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L'armée syrienne ratisse le nord du pays

L'armée syrienne s'attaque cette fois au nord-ouest du pays. [Bassem Tellawi]
L'armée syrienne est arrivée aux entrées de la ville de Jisr al-Choughour . - [Bassem Tellawi]
L'armée appuyée par des chars a étendu samedi ses opérations dans le nord-ouest syrien, proche de la Turquie, avec l'objectif d'étouffer toute contestation du régime. Les soldats ont pris la localité de Bdama, proche de la frontière turque. Face à la répression, la Ligue arabe a fait part de son "inquiétude".

Cherchant à étendre leur contrôle sur la région nord-ouest, les soldats syriens appuyés par des chars ont pénétré le matin dans le village de Bdama, dans le gouvernorat d'Idleb, tout près de la frontière turque.

"J'ai compté neuf chars, dix véhicules de transport de troupes, 20 jeeps et 10 autocars. J'ai vu des Chabbiha (miliciens pro-Assad) mettre le feu à deux habitations", a déclaré Saria Hammouda, avocat vivant dans cette localité.

Des "tirs nourris ont été entendus dans le village" à l'entrée des troupes, a indiqué pour sa part le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, basé à Londres.

Couper l'approvisionnement

Selon un autre témoin, l'armée syrienne a mis le feu aux récoltes dans le cadre de ce qui semble être une politique de la terre brûlée. Des miliciens Chabbiha se livrent eux aussi à la destruction de champs, au pillage de fermes et à des tirs à l'aveuglette pour semer la terreur, ont rapporté des réfugiés.

Le plus grand drapeau syrien jamais déployé, à l'occasion d'une manifestation à Sana le 15 juin 2011. [REUTERS - Sana/Handout]
Le plus grand drapeau syrien jamais déployé, à l'occasion d'une manifestation à Sana le 15 juin 2011. [REUTERS - Sana/Handout]

Bdama est l'un des centres nerveux par lequel des vivres et autres produits parviennent aux milliers de Syriens qui ont fui les violences mais ont trouvé refuge pour l'heure dans des champs du côté syrien de la frontière et non pas en territoire turc. Le village est situé à quelques kilomètres au nord de la ville de Jisr al-Choughour meurtrie par la répression et désertée par ses habitants qui ont pris la fuite en Turquie après l'intervention de l'armée la semaine dernière dans leur localité qui fut le théâtre de manifestations anti-régime.

Khan Cheikhoune et Maara al Noumaane, deux villes situées sur l'axe routier entre Damas et Alep, sont toujours encerclées par l'armée et des blindés, ont rapporté des habitants. Selon M. Abdel Rahmane, sept véhicules militaires ont pénétré dans la ville de Khan Cheikhoune.

Plus de 10'000 réfugiés

Devant l'avancée des troupes, les Syriens continuent de fuir vers la frontière turque, racontant leur terreur face aux "exactions" des soldats. Ils sont plus de 10'000 à s'être réfugiés en Turquie mais des milliers d'autres se sont installés du côté syrien de la frontière.

Les Syriens ont enterré samedi leurs morts au lendemain de la répression par le régime du président Bachar al-Assad d'imposantes manifestations à travers le pays durant lesquelles 19 civils ont péri selon des militants des droits de l'Homme.

La ligue arabe "inquiète"

Face à la répression, les Etats-Unis et l'Union européenne poursuivent leurs efforts pour tenter d'accroître la pression sur le président syrien. Mais ils ne sont pas les seuls à s'exprimer. Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a fait part samedi de "l'inquiétude du monde arabe" face à la crise en Syrie.

La crise syrienne fait l'objet de "beaucoup de contacts" entre les dirigeants de la région "pour échanger les points de vue", a-t-il ajouté selon la traduction en français de ses propos en arabe.

La "brutalité" du régime pourrait permettre à M. Assad "de repousser le changement en cours en Syrie, mais pas de l'inverser", écrit pour sa part Mme Clinton dans le quotidien arabe "Asharq Al Awsat". "Il n'y a pas de marche arrière possible", a-t-elle dit.

Près de 1700 victimes déjà

Londres a appelé ses ressortissants à quitter la Syrie avertissant que l'ambassade à Damas pourrait ne pas être en mesure d'organiser leur évacuation si la situation se dégradait.

De très importantes manifestations anti-régime se sont déroulées vendredi en Syrie. Elles ont été violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant 19 morts parmi les civils, selon des militants des droits de l'Homme.

Depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation sans précédent, 1640 personnes ont été tuées -1300 civils et 340 membres des forces de sécurité- et quelque 10'000 autres arrêtées, selon des ONG et l'ONU.

agences/olhor

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70'000 personnes en colère durant des funérailles de victimes du régime

Quelque 70'000 personnes en colère ont participé samedi à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, aux funérailles de deux manifestants tués la veille, a déclaré à l'AFP le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane.

"Environ 20'000 personnes ont assisté aux funérailles du martyr, Omar Kharabeh, à Deir Ezzor. L'ambiance était à la colère et les gens scandaient des slogans contre le régime", a-t-il expliqué.

La foule a ensuite fusionné en fin d'après-midi avec un autre cortège qui se dirigeait vers le cimetière pour les obsèques d'Hassan Ali al-Dukhul, également tué vendredi, rassemblant au total quelque 70'000 personnes. 

M. Abdel Rahmane a également indiqué que des milliers de personnes avaient participé à des obsèques à Homs (centre) où cinq personnes ont été tuées vendredi lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants.  
  
Des funérailles d'une autre victime de vendredi ont également eu lieu à Douma, à 15 km au nord de Damas. Les personnes qui y assistaient ont observé un sit-in devant la mosquée principale de la ville, selon lui.