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Les USA soutiennent l'Europe contre le régime syrien

06 11 syrie reu [Umit Bektas]
"C'est le genre de violence révoltante qui conduit les Etats-Unis à soutenir une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU", déclare la Maison Blanche. - [Umit Bektas]
La Maison Blanche a dit vendredi soutenir une résolution européenne au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression par le gouvernement syrien. Elle a réclamé vendredi soir la "fin immédiate" de la violence, alors que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit préoccupé.

"Les Etats-Unis condamnent fermement l'usage effroyable de la violence par le gouvernement syrien à travers la Syrie aujourd'hui", indique le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney, dans un communiqué. "La violence et les brutalités doivent cesser immédiatement", ajoute encore la Maison Blanche.

Une "violence révoltante"

"Plus tôt cette semaine, nous avions exhorté le gouvernement syrien à faire preuve d'un maximum de retenue, et non pas à répondre aux pertes qui ont été rapportées dans ses rangs en faisant d'autres victimes civiles", poursuit la Maison Blanche.

L'armée syrienne s'attaque cette fois au nord-ouest du pays. [Bassem Tellawi]
L'armée syrienne s'attaque cette fois au nord-ouest du pays. [Bassem Tellawi]

"Le gouvernement syrien conduit la Syrie sur un chemin dangereux", ajoute la Maison Blanche. "Les forces de sécurité syriennes continuent de tirer, d'attaquer et d'arrêter des manifestants et des prisonniers politiques sont toujours détenus", dit-elle.

"C'est le genre de violence révoltante qui conduit les Etats-Unis à soutenir une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant les actions du gouvernement syrien et appelant à la fin immédiate de la violence et des violations des droits de l'homme fondamentaux", explique la Maison Blanche.

Des diplomates du Conseil de sécurité de l'ONU ont eux eu des entretiens vendredi sur une résolution européenne condamnant la Syrie pour sa répression contre les opposants sans toutefois se rapprocher d'un vote.

Crainte d'un veto chinois ou russe

Cette résolution sur la Syrie ne ferait que renforcer "les extrémistes et les terroristes", dit la Syrie dans une lettre transmise au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. M. Ban s'est lui dit "profondément inquiet" des violences en Syrie.

Les discussions autour de cette résolution doivent se poursuivre ce week-end alors que la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal expriment une frustration croissante face à l'opposition de certains des quinze pays membres du Conseil. Les pays européens du Conseil affirment eux qu'ils ont au moins neuf votes acquis et espèrent en avoir onze. Mais la Chine et la Russie peuvent déposer leur veto et torpiller la résolution.

ats/vkiss


QUATRE DÉSERTEURS TÉMOIGNENT DES EXACTIONS DE L'ARMÉE

Réfugiés à la frontière turque, quatre déserteurs de l'armée syrienne témoignent des exactions commises par leurs unités dans la répression des mouvements contestataires et de la peur des soldats, menacés de mort en cas d'insubordination.

Plus de 4000 réfugiés syriens ont franchi la frontière turque depuis le début des combats. [Vadim Ghirda]
Plus de 4000 réfugiés syriens ont franchi la frontière turque depuis le début des combats. [Vadim Ghirda]

Tahal Al-Loush ne veut pas se cacher. Il présente son livret militaire, ses plaquettes d'identification et annonce son identité sans détour. Le regard vide, il relate le "nettoyage" d'Ar-Rastan, une ville de 50'000 habitants dans la province de Homs, qui a poussé ce simple appelé à la désertion il y a trois jours. "On nous a dit qu'il y avait là-bas des hommes armés. Mais quand on nous y a emmenés, on a vu qu'il s'agissait de simples civils. On nous a dit de leur tirer dessus", déclare le soldat. "On mitraillait tout le monde" "Quand on rentrait dans les maisons, on mitraillait tout le monde dedans: les grands comme les petits (...) Il y a eu des viols de femmes devant leurs maris et leurs enfants", poursuit-il, évoquant le chiffre effarant de 700 morts, difficile à vérifier, les journalistes ne pouvant pas circuler en Syrie.

