"En faisant le choix de la répression plutôt que de tenir les promesses de réformes de grande ampleur qu'il a lui-même faites, le régime sape sa légitimité", indiquent les dirigeants européens dans un projet de déclaration commune qui doit être approuvé en milieu de journée à l'occasion d'un sommet à Bruxelles.
Cette formulation marque une montée en puissance de la condamnation de Damas par les responsables européens. "Les responsables de crimes et d'actes de violence commis contre des civils auront a répondre de leurs actes", ajoute le texte.
Les dirigeants y condamnent aussi "avec la plus grande fermeté la répression exercée par le régime syrien à l'encontre de sa propre population et les violences inacceptables et révoltantes dont elle continue de faire l'objet".
Troisième série de sanctions
En parallèle, un nouveau train de sanctions européennes contre la Syrie, le troisième, est entré en vigueur vendredi. Il vise sept personnes, dont trois Iraniens, et quatre sociétés. Fait notable: la liste publiée au Journal officiel de l'UE vise notamment trois responsables des gardiens de la révolution (Pasdaran), l'armée d'élite d'Iran, dont son commandant, tous accusés d'aider le régime syrien à mater les contestataires.
Le commandant en chef des Gardiens, le général Mohammad Ali Jafari, et ses deux adjoints, le général Qasem Soleimani et Hossein Taeb, figurent sur la liste de l'Union européenne publiée par le Journal officiel. Tous trois sont accusés par les Européens d'être "impliqués dans la fourniture de matériel et d'assistance pour aider le régime syrien à réprimer les manifestations en Syrie". Ils sont visés par un gel de leurs avoirs en Europe et une interdiction de visa.
Plus de 1300 morts selon des ONG
"Ceci envoie un message très clair au gouvernement iranien, qu'il est inacceptable qu'il fournisse des équipements et des conseils techniques pour aider le régime syrien à mater les protestations", a souligné un diplomate européen.
Les Etats-Unis ont aussi accusé l'Iran de soutenir la répression des protestataires en Syrie. Mais le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a démenti mercredi toute aide de l'Iran ou du Hezbollah libanais contre les manifestants qui contestent le régime.
Il a aussi assimilé les sanctions de l'UE à une "guerre" contre la Syrie et annoncé vouloir quitter l'Union pour la Méditerranée. La répression a fait depuis le 15 mars plus de 1300 morts parmi les civils et entraîné l'arrestation de plus de 10'000 personnes, selon des ONG syriennes.
Elle a aussi poussé à l'exode des milliers de Syriens vers la Turquie et le Liban. La nouvelle liste de sanctions européennes comprend en outre quatre responsables syriens.
afp/olhor
PRES DE 12'000 REFUGIES SYRIENS EN TURQUIE
Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré vendredi que plus de 1'500 réfugiés syriens avaient franchi la frontière pour trouver refuge en Turquie ces dernières 24 heures.
Les Syriens fuyant la répression du soulèvement contre le régime de Bachar El-Assad ont afflué jeudi à la frontière, avec plus de 11'700 personnes accueillies dans des camps de réfugiés, selon le ministère.
Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a par ailleurs offert son assistance au gouvernement turc pour l'aider à accueillir les réfugiés syriens, a indiqué vendredi une porte-parole de l'agence de l'ONU. Une centaine de réfugiés ont déposé une demande d'asile.
Les forces syriennes auraient encore tué des manifestants
Quatorze personnes ont été tuées vendredi en Syrie lorsque les forces de sécurité syriennes ont ouvert le feu sur des manifestants, a-t-on appris auprès de militants de droits de l'Homme.
Comme tous les vendredis, des milliers de Syriens ont manifesté à travers le pays à l'issue de la prière hebdomadaire. Cinq personnes ont été tuées et six blessées à Kessoua, près de Damas, a indiqué à l'AFP Mohammad Enad Souleimane, membre de l'Organisation syrienne des droits de l'Homme, présent sur place.
Damas, selon un militant sur place, trois personnes ont été tuées et 25 blessées dans le quartier de Barzeh. Les forces de sécurité ont essayé de disperser une manifestation appelant à la chute du régime, faisant d'abord usage de gaz lacrymogène, avant d'ouvrir le feu.