue longeant les Cortes, le parlement espagnol, barrée par au moins sept fourgons de police, les manifestants ont fait face pendant environ six heures à une barrière de policiers anti-émeutes, un moment casqués. Le rassemblement s'est dispersé en milieu de nuit, lorsque les manifestants ont décidé de rejoindre la place de la Puerta del Sol.

Face aux policiers, une partie d'entre eux se sont assis, les autres sont restés debout, criant "ce sont nos armes !", en levant les bras au ciel, ou "ici c'est la caverne d'Ali Baba !", en montrant du doigt les portes du parlement. Et ils ont répété le slogan devenu l'une des refrains des manifestations de la Puerta del Sol ces dernières semaines: "bien sûr, bien sûr qu'ils ne nous représentent pas".

"Nous ne sommes pas des marchandises"

Ils ont aussi brandi des clés sorties de leurs poches, criant "ce sont les clés de mes parents", pour rappeler que beaucoup de jeunes Espagnols, frappés par le chômage qui touche presque la moitié des moins de 25 ans, sont contraints de rester vivre chez leurs parents. "Nous sommes ici parce qu'ils vont approuver une loi qui donne tous les pouvoirs aux patrons, qui leur permettra de faire ce qu'ils veulent", expliquait Luis Fernandez, un étudiant de 21 ans. "Ils parlent toujours de flexibilité, mais jamais d'obligations pour les patrons", ajoutait-il.

Les manifestants ont lu une motion affirmant: "avant même que soit adoptée la loi, nous voulons dire 'assez'. Plus une coupe budgétaire, nous ne sommes pas des marchandises dans les mains des banquiers et des politiciens". Symboliquement, ils promenaient au dessus de leurs têtes une petite tente de camping, rappelant le campement installé depuis le 17 mai à la Puerta del Sol, symbole de ce mouvement de contestation regroupant des jeunes et des citoyens de tous horizons, en colère contre le chômage, les retombées de la crise économique, les hommes politiques accusés d'incompétence.

Réforme du marché du travail

Le gouvernement espagnol doit approuver vendredi en Conseil des ministres une nouvelle réforme sociale touchant le marché du travail. Il s'agit d'une réforme des conventions collectives destinée à moderniser et rendre plus flexible ce système des négociations par branches d'activité.

C'est la dernière grande réforme considérée comme étant essentielle à l'économie espagnole, pour faire baisser le taux très élevé de chômage (21,29%), après la réforme du marché du travail, du système bancaire et des retraites.

Les "indignés", qui ont prévu de démonter dimanche le campement de la Puerta del Sol, ont prévu dans les jours et les semaines à venir une série de manifestations. Samedi, ils doivent manifester devant les mairies dans toute l'Espagne, pour accueillir à leur manière les nouveaux maires issus des élections locales du 22 mai.

afp/olhor

Publié Modifié

Incidents à Valence

Des incidents ont éclaté jeudi à Valence, dans le sud-est de l'Espagne, faisant huit blessés parmi les policiers, lorsque la police a dispersé un rassemblement de manifestants du mouvement des "indignés" devant le parlement régional, ont annoncé la police et la préfecture.

Un groupe de manifestants s'était rassemblé depuis la nuit précédente devant le parlement qui devait désigner jeudi son président après les élections régionales du 22 mai. Jeudi matin, la police est intervenue pour disperser les manifestants, affirmant avoir riposté à des provocations.

Huit policiers ont été légèrement blessés et cinq personnes ont été interpellées, a indiqué une porte-parole de la préfecture de Valence.