Des divisions de l'armée pourchassaient les "éléments armés" dans les futaies et montagnes environnantes à Jisr al-Choughour, selon la télévision d'Etat. Celle-ci avait auparavant annoncé que l'armée était entrée dimanche dans la ville pour en "expulser les groupes armés", ajoutant que des heurts violents ont opposé les militaires et des éléments "armés barricadés dans la périphérie et à l'intérieur de la ville".
Opération d’envergure
En proie à une forte protestation anti-régime, le gouvernorat d'Idleb, à 330 km au nord de Damas, fait l'objet d'une opération d'envergure de l'armée depuis vendredi. Selon un réfugié syrien en Turquie, l'armée a attaqué Jisra al-Choughour "avec des chars, des hélicoptères et de l'artillerie lourde".
Un militant sur place a raconté que tôt dimanche matin "l'armée a commencé à pilonner d'une manière intense la ville à partir de chars et avec des armes lourdes, ensuite elle a pris d'assaut la ville".
Ville de 50'000 habitants, Jisr al-Choughour est quasi-déserte depuis une semaine en raison des combats qui s'y déroulent. Le régime parle d'affrontements avec des "groupes armés", des témoins évoquent plutôt une mutinerie ainsi qu'un ratissage méthodique et sanglant des autorités.
La répression a poussé plus de 5000 personnes à trouver refuge en Turquie, distante d'une quarantaine de kilomètres à peine. Ankara a promis d'accueillir tous les réfugies syriens. Face à une contestation sans précédent depuis près de trois mois, le régime de Bachar al-Assad continue de mater les manifestations avec force.
Vendredi encore, les forces de l'ordre appuyées par des hélicoptères ont tué au moins 25 civils dans tout le pays. Depuis le 15 mars, plus de 1200 opposants sont morts et 10'000 autres ont été arrêtés, selon des ONG.
"Crise humanitaire"
La Maison Blanche a haussé le ton samedi, dénonçant une "crise humanitaire" provoquée par Damas dans le nord de la Syrie. "Les Etats-Unis appellent le gouvernement syrien à cesser cette violence, et à donner au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) un accès immédiat et sans entraves à cette région", a-t-elle déclaré.
Même demande pour un accès "immédiat et illimité" pour la Croix-Rouge exprimée dimanche par l'Italie, qui a également condamné le "recours inacceptable à la violence". La France, elle, a condamné le recours à des armes lourdes à Jisr al-Chougour et affirmé que la répression "crée une menace pour la stabilité régionale".
Aux quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU, qui devaient poursuivre leurs discussions pendant le week-end faute d'avoir pu se mettre d'accord à ce jour sur une résolution, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a lancé un appel: il est temps de prendre une "position claire."
Un appel relayé dimanche par le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, pour qui "la situation dangereuse qui prévaut actuellement rend particulièrement urgente une réaction claire du Conseil de sécurité". De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "très triste et très inquiet" et a demandé au président Assad de "prendre des mesures immédiates et décisives et d'écouter son peuple".
agences/bkel
Fosse commune découverte
En reprenant la ville, les militaires ont découvert "une fosse commune" contenant les dépouilles des agents tués lors de l'attaque du QG de la Sécurité, le 6 juin, a annoncé la télévision.
Selon Damas, 120 policiers ont été tués ce jour-là par des "groupes armés", dont 82 au QG. Selon la télévision d'Etat, l'armée a retiré dix corps de membres des forces de sécurité de cette fosse commune, la plupart des corps avaient la tête et les membres coupés.