Des manifestations hostiles au régime ont toutefois éclaté dans différentes régions de Syrie après le discours de Bachar al-Assad, alors que l'avocat et opposant Hassan Abdel-Azim l'a jugé insuffisant. Les manifestants ont défilé dans la cité universitaire d'Alep (nord), dans les localités de Saraqeb et de Kafar Noubl dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), ainsi qu'à Homs (centre), a indiqué le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, basé à Londres.
Abolition possible d'une clause favorable au parti Baas
Dans ce discours devant l'université de Damas, sa troisième intervention publique depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation, Bachar al-Assad, qui n'a pas annoncé de mesures concrètes immédiates, a de nouveau parlé de "complot" contre son pays. Il a expliqué que les réformes envisagées ne pouvaient être décidées dans la précipitation, proposant d'attendre l'élection d'un nouveau Parlement prévu en août pour leur examen.
"Pas de réformes à travers le sabotage et le chaos", a-t-il lancé devant une salle comble qui l'a accueilli avec des applaudissements et des slogans à sa gloire. Bachar al-Assad a appelé à un "dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution", se demandant "si l'on peut amender certaines de ses clauses, notamment la clause 8".
Cette clause fait du Baas le "parti dirigeant de l'Etat et de la société" en Syrie depuis 1963. Son annulation est l'une des revendications principales de l'opposition. "Il y a certainement un complot" contre la Syrie, a poursuivi le chef de l'Etat. "Les complots sont comme des microbes qu'on ne peut éliminer, mais nécessitent que l'on renforce notre immunité".
Condamnation de "saboteurs"
Les opposants, les militants pro-démocratie et les manifestants syriens réclament aujourd'hui la chute du régime et des élections libres, en plus de l'annulation de la clause 8. Mais le pouvoir a envoyé ces derniers mois ses troupes et ses chars dans de nombreuses villes du pays pour réprimer les contestataires, arguant que leur intervention avait été dictée par la présence de "terroristes armés qui sèment le chaos", sans vouloir reconnaître explicitement l'ampleur de la contestation.
Le président a fait la distinction entre les manifestants qui, a-t-il admis, ont des revendications légitimes et les "saboteurs". "Nous distinguons entre ceux-là et les saboteurs qui représentent une petite partie qui a tenté d'exploiter la bonté du peuple syrien pour arriver à ses fins".
"Les responsables de l'effusion de sang rendront des comptes", a-t-il dit alors que la répression des manifestations depuis le 15 mars a fait plus de 1300 morts parmi les civils, selon des ONG syriennes. "Il est du devoir de l'Etat de poursuivre les saboteurs, il n'y a pas de solution politique avec ceux qui ont porté les armes", a lancé le président, 45 ans, arrivé au pouvoir en juillet 2000, un mois après la mort de son père, l'ex-président Hafez al-Assad. Il a parallèlement brandi le risque d'un "effondrement de l'économie syrienne", jugeant nécessaire de lui "redonner confiance".
afp/jzim/bkel
RÉACTIONS INTERNATIONALES CRITIQUES
Après le discours de Bachar al-Assad, les réactions internationales, critiques, ont fusé. "Ce qui est important maintenant ce sont les actes, pas les mots", a déclaré la porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland. "Un discours, ce ne sont que des mots", a-t-elle insisté.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a jugé que Bachar al-Assad avait atteint "un point de non-retour" et qu’il n'y avait "aucune raison de le prendre aujourd'hui au sérieux".
Son homologue allemand Guido Westerwelle a de son côté évoqué "le discours d'un incorrigible, qui n'a apparemment pas compris les signes des temps".
L'UE a annoncé lundi un renforcement de ses sanctions à l'encontre du régime syrien. Lors d'une réunion à Luxembourg, des ministres européens des Affaires étrangères ont également appelé le conseil de sécurité de l'ONU à leur emboîter le pas, critiquant la menace d'un veto russe.