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Déjà 2400 réfugiés syriens sont arrivés en Turquie

Des réfugiés syriens dans un camp du Croissant Rouge turc de la ville de Yayladagi, jeudi.
Des réfugiés syriens dans un camp du Croissant Rouge turc de la localité de Yayladagi, jeudi.
Des centaines de Syriens ont franchi la frontière turque dans la nuit de mercredi à jeudi, portant le nombre total de réfugiés à 2400 depuis le début des manifestations anti-gouvernementales en Syrie à la mi-mars. A 20km de la frontière, la ville de Jisr al-Choughour (nord), théâtre de manifestations, s'attend à un assaut de l'armée.

Selon un responsable de la province de Hatay, dans le sud de la Turquie, un millier de réfugiés syriens ont franchi la frontière entre mercredi soir et jeudi matin, à Altinozu et Guvecci.

Les autorités turques ont vérifié leurs identités avant de les acheminer vers un camp de réfugiés d'une capacité d'accueil de 5000 personnes dans la localité voisine de Yayladagi. La mise en place d'un deuxième camp est à l'étude à Altinozu, a ajouté ce responsable, sous le couvert de l'anonymat.

Attente des réfugiés

Un photographe de l'Associated Press a constaté que des dizaines de réfugiés, certains à moto et d'autres dans des camionnettes, attendaient de l'autre côté de la frontière, dans l'espoir de rejoindre eux aussi la Turquie.

Des ambulances attendaient à Yailadagi pour évacuer vers les hôpitaux d'éventuels blessés au cours de la répression en Syrie (lire: Violences en Syrie).

Parmi les arrivants à Guvecci figuraient Ahmad et plusieurs jeunes gens originaires de Jisr al-Choughour. Ils ont expliqué à un journaliste de l'AP à Guvecci qu'ils venaient chercher de la nourriture et des couvertures pour leurs proches se trouvant encore du côté syrien.

Un des jeunes gens a précisé qu'ils étaient arrivés avant l'aube et traverseraient la frontière la nuit pour éviter d'être repérés par les soldats turcs. D'après Muhammad, 19 ans, des centaines de Syriens attendaient à la frontière, "indécis sur le fait de savoir s'ils allaient en Turquie ou non".

Erdogan hospitalier

Mercredi, des Syriens attendaient sur une aire agricole de pouvoir passer la frontière turque pour fuir une vaste opération de répression redoutée par la population. [REUTERS - Ismihan Ozguven]
Mercredi, des Syriens attendaient sur une aire agricole de pouvoir passer la frontière turque pour fuir une vaste opération de répression redoutée par la population. [REUTERS - Ismihan Ozguven]

"Nous laisserons la porte ouverte à tous les Syriens cherchant à se réfugier dans notre pays", a déclaré jeudi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. "Il est hors de question de fermer nos portes alors que les décès se multiplient (en Syrie)", a-t-il ajouté. Les deux pays possèdent une frontière commune de 850km.

A 20km de là, en Syrie, une unité d'élite de l'armée syrienne a encerclé Jisr al-Choughour, ne laissant ouverte que la route vers la frontière turque, selon le militant syrien pour les droits de l'Homme Mustafa Osso. "Les renforts sont au complet et l'armée pourrait donner l'assaut à tout moment", a expliqué Mustafa Osso à l'AP après avoir parlé à des contacts dans la région.

Le quotidien pro-gouvernemental "Al Watan" a de son côté affirmé que l'armée était mobilisée en prévision d'une confrontation de plusieurs jours dans la province d'Idlib contre 2000 hommes armés.

Navi Pillay condamne

"Al Watan" a reconnu mercredi que les forces syriennes avaient perdu le contrôle de vastes secteurs dans cette province où se trouve Jisr al-Choughour et où, selon le gouvernement, 120 membres des forces de sécurité ont été tués par des "groupes armés".

Les militants des droits de l'Homme font eux état d'affrontements entre militaires loyalistes au régime du président Bachar el-Assad et soldats ayant fait défection pour ne plus participer à la répression contre les civils. Ces informations ne pouvaient été vérifiées de sources indépendantes, le régime censurant sévèrement les médias locaux et ayant expulsé les journalistes étrangers.

A Genève, la Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay a accusé la Syrie de "matraquer sa population jusqu'à la soumettre", en faisant donner les chars, l'artillerie et des tireurs embusqués ouvrant le feu sur les manifestants.

ap/cmen

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Le pape s'adresse au régime syrien

Benoît XVI a exhorté jeudi les autorités syriennes à "reconnaître la dignité inaliénable de la personne humaine" et les a appelées à "tenir compte des insistances internationales" pour des réformes, en recevant le nouvel ambassadeur de Syrie, Hussan Edin Aala.

"La voie de l'unité et de la stabilité de chaque nation passe par la reconnaissance de la dignité inaliénable de toute personne humaine. Elle doit être au centre des institutions, des lois et de l'action des sociétés", a insisté Benoît XVI.

Le souverain pontife a rappelé que "la Syrie est un lieu cher et significatif pour les chrétiens, dès les origines de l'Église". "La Syrie a traditionnellement été un exemple de tolérance, de convivialité et de relations harmonieuses entre chrétiens et musulmans", a-t-il relevé.

Alain Juppé attaqué par Damas

Pour le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé "un régime qui tire au canon contre sa population perd sa légitimité. Nous souhaitons une Syrie stable mais nous pensons que la vraie stabilité n'est pas dans la répression. Elle est dans la réforme".

Déclarations qui fâchent le ministère syrien des Affaires étrangères: il se fend d'un communiqué jeudi dans lequel il estime que le chef de la diplomatie française se permet de déterminer la légitimité des responsables des différents pays. "Les déclarations de Monsieur Juppé évoquent un retour à l'époque révolue du colonialisme et des mandataires", ajoute le communiqué.

Mercredi, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Portugal ont déposé un projet de résolution condamnant la répression syrienne au Conseil de sécurité de l'ONU, malgré la menace de veto de la Russie.