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Le soldat Gilad Shalit kidnappé depuis cinq ans

Des manifestations de soutien ont lieu un peu partout. Ici, en Italie. [Alessandro Di Meo]
Des manifestations de soutien ont lieu un peu partout. Ici, en Italie. - [Alessandro Di Meo]
Cela fait cinq ans jour pour jour que le soldat franco-israélien Gilad Shalit a été enlevé près de la bande de Gaza par des Palestiniens. Alors que se tient une série de manifestations, les Etats-Unis, l'ONU et l'UE ont lancé un nouvel appel à sa libération.

Le 25 juin 2006, le sergent Shalit était capturé à la lisière de la bande de Gaza par un commando de trois groupes armés palestiniens, dont l'un relevant du mouvement islamiste Hamas. Il avait alors 24 ans.

Depuis, le jeune Israélien, qui a aussi la nationalité française, est détenu au secret, sans aucune visite de la Croix-Rouge. Et aucun accord sur un échange de prisonniers ne paraît en vue en dépit des rumeurs récurrentes.

Série de manifestations

La famille Shalit et des anonymes devaient se rassembler en fin de matinée dans le sud d'Israël, où le jeune soldat avait été enlevé. Vingt-quatre personnalités israéliennes devaient également se relayer, passant chacune symboliquement une heure dans une cellule pour exhorter Israël à accepter un échange de prisonniers avec le Hamas contre la libération de Gilad Shalit. Un portrait de Gilad Shalit doit être installé samedi devant l'Hôtel de Ville de Paris.

De son côté, le Hamas a construit une fausse cellule où était enfermé un homme déguisé en soldat israélien devant un gâteau, planté de cinq fleurs. Un haut-parleur a diffusé l'enregistrement du soldat Shalit suppliant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de tout faire pour le libérer. La vidéo diffusée en octobre 2009 constitue la dernière preuve de vie du soldat.

Libération immédiate demandée

La Maison Blanche, de même que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ont appelé vendredi le Hamas à libérer "immédiatement" Gilad Shalit. Le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a rappelé que Gilad Shalit était prisonnier "en violation des standards de la décence élémentaire et des requêtes humanitaires internationales".

L'Union européenne a aussi réagi vendredi. Tout en demandant sa libération immédiate, le Conseil européen (forum des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, NDLR) s'est déclaré "vivement préoccupé".

Pas de preuve de vie

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui n'a jamais eu accès au soldat, a exigé du Hamas "la preuve" qu'il est "vivant".

L'association israélienne B'Tselem, le Centre palestinien pour les droits de l'Homme basé à Gaza, Amnesty International, Human Rights Watch et huit autres ONG sont aussi revenus à la charge vendredi.

4 ans de prison pour Gilad Shalit
4 ans de prison pour Gilad Shalit

Par un communiqué commun, les organisations ont exhorté les geôliers à mettre un terme au traitement "inhumain" réservé au soldat franco-israélien, à lui garantir l'accès au Comité international de la Croix-Rouge et à lui permettre de communiquer avec sa famille.

Israël contre-attaque

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi qu'il avait l'intention de durcir les conditions de détention des prisonniers palestiniens en réponse au refus depuis cinq ans du Hamas d'autoriser la Croix-Rouge à rencontrer Gilad Shalit.

"Nous allons modifier les conditions de détention des terroristes dans nos prisons. Je ne vais pas vous donner la liste détaillée de ces mesures, mais je peux vous dire que la fête est finie", a-t-il assuré.

La bataille ne semble pas gagnée. "Nous n'envisagerons de résoudre le cas de Shalit que si le problème des prisonniers palestiniens enfermés dans les geôles de l'occupant (Israël) est réglé", a affirmé un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.

Une majorité d'Israéliens (63%) se dit prête à accepter les conditions du Hamas --l'élargissement d'un millier de prisonniers politiques palestiniens, dont près de la moitié "a du sang israélien sur les mains"-- en échange de la libération de leur compatriote otage.

agences/bri

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Un kidnapping aux conséquences gigantesques

En réponse au kidnapping de Gilat Shalit en 2006, Israël a imposé le blocus de la bande de Gaza, renforcé en 2007 lorsque le Hamas y a saisi le pouvoir (après avoir remporté les élections législatives de 2006), puis assoupli il y a un an.

Un total de 64 parlementaires et membres du gouvernement Hamas ont été arrêtés. Des chefs et des infrastructures de sa branche armée ont été la cible de raids aériens.

Durant l'hiver 2008-2009, dans un contexte de tirs quotidiens de roquettes palestiniennes contre son territoire, Israël a lancé une dévastatrice offensive --baptisée "Plomb durci"-- contre le Hamas à Gaza, qui a fait 1400 morts palestiniens, dont la moitié de civils. Treize Israéliens ont été tués.

La capture du jeune tankiste a servi à Israël de prétexte pour infliger "une punition collective, via un embargo, la guerre, des assassinats, des démolitions de maisons, et en entravant le processus de réconciliation (entre le Hamas et le Fatah du président Mahmoud Abbas)", estime Moukhaimar Abou Saadah, politologue de l'Université al-Azhar à Gaza.

Israël paie aussi le prix de son échec à faire libérer Gilad Shalit depuis cinq ans, en dépit de sa puissance de feu et de sa capacité de mobilisation diplomatique. "Un fardeau moral et une défaite politique", selon le professeur al-Moudalal.

Toutefois, si le Hamas ne parvient pas à un échange avec Israël, il subira "un revers politique --à cause des milliers de tués, de blessés et d'emprisonnés pour rien-- mais aussi économique" en raison de la misère quotidienne à Gaza, souligne le journaliste vétéran israélien Avi Issacharoff, du quotidien Haaretz (gauche).