Un rapport qui devrait satisfaire sa fille unique, Françoise Bettencourt-Meyers, qui ne cesse de clamer depuis des mois que Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, est instrumentalisée.
Le quotidien, qui a eu connaissance du rapport commandé aux experts le 17 novembre dernier par Stéphanie Kass-Danno, juge des tutelles au tribunal d'instance de Courbevoie (Hauts-de-Seine), cite les médecins qui jugent Liliane Bettencourt atteinte d'une "maladie cérébrale". Pour eux, "elle doit pouvoir bénéficier d'une mesure de protection dans les actes de la vie civile, tant patrimoniaux qu'à caractère personnel, de type curatelle renforcée".
Liliane Bettencourt pas examinée
Ces conclusions ont été communiquées à Stéphanie Kass-Danno le 27 mai, puis au juge bordelais Jean-Michel Gentil, chargé au pénal des différents volets de l'affaire Bettencourt. Outre les pouvoirs attribués au curateur par les articles 467 à 470 du Code civil dans le cadre de la curatelle simple, ce dernier perçoit désormais seul les revenus de la personne protégée et assure lui-même à l'égard des tiers le règlement de ses dépenses.
"Le Monde" souligne que les trois experts médicaux n'ont pu examiner la patiente, cette dernière ayant refusé comme l'autorise le Code civil en matière de tutelle. Ils ont donc "dû se contenter de différentes pièces, notamment des certificats médicaux, ainsi que de l'avis du gériatre Christophe de Jaeger, devenu au fil des mois le médecin traitant de l'octogénaire".
Réconciliation mère-fille de courte durée
Après une réconciliation médiatique en décembre dernier, le feuilleton Bettencourt a récemment repris. Le 8 juin dernier, Françoise Bettencourt-Meyers a déposé une requête devant le juge des tutelles afin que sa mère bénéficie d'une mesure de protection juridique. L'avocat de la mère, Me Pascal Wilhelm, est soupçonné par l'entourage de Françoise Bettencourt-Meyers de conflit d'intérêt dans la gestion de la fortune de l'héritière du géant de la cosmétique.
La première salve dans ce conflit familial avait été tirée en janvier 2008 par la fille avec une plainte pour "abus de faiblesse" contre le photographe François-Marie Banier, qu'elle soupçonnait d'avoir profité des largesses de sa mère, des dons évalués à près d'un milliard d'euros en moins de dix ans. En juin 2010, elle avait remis à la police des enregistrements réalisés clandestinement par le maître d'hôtel de sa mère qui laissait suggérer que cette dernière ne maîtrisait plus totalement ses affaires.
Au terme de plaintes croisées, le parquet de Nanterre, dont la conduite de cette affaire a été critiquée, avait ouvert différentes enquêtes, puis une seule et unique information judiciaire allant du financement illicite de parti politique au trafic d'influence en passant par le blanchiment, l'escroquerie ou l'atteinte à l'intimité de la vie privée. Tout est aujourd'hui entre les mains du juge Gentil à Bordeaux.
afp/cab