Mohamed Mirwan Khalef était lui aussi un appelé, dans une unité stationnée à Idlib, près de la frontière turque. Et lui aussi reste hanté par les horreurs d'une guerre contre une population désarmée. "Devant moi, un soldat de métier a sorti un couteau et l'a planté dans le crâne d'un civil, sans aucune raison", se souvient-il. Le vase a débordé quand son unité a traversé le bourg voisin de Saraqib, et que des "chabiha" (miliciens) qui faisaient route avec les militaires ont ouvert le feu sur la population. "Quand on a commencé à tirer sur les gens, j'ai lâché mon fusil et j'ai pris la fuite", affirme le jeune homme, datant ce massacre, qui a fait selon lui 20 à 25 morts, au 7 juin.

Miliciens du Hezbollah?

"Ils mettent des snipers sur certains points en hauteur - des policiers en civil ou des miliciens du Hezbollah (un groupe armé islamiste libanais, soutenu par la Syrie et l'Iran) -, et quand les soldats ne tirent pas (sur les contestataires), ils les abattent", indique le jeune homme. Walid El-Khalef confirme les dangers de l'insubordination. "Avant nous, six personnes ont voulu fuir. Nos commandants les ont abattus", dit-il. Avec une quinzaine de frères d'armes, le jeune appelé a pourtant choisi la fuite plutôt que de pénétrer, jeudi, dans la ville d'Homs. "Je savais que si on y pénétrait, on devrait tuer beaucoup de gens", explique-t-il. "Nous avons tous pris des chemins différents".

Interrogé sur sa vision de l'avenir, le soldat envisage un effondrement du régime du président Bachar al-Assad. "Tous les soldats que je connais sont à bout de nerfs. Soit ils vont s'enfuir, soit ils vont changer de camp", prévoit-il. "Au bout du compte, chaque soldat finira par rejoindre sa famille pour la mettre à l'abri". Tahal Al-Loush prédit cependant une fin plus apocalyptique. "S'il le faut, ce régime n'hésitera pas à retourner ses fusées et ses roquettes contre Damas. Alors, tout sera fini".

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Tensions dans le nord-ouest

L'armée syrienne est arrivée aux entrées de la ville de Jisr al-Choughour dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), ont affirmé des habitants et un militant des droits de l'Homme. "La tension est intense dans cette région. Les forces syriennes sont postées aux entrées de Jisr al-Choughour, elles ne sont pas entrées dans la ville", a indiqué ce militant, citant des habitants. "Les gens sont partis vers la frontière turque, toute proche. Entre 4000 à 5000 personnes veulent fuir en Turquie" les violences dans leur région, a indiqué en outre le militant.

Quelque 300 réfugiés ont afflué samedi en Turquie, a-t-on appris de source officielle turque. Les réfugiés syriens dans des camps installés à la frontière, dans le sud de la Turquie, sont désormais au moins 4600.

25 civils tués par des tirs d'hélicoptères

Les forces syriennes appuyées par des hélicoptères ont tué au moins 25 civils lors d'énormes manifestations hostiles au régime vendredi à travers le pays, particulièrement dans le nord-ouest cible d'opérations brutales de l'armée. La répression a été particulièrement violente dans la localité de Maaret al-Nouman, où au moins 10 civils ont été tués par les troupes qui ont tiré sur des dizaines de milliers de manifestants, selon des témoins et des militants. Un onzième est mort dans un village avoisinant, ont-ils précisé.

Selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel-Rahmane, les manifestants à Maaret al-Nouman ont réussi à prendre le contrôle d'une station de police après la fuite des forces de sécurité. Des hélicoptères sont ensuite intervenus pour tirer sur le bâtiment, a-t-il dit. La télévision d'Etat a, elle, fait état d'une attaque "de groupes terroristes armés contre un QG de la sécurité", les autorités accusant depuis le début de la révolte des "gangs armés" d'être à l'origine des troubles.