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Syrie: le régime fustige l'Union européenne

Des manifestations pro al-Assad ont eu lieu à Damas. [KEYSTONE - Bassem Tellawi]
Des manifestations pro al-Assad ont eu lieu à Damas. - [KEYSTONE - Bassem Tellawi]
Le régime syrien a repris l'offensive mercredi en rejetant avec force toute ingérence étrangère liée à sa répression sanglante du mouvement de contestation, s'attaquant à l'Europe. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a jugé le discours d'al-Assad de peu crédible.

La Syrie a fustigé mercredi le refus de l'UE de prendre en compte les promesses de réformes de son président Bachar al-Assad. Elle a menacé l'Europe de privilégier d'autres pays sur les plans diplomatique et commercial.

"Les réactions des responsables de l'Union européenne au discours du président Assad montrent qu'ils ont un plan qu'ils veulent poursuivre afin de semer la dissension et le chaos en Syrie", a déclaré le chef de la diplomatie syrienne, Walid al-Moualam, lors d'une conférence de presse à Damas. "Nous oublierons que l'Europe figure sur la carte et nous nous tournerons vers l'est, le sud et partout où une main est tendue à la Syrie. Le monde ne se réduit pas à l'Europe", a-t-il ajouté.

Al-Moualem a aussi estimé, malgré les pressions internationales croissantes dont son pays fait l'objet après trois mois de contestation intérieure durement réprimée, que la Syrie n'était pas menacée d'une intervention militaire étrangère comme celle de l'OTAN contre la Libye.

Les éventuels nouveaux partis devront rester dans l'ombre du parti Baas de Bachar al-Assad qui demeure "dirigeant de l'Etat et de la société".
Les éventuels nouveaux partis devront rester dans l'ombre du parti Baas de Bachar al-Assad qui demeure "dirigeant de l'Etat et de la société".

Dans un discours prononcé lundi, le président Bachar al-Assad avait prôné un "dialogue national" et annoncé l'élaboration prochaine d'un programme de réformes. Nombre de Syriens et de dirigeants internationaux ont rejeté ses engagements, les qualifiant d'insuffisants.

Rien de crédible pour Ban Ki-moon

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a ainsi estimé mercredi qu'il n'y avait "pas grand chose de crédible" dans le discours d'al-Assad. Il a exhorté le conseil de sécurité à surmonter ses divisions sur la crise syrienne.

De son côté, l'UE a convenu mercredi d'étendre ses sanctions à quatre entreprises syriennes liées à l'armée. Elle a aussi décidé d'imposer un gel des avoirs et une interdiction de voyager dans l'UE à sept personnes, dont trois Iraniens impliqués dans la répression. Les quatre autres sont des responsables syriens.

Ce renforcement des sanctions doit encore être formellement approuvées jeudi par les gouvernements de l'UE, avant une entrée en vigueur vendredi.

Al-Qaïda mis en cause

Selon Walid al-Moualem, les meurtres de certains policiers et soldats permettent de soupçonner Al-Qaïda d'être à l'origine d'une partie des incidents dans le pays. "Depuis le début des événements en Syrie, aucun responsable européen ne s'est rendu en Syrie pour discuter de ce qui se passe", a-t-il aussi déploré. "Aujourd'hui ils visent le gagne-pain des Syriens, ce qui équivaut à une guerre", a-t-il accusé.

En mai, l'UE avait déjà inscrit Bachar al-Assad et d'autres hauts responsables sur une liste de personnes interdites de déplacement dans l'Union et soumises à des blocages d'avoirs.

Sur le terrain, la contestation ne faiblit pas, l'opposition ayant jugé insuffisantes les promesses de réformes annoncées lundi par Bachar al-Assad. La répression aussi se poursuit. Mardi soir, les forces de sécurité ont pris d'assaut la Cité universitaire à Damas, frappant des étudiants "avec des matraques" et arrêtant plus d'une centaine d'entre eux au cours d'une manifestation dans l'enceinte universitaire, ont indiqué mercredi des militants.

La répression a fait depuis le 15 mars plus de 1300 morts parmi les civils et entraîné l'arrestation de plus de 10'000 personnes, selon des ONG syriennes. Elle a aussi poussé à l'exode des milliers de Syriens vers la Turquie et le Liban.

agences/vkiss

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