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Dominique Strauss-Kahn libéré sur parole

Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn sortent du tribunal le sourire aux lèvres. [REUTERS - Justin Lane]
Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn sont sortis du tribunal le sourire aux lèvres. - [REUTERS - Justin Lane]
Dominique Strauss-Kahn a été libéré sur parole par la justice américaine après une nouvelle comparution. Le juge a toutefois précisé que le dossier n'était pas clos. DSK est sorti de la salle souriant avec Anne Sinclair. La victime a menti sur le déroulement des faits.

Au terme d'une comparution surprise à New York, le juge Michael Obus a décidé de lever l'assignation à résidence de Dominique Strauss-Kahn et de lui retirer son bracelet électronique. Le procureur a également libéré la caution de 6 millions de dollars qui lui avaient été imposée. "Merci votre honneur", a simplement déclaré DSK.

Les poursuites pour tentative de viol et agression sexuelle, qui lui ont coûté sa place de directeur du FMI, ne sont toutefois pas abandonnées. Si l'ancien ministre français est maintenant libre de ses mouvements, la justice a néanmoins conservé son passeport et il ne peut regagner la France. La prochaine audience demeure fixée au 18 juillet.

DSK tout sourire

Le couple n'a fait aucun commentaire aux médias. [KEYSTONE - Justin Lane]
Le couple n'a fait aucun commentaire aux médias. [KEYSTONE - Justin Lane]

Dominique Strauss-Kahn a monté les marches du tribunal environ 40 minutes avant le début prévu de l'audience, en compagnie de son épouse Anne Sinclair. Après à peine dix minutes d'audience, le couple est ensuite sorti avec le sourire aux lèvres, sans faire de commentaire.

Les procureurs new-yorkais qui poursuivaient DSK ont émis des doutes sur les dires de la femme de chambre qui l'accuse d'agression sexuelle. Selon eux, la victime présumée a admis avoir produit sous serment un "récit erroné" des faits, omettant de préciser qu'elle avait nettoyé une autre chambre avant de dénoncer les faits incriminés.

Un des avocats de Dominique Strauss-Kahn, William Taylor, a évoqué après l'audience un "grand soulagement". Il est "important dans ce pays que les gens, en particulier dans les médias, s'abstiennent de juger avant que tous les faits" soient établis, a-t-il souligné. Kenneth Thompson, l'avocat de la victime présumée, a souligné que rien ne change sur le fond du dossier. "Il est clair que cette femme a commis des erreurs, mais cela ne signifie pas qu'elle n'est pas victime de viol", a-t-il déclaré.

Mensonges à plusieurs reprises

DSK lors de l'audience, entouré par ses avocats William Taylor (gauche) et benjamin Brafman (droite). [Allan Tannenbaum]
DSK lors de l'audience, entouré par ses avocats William Taylor (gauche) et benjamin Brafman (droite). [Allan Tannenbaum]

Selon le New York Times, qui cite deux enquêteurs, il ne fait pas de doute qu'une relation sexuelle a bien eu lieu entre l'ancien directeur général du Fonds monétaire international et la femme de chambre guinéenne de l'hôtel Sofitel à Manhattan. Mais "les procureurs ne croient pas grand-chose de ce que l'accusatrice leur a dit à propos des faits ni à propos d'elle-même".

Toujours d'après le NYT, les enquêteurs soupçonnent la femme de chambre d'être impliquée dans des activités criminelles telles que trafic de stupéfiants et blanchiment d'argent sale. Plusieurs individus ont déposé, au cours des deux dernières années, de l'argent liquide, pour un total de 100’000 dollars, sur son compte en banque.

Elle aurait aussi menti à propos de sa demande d'asile aux Etats-Unis, où elle vit depuis 2002. Lors d'une conversation téléphonique avec un détenu, "elle a discuté de l'intérêt de poursuivre les accusations" contre Dominique Strauss-Kahn, ajoute le quotidien. Rien ne permet cependant d'affirmer que l'ancien ministre aurait été victime d'une machination ourdie par des rivaux politiques, selon les enquêteurs cités par le New York Times.

agences/boi


LE PS ENTRE SOULAGEMENT ET EXPECTATIVE

La libération sur parole de DSK est "pour nous un intense soulagement", a déclaré le porte-parole du parti socialiste français Benoît Hamon.

Quant à savoir si Dominique Strauss- Kahn pourrait se relancer dans la cour se à la présidentielle française, le PS va attendre la comparution du 18 juillet "pour connaître les nouveaux développements de cette affaire".

Grand favori de la présidentielle de 2012, le socialiste DSK avait été mis hors-jeu par les accusations d'agression sexuelle. Les socialistes ont de puis lancé le processus des primaires qui doit désigner leur candidat.

"C'est un coup de tonnerre qui se produit, cette fois-ci pas dans le même sens", a pour sa part jugé l'ex-Premier ministre socialiste Lionel Jospin sur RTL. "Il faut s'interroger sur ce que sera la suite judiciaire de cette affaire, elle n'est quand même pas encore soldée", a-t-il ajouté.

Jean-Marie Le Guen, un député socialiste très proche de Dominique Strauss-Kahn, a jugé que l'ex-directeur du FMI serait "un acteur incontournable de la vie politique dans les mois qui viennent". "Tous ceux qui ont spéculé sur sa disparition politique maintenant devront compter sur une personne, je l'espère, qui sera bientôt libre de ses mouvements et qui pourra regarder les Français les yeux dans les yeux", a-t-il également déclaré.

Sans se prononcer sur une éventuelle candidature de DSK, l'ex-ministre Jack Lang a lui clairement souhaité son retour sur la scène politique française, en cas d'abandon des accusations. "Sa présence avec nous, auprès de nous, serait déterminante pour notre succès à l'élection présidentielle", a-t-il assuré.

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