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DSK est libre de ses mouvements

Dominique Strauss-Kahn fait la une des journaux américains samedi. [AFP - Jessica Rinaldi]
Les charges pesant contre Dominique Strauss-Kahn ne sont pas encore levées. - [AFP - Jessica Rinaldi]
Dominique Strauss-Kahn savourait samedi sa liberté retrouvée aux côtés de sa femme Anne Sinclair au lendemain des révélations sur la crédibilité de son accusatrice qui jettent un doute sur l'avenir des poursuites contre l'ancien directeur du FMI.

En décidant de lever son assignation à résidence à la demande du procureur, selon qui l'accusatrice a fait un récit "erroné" de l'agression présumée, le juge new-yorkais Michael Obus a déclenché un nouveau coup de tonnerre. Celui-ci a redonné le sourire à l'ancien favori des sondages pour l'élection présidentielle française.

La plupart des principaux journaux américains faisaient samedi leur Une sur ce rebondissement, le Washington Post montrant une photo d'un Dominique Strauss-Kahn jubilant en sortant du tribunal, le New York Times évoquant un "renversement stupéfiant".

Charges pas levées

DSK ne peut sortir des Etats-Unis, la justice ayant conservé son passeport car les charges à son encontre ne sont pas levées. Mais il n'a plus à porter de bracelet électronique et, surtout, il peut sortir de la prison dorée où il était cantonné depuis près d'un mois et demi: une luxueuse maison du quartier de TriBeCa, dans le sud de Manhattan.

Samedi matin, une cinquantaine de journalistes américains et français, équipés de chaises de camping et de parasols faisaient le pied de grue devant la maison, attendant une éventuelle sortie, a constaté un journaliste de l'AFP.

La veille, Dominique Strauss-Kahn a passé sa première soirée d'homme libre de ses mouvements dans un restaurant italien de l'Upper East Side avec Anne Sinclair et deux amis, entouré de gardes du corps.

Pour sa première soirée libre, Dominique Strauss-Kahn est allé dîner dans un restaurant huppé, et est sorti par une porte dérobée. [Allison Joyce]
Pour sa première soirée libre, Dominique Strauss-Kahn est allé dîner dans un restaurant huppé, et est sorti par une porte dérobée. [Allison Joyce]

Au menu: pâtes aux truffes noires, vin rouge italien et "cheese cake". "Il avait l'air de très bonne humeur. Sa femme, très belle, rigolait; elle a l'air très drôle. Le sourire sur son visage m'a remplie de joie. Quand ils sont arrivés, un couple les a reconnus et s'est levé pour les saluer et leur souhaiter bonne chance", a raconté Silvia Grottola, une Canadienne interrogée par l'AFP à sa sortie de l'établissement.

S'il a désormais le droit de s'adresser à la presse devant laquelle il est apparu très souriant, il n'a pas dit un mot. Il s'exprimera "à son retour en France" lorsqu'il "sera lavé de tout soupçon", selon son avocat français, Jean Veil.

Onde de choc en France

En France, l'annonce de la libération de DSK a créé une nouvelle onde de choc chez les socialistes alors que le processus de la primaire qui doit permettre de désigner un candidat du PS à la présidentielle vient d'être lancé.

Le dossier "n'est pas clos", a prévenu vendredi le procureur new-yorkais Cyrus Vance. Dominique Strauss-Kahn reste poursuivi de sept chefs d'accusation qui peuvent en théorie lui valoir 74 ans de réclusion criminelle. La prochaine audience reste fixée au 18 juillet.

Mais dans un pays où le mensonge est un délit, la crédibilité de la femme de chambre du Sofitel qui l'accuse de l'avoir violée, s'est envolée. Contrairement à ce qu'elle avait d'abord dit à la justice sous serment, elle a, après l'agression présumée dans la suite 2806, nettoyé une chambre voisine puis est retournée dans la suite avant de rapporter l'incident à son supérieur.

"Ce type a de l'argent"

Le New York Times a détaillé samedi le contenu d'une conversation téléphonique qu'elle a eue au lendemain de l'agression présumée avec son petit ami, soupçonné d'être un dealer et détenu en Arizona (sud-ouest). "Elle dit en gros +Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent. Je sais ce que je fais+", selon une source policière citée par le quotidien.

C'est en écoutant cette conversation que le doute s'est instillé chez les enquêteurs. Même l'avocat de la femme de chambre, Kenneth Thompson, a admis que l'affaire paraissait compromise et que le procureur avait posé les "fondements d'un non-lieu".

Il a cependant maintenu les accusations de sa cliente, assurant qu'elle n'avait pas "changé un seul mot" à sa version des faits. Il a précisé avoir "des preuves matérielles" des crimes sexuels reprochés à l'ancien ministre. "Elle pourrait avoir dit la vérité, mais il est désormais difficile d'imaginer un jury condamnant M. Strauss-Kahn", selon Alex Reinert, professeur de droit pénal à l'Université Yeshiva de New York.

Aussi vite qu'ils s'étaient employés à accabler DSK, certains tabloïds américains n'hésitaient pas samedi à accuser la femme de chambre de 32 ans de tous les maux.

agences/lan

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