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Barack Obama retire 33'000 hommes d'Afghanistan

Le président Obama lors de son discours sur la politique américaine au Proche-Orient. [Jim Young - Reuters]
Le président américain estime que les progrès réalisés contre Al-Qaïda permettent ce retrait. - [Jim Young - Reuters]
Barack Obama a annoncé mercredi le retrait d'ici à l'été 2012 du tiers des forces américaines stationnées en Afghanistan, soit 33'000 hommes, décision qu'il a justifiée par les revers infligés à Al-Qaïda dix ans après l'invasion du pays dans la foulée du 11-Septembre.

Lors d'un discours solennel depuis la Maison Blanche, le président des Etats-Unis a en outre ordonné le rapatriement dès cette année de 10'000 des quelque 99'000 soldats américains actuellement sur place.

"Nous sommes au début -mais pas à la fin- de nos efforts pour terminer cette guerre", a déclaré Barack Obama, près de deux mois après l'élimination au Pakistan d'Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda qui s'était servi de l'Afghanistan pour préparer les attentats du 11-Septembre.

Al-Qaïda souffre

Les documents récupérés dans la villa où a été abattu Ben Laden montrent qu'Al-Qaïda "souffre énormément" et est "incapable de remplacer efficacement" les hauts dirigeants du réseau éliminés, a affirmé Barack Obama, selon qui "plus de la moitié" de ces chefs ont été tués.

Le nombre de soldats américains actifs était tombé à 479'000 en 1999 mais était remonté à 566'000 en 2010, en raison des besoins de troupes en Irak et en Afghanistan. [Baz Ratner]
Le nombre de soldats américains actifs était tombé à 479'000 en 1999 mais était remonté à 566'000 en 2010, en raison des besoins de troupes en Irak et en Afghanistan. [Baz Ratner]

Le président a donc opté pour un début de retrait plus rapide que celui préconisé par ses commandants militaires, mais qui laissera encore plus de 65'000 soldats américains en Afghanistan à l'approche de l'élection présidentielle de novembre 2012, à laquelle il est candidat. Le secrétaire à la Défense Robert Gates, partisan d'un retrait modeste, est rentré dans le rang mercredi en affirmant que Barack Obama donnait "assez de moyens, de temps" et de souplesse pour réussir et ne pas mettre en péril les progrès réalisés depuis un an et demi.

Les 33'000 hommes qui auront quitté l'Afghanistan à l'été 2012 correspondent à ceux que Barack Obama avait envoyés dans le pays en décembre 2009. Ces renforts auront rempli leur mission de briser l'élan des talibans et d'empêcher Al-Qaïda de s'implanter à nouveau, a estimé le président.

Les nouvelles recrues de l'armée afghane se préparent au combat.
Les nouvelles recrues de l'armée afghane se préparent au combat.

Transfert des responsabilités

Le sommet de l'Otan à Lisbonne fin 2010 a entériné le principe d'un transfert des responsabilités en matière de sécurité aux forces afghanes en 2014. Mais leur capacité à prendre le relais des forces internationales reste problématique et le gouvernement afghan est critiqué pour sa faiblesse et sa corruption. Restant plutôt vague à ce sujet, Barack Obama a déclaré qu'il y avait des "raisons de penser que des progrès peuvent être faits" dans les discussions avec les talibans en vue d'une solution politique au conflit. Mais il a aussi prévenu que les Etats-Unis ne cherchaient pas à faire de l'Afghanistan "un endroit parfait", même s'il a promis aux Afghans un "partenariat durable".

Un sondage publié mardi affirmait que 56% des Américains étaient en faveur d'un retrait d'Afghanistan "aussitôt que possible". En outre, en période de fort déficit budgétaire, de plus en plus de voix s'élèvent au Congrès pour demander la fin des opérations dans le pays, dont le coût est évalué à environ 10 milliards de dollars par mois.

Barack Obama a pris acte de ces opinions en remarquant qu'"il est temps de nous concentrer sur les investissements dans notre propre pays". Cet argumentaire a séduit la plupart des démocrates du Congrès, le chef de la majorité au Sénat, Harry Reid, saluant "un grand pas dans la bonne direction", même si certains élus auraient souhaité un retrait encore plus rapide. Mais le sénateur républicain John McCain a mis en garde contre le "risque superflu" que ce retrait fait peser sur "les progrès durement gagnés" sur le terrain.

afp/cab

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Principales réactions

La présidence française a annoncé que "la France partage l'analyse et les objectifs américains" et "se félicite de la décision du président Obama".

La France engagera "un retrait progressif" de ses forces en Afghanistan, "de manière proportionnelle" et "dans un calendrier comparable au retrait des renforts américains", a annoncé l'Elysée.

La Premier ministre australienne Julia Gillard a de son côté déclaré que les troupes australiennes resteraient en Afghanistan jusqu'en 2014, comme prévu initialement.

Le chef de l'Etat afghan Hamid Karzaï a salué comme une "bonne mesure" l'annonce par le président Barack Obama.

Les talibans ont de leur côté immédiatement qualifiée de "symbolique" et "insuffisant". Les rebelles islamistes ont toujours fait publiquement du retrait total de toutes les "forces étrangères d'occupation" un préalable impératif à toutes négociations de paix.

La coalition internationale

Voici la liste des principaux pays participants à la coalition internationale sous l'égide de l'OTAN (ISAF) et leurs effectifs:

Etats-Unis: 99'000 soldats
Grande-Bretagne: 9500
Allemagne: 4800
France: 3900
Italie: 3900
Canada: 2900
Pologne: 2500
Roumanie: 2000
Turquie: 1800
Espagne:1500
Australie: 1500

Au total, 48 pays contribuent à l'ISAF et la coalition compte un peu moins de 150'000 hommes.