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Ben Ali aussi dans le viseur de la justice militaire

Ben Ali a été hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. [Keystone]
Trois tribunaux militaires examinent 182 affaires s'étant produites pendant la révolution fatale à Ben Ali. - [Keystone]
La justice militaire tunisienne instruit 182 dossiers portant notamment sur des homicides - commis pendant la révolution - dans lesquels est impliqué l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Un premier procès portant sur des sommes faramineuses découvertes dans les palais de l'ex-président s'ouvrira lundi.

Le président déchu et son épouse Leïla, qui avaient fui en Arabie saoudite le 14 janvier dernier, doivent être jugés par contumace à partir de lundi devant le tribunal de première instance de Tunis. Ce procès porte sur la découverte de sommes faramineuses en argent et en bijoux ainsi que d'armes et de stupéfiants dans deux palais présidentiels (lire encadré).

La mort des manifestants aussi sous enquête

Mais la justice militaire a de son côté été chargée d'instruire des actions intentées contre l'ex-président Ben Ali et son ancien ministre de l'intérieur Rafik Belhaj Kacem, concernant la mort de Tunisiens pendant la révolution, a indiqué le directeur de la justice militaire, le lieutenant-colonel Marwane Bouguerra vendredi.

Trois tribunaux militaires ont été chargés de l'examen de 182 affaires s'étant produites pendant la révolution, soit entre le 17 décembre date de l'immolation d'un jeune marchand de légumes, Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, et la fuite de Ben Ali le 14 janvier, a indiqué le responsable. Quelque 300 personnes ont trouvé la mort pendant cette période.

La plupart de ces affaires, 130, seront du ressort de la justice militaire à Tunis et 51 à Sfax (270 km au sud de Tunis). Il s'agit de déterminer les responsabilités dans la mort de manifestants. "Qui a tué, qui a exécuté directement le meurtre? Qui a donné l'ordre de tuer? La justice militaire doit fixer les responsabilités", a déclaré le colonel, en soulignant que cela prendrait du temps "afin que les procès se déroulent dans le cadre des garanties légales".

Un premier procès militaire dès la fin juin

Le premier procès soumis à la juridiction militaire commencera le 27 juin à Sfax. Il concerne un policier soupçonné d'un meurtre dans l'exercice de ses fonctions dans la nuit ayant suivi la fuite de Ben Ali. Le responsable a d'autre part indiqué que la justice militaire était en train d'instruire un dossier pour demander aux autorités saoudiennes l'extradition de Ben Ali.

L'Arabie saoudite n'a pour le moment pas répondu aux demandes de Tunis de lui remettre l'ex-président. Parallèlement, les travaux se poursuivent pour établir l'inventaire exact des biens mal acquis par la famille du président déchu et de son épouse.

Le président de la Commission nationale chargée de la confiscation des biens, le juge Mohamed Adel Ben Ismaïl, a estimé que le volume de ces biens était tel qu'il représente "un quart du volume de l'économie nationale".

agences/jzim

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Ben Ali conteste les accusations

L'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali voit dans son procès, qui s'ouvre lundi à Tunis, "l'illustration d'une justice des vainqueurs bâtie sur de fausses accusations", selon un membre de son entourage.

Ce procès, aux yeux de Ben Ali, "n'a pour but que de détourner l'attention des Tunisiens des troubles qui agitent le pays", a indiqué à l'AFP ce proche de l'ex-président s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Pour sa défense, l'ex-président nie en bloc avoir eu connaissance de la présence de drogue au palais de Carthage. Il affirme que les armes et les bijoux trouvés dans un autre palais étaient des cadeaux de dirigeants étrangers à sa personne et à son épouse et récuse d'avoir caché des sommes en liquide que les autorités tunisiennes disent avoir découvertes.

Pour lui, il ne s'agit ni plus ni moins que de "preuves fabriquées" pour le faire condamner. L'ancien président espère malgré tout que "justice lui soit rendue par ses concitoyens avec lesquels il a fait un chemin de 23 ans".

Biens de Ben Ali et Moubarak: Paris ouvre des informations judiciaires

Le parquet de Paris a ouvert deux informations judiciaires contre X pour blanchiment en bande organisée pour examiner les allégations visant les présidents déchus de Tunisie, Zine el Abidine Ben Ali, et d'Egypte, Hosni Moubarak.

Selon une source judiciaire, l'entourage de Ben Ali et celui de Moubarak sont également concernés par ces informations judiciaires, qui ont été ouvertes mardi.

Le parquet de Paris a ouvert le 24 janvier une enquête préliminaire confiée notamment à la Plate-forme d'identification des avoirs criminels afin d'identifier les biens qui pourraient appartenir à Zine el Abidine Ben Ali en France ou ses proches.