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Le Parlement grec a adopté le plan d'austérité

Une foule importante s'est rassemblée devant le Parlement grec. Des manifestants ont bouté le feu à une colonne. [Thanassis Stavrakis]
Une foule importante s'est rassemblée devant le Parlement grec. Des manifestants ont bouté le feu à une colonne. - [Thanassis Stavrakis]
Le Parlement grec a adopté mercredi sous haute tension un plan d'austérité crucial pour l'obtention d'une nouvelle aide financière internationale et la préservation de la zone euro, malgré une vive contestation dans la rue, inquiète des sacrifices qu'il implique.

Alors que la police continuait de procéder à des tirs de gaz lacrymogènes juste devant le Parlement où étaient rassemblés depuis le matin des manifestants opposés au projet, le plan a finalement reçu 154 voix socialistes, et une voix dissidente de droite sur les 298 députés présents (sur 300 sièges), selon un décompte officiel.

Intitulé "Cadre à moyen terme de stratégie budgétaire", ce nouveau plan pluriannuel d'austérité, dicté par l'UE, prévoit d'ici 2015 des économies budgétaires de 28,4 milliards d'euros et des privatisations chiffrées à 50 milliards. Pour 2011, l'effort supplémentaire est de 6,4 milliards.

Un député socialiste exclu

Le Premier ministre Georges Papandréou a obtenu les 155 voix des députés socialistes [KEYSTONE - Dimitri Messinis]
Le Premier ministre Georges Papandréou a obtenu les 155 voix des députés socialistes [KEYSTONE - Dimitri Messinis]

Depuis le matin, l'Europe entière avait les yeux braqués sur Athènes. Ce projet était été jugé obligatoire par les partenaires de l'Europe pour la poursuite de leur soutien financier, afin d'éviter un défaut de paiement de la Grèce et une mise en danger de la zone euro.

Un député socialiste, Panayotis Kouroublis, a voté contre le plan. Immédiatement après le vote, le Premier ministre Georges Papandréou a annoncé son exclusion du groupe parlementaire, ce qui réduit désormais à 154 voix sur 300 la majorité dont disposera le gouvernement socialiste, confronté dès jeudi à un nouveau vote crucial sur la loi d'application du plan-cadre voté mercredi.

Panayotis Kouroublis avait déclaré peu avant le vote qu'il ne "pouvait pas accepter le chantage" posé par la zone euro entre la faillite du pays et l'adoption du plan jugé "injuste". Son collègue socialiste Alexandre Athanassiadis qui avait, lui, indiqué auparavant publiquement qu'il voterait contre le projet s'est ravisé, affirmant avoir été "convaincu" par le discours du Premier ministre Georges Papandréou à la tribune.

Un vote salué en Europe

Les violences se sont encore accrues après le vote du parlement grec. [REUTERS - Yiorgos Karahalis]
Les violences se sont encore accrues après le vote du parlement grec. [REUTERS - Yiorgos Karahalis]

Le vote du plan d'austérité est une "nouvelle vraiment bonne", s'est félicitée la chancelière allemande Angela Merkel. Pour Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, c'est "un pas vital" fait par la Grèce pour s'éloigner d'un défaut de paiement.

Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a lui parlé d'un vote "historique", de mesures qui "aideront à rétablir la crédibilité financière de la Grèce". Le vote dégage "dès à présent" la voie pour le versement d'une nouvelle tranche d'assistance financière à Athènes, a ajouté le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.

Si la loi d'application est votée jeudi, les ministres des Finances de la zone euro doivent se réunir le 3 juillet pour décider du versement d'une cinquième tranche d'aide sur le prêt de 110 milliards accordé l'an dernier à la Grèce.

agences/boi

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Heurts, incendie et grève

Mercredi, la police a tiré des gaz lacrymogènes devant le parlement grec pour tenter de disperser des manifestants pourtant moins nombreux que lors de manifestations précédentes, mais beaucoup plus déterminés.

Des manifestants étaient arrivés très tôt pour tenter de s'opposer au moins symboliquement au vote du projet, en entourant le parlement.

Un incendie s'est déclaré à proximité du ministère des Finances en fin d'après-midi, au milieu d'affrontements entre groupes de jeunes et forces de l'ordre.

La grève générale de 48h perturbait par ailleurs pour la deuxième journée les transports aériens, immobilisant aussi les ferries dans les ports. Les banques et les pharmacies étaient fermées, le secteur public paralysé